16 avril
Nous arrivons à Xi'an après une nouvelle nuit de train-couchette sans accrocs. Pour une fois nous sommes bien organisés, et il y a même quelqu'un pour nous accueillir à la gare, et nous amener à l'hôtel. Du coup nous n'avons pas le temps d'acheter notre billet de train pour Beijing : nous n'avions pu le faire avant, car en Chine on ne peut pas acheter de billet de train partant d'une autre gare que celle où vous êtes - oui c'est stupide, ça veut par exemple dire qu'il est impossible d'acheter un aller-retour !
Nous nous disons que nous irons le chercher plus tard, sans savoir que cette décision sera lourde de conséquences. A suivre...
L'auberge de jeunesse, qui est probablement la moins chère de Chine (1€ par lit par nuit par personne), est un délice pour les yeux : une petite cour chinoise en longueur, entourée de balcons ouvrant sur les chambres. Pour un peu, on verrait Michelle Yeoh et Jackie Chan sauter des fenêtres pour se battre entre les touristes. Sans oublier que le personnel est adorable.
Déception culinaire et jus de raisin
Nous partons à l'assaut de la ville, avec pour intention ferme de visiter le quartier musulman. Alors qu'il est l'heure de déjeuner, nous passons devant un restaurant qui nous avait été chaudement recommandé par N, un ami qui avait vécu à Hong-Kong, comme le meilleur restaurant de raviolis chinois. Je suis absolument enchanté à l'idée de manger là, car cette idée m'avait aiguillonnée dans les pires moments de solitude en Chine : je me disais "ah c'est dur ces Chinois sont insupportables, mais à Xi'an m'attend un restaurant de raviolis chinois incroyable".
Bon. Je pense que nous nous sommes trompés de restaurants. Il y avait au rez-de-chaussée la cantine pour touristes, avec pas beaucoup de choix, et le restaurant incroyable avec des raviolis à la tortue en forme de tortue était paraît-il en haut. Ca n'enlève rien au fait que c'était pas gratuit, pas bon, pas sympathique. Aglaé a eu envie de vomir toute l'après-midi. Je m'en voulais à mort.
Notre humeur s'est nettement amélioré lorsque nous avons atteint le quartier musulman. A l'époque de la route de la Soie, les caravanes turques avaient essaimé leur religion (l'islam) tout le long de leur trajet, et notamment dans le Xinjiang (région des Ouigours, à l'extrême Ouest du pays), et à Xi'an. Les musulmans y restent encore nombreux. Sous une lumière dorée de fin d'après-midi, nous arpentons les grandes rues du quartier musulman.
Les visages sont toujours chinois, la langue est toujours chinoise, mais... il y a un changement net. Les étals des marchés à souvenirs sont tendus de toiles et d'écharpes qui les font ressembler à des souks, des petits vieux se promènent avec des petits carrés blancs sur la tête, comme les imams, les femmes sont voilées (pas de burqa, je vous rassure), on vend de la viande un peu partout. Une atmosphère définitivement arabo-musulmane s'est installée autour de nous, et nous ne sommes pas surpris de voir qu'un peu partout on vend des brochettes d'agneau (d'aillerus délicieuses). Il faudra attendre des musulmans de Pékin pour manger un kebab, mais nous y sommes quasiment.
Nouvelle expérience culinaire, plus probante cette fois : après être passés devant une trentaine d'étals produisant un liquide noir étrange, et après avoir éliminé la possibilité qu'il s'agisse de vin (islam oblige), j'essaie. Comme toute expérimentation dans ces pays, vous êtes motivé mais effrayé, vous approchez votre nez, votre bouche, votre main. C'est terrifiant, quel suspense, vais-je adorer ? Vais-je tout vomir ?
Ah... c'était juste du jus de raisin... Quelle honte... M'enfin, c'était si bon que j'en ai repris trois.
Mosquée bouddhiste, ou temple musulman, c'est selon
Après s'être perdus douze fois (nous sommes bien dans un quartier musulman), nous trouvons l'objet de notre visite, la Grande Mosquée. Ce sont nos retrouvailles avec le monde musulman depuis l'Inde du Nord, quelques mois auparavant. Et pourtant, aucune impression de retour en arrière : absolument unique, la Grande Mosquée de Xi'an n'a rien de l'architecture habituelle arabe, mais a tout du temple chinois. Un très beau temple chinois cependant !
En fait, cette mosquée ressemble beaucoup au Temple de la littérature que nous avions visité à Hanoi : une organisation de jardins tout en longueurs, jusqu'à arriver aux principaux bâtiments, tout au fond, après une série de petits pavillons délicats.
Il est assez fascinant d'observer les stèles de la mosquée, où entrent en compétition la calligraphie chinoise d'un côté, et la délicate calligraphie arabe de l'autre. Notre visite se fera en même temps que celle d'un groupe de jeunes Français, dont la particularité est d'être quasiment tous d'origine chinoise. C'était assez drôle de voir une trentaine d'ados chinois parler le Français le plus habituel pour des ados ("oh trop énorme le truc, t'as vu la meuf, trop bonne, c'est clair, trop abusé").
Le soir, affamés, nous entrons un peu par hasard dans un restaurant-cantine minuscule et enfumé. Par un miracle encore inexplicable aujourd'hui, ils avaient d'un côté un menu en anglais, de l'autre des plats vraiment très bons. Sans parler de la petite serveuse timide, qui faisait tous les efforts du monde pour se rappeler ses quelques mots d'anglais, et comprendre mes quelques mots de chinois. Une ambiance intime et adorable, dont nous nous souviendrons assez pour vouloir y retourner tous nos soirs à Xi'an !
Demain si vous êtes sages, la célèbre armée enterrée de Xi'an.
Et bé c'est biengue tous ces articles et photos!
RépondreSupprimerMais il faudrait prévenir tous vos correspondants et souteneurs que ça a repris, car je vois pas qui pourrait le deviner et c'est dommage, car c'est super intéressant et bien écrit comme d'hab.
Très chère Momycharly, il suffisait d'être sur Facebook, où votre fils (et votre belle-fille, enfin plus ou moins) nous font savoir trois fois par jour qu'ils attendent nos commentaires quant à leurs nouvelles aventures.
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