lundi 29 décembre 2008

Telegramme : Inde stop

Bonjour, joyeux Noel et bonne annee a tous nos lecteurs

Voici un petit message express qui rompt la chronologie de notre narration pour revenir au present de l'ecriture du blog : demain matin nous traversons la frontiere entre l'Inde et le Nepal. L'Inde et ses mille senteurs desastreuses, ses temples et palais extraordinaires, c'est fini! Et hop pour notre premier mois de voyage !

Vous aurez bientot le recit de la fin, don't worry.

Merci a tous ceux qui commentent le blog, nous lisons leurs messages, pas toujours signes, avec un eternel sourire et parfois quelques rires.

Namaste !

Aglae et Charly

samedi 27 décembre 2008

Faux pretres et vrais gourous a Pushkar

Lever tot pour retrouver Clara autour d'un petit dejeuner, qui mettra 45 minutes a arriver (3 toasts chacun), duree classique, a laquelle nous ne savons pas comment echapper (en payant plus peut-etre ?).

Le temps de montrer a Clara le delire jain susmentionne, nous sautons allegrement dans le premier bus pour Pushkar, ville jumelle, miroir d'Ajmer : si notre premiere etape est une ville sacree pour les pelerins musulmans, Pushkar est une ville sacree hindoue, comprenant de nombreux ghats (acces a un point d'eau sacree, comme le long du Gange, ou les fideles viennent se laver et deposer des offrandes), et environ 200 petits temples blottis autour d'un somptueux lac.

Agression caracterisee
Enfin somptueux... Nous etions tout contents d'atteindre le lac, et de decouvrir une petite ville blanche gorgee de soleil, assoupie a ses pieds, nous sortons les appareils photos, quand une horde de "pretres" nous accoste. Faux-pretres bien entendu : ils sont habilles en jeans et en T-shirts, nous plantent des fleurs dans les mains en nous demandant d'aller les jeter dans l'eau.

Pour se debarrasser d'eux, car ils deviennent vraiment encombrants, nous allons jeter les fleurs. Mais eux veulent nous consacrer, et surtout nous refiler une ficelle en tissu miteux, a s'enrouler autour du poignet, un passport pour avoir l'acces aux ghats. Un rapide coup d'oeil au guide nous apprend qu'une horde de faux pretres et de vrais pretres vous feront payer des sommes astronomiques pour benir toute votre famille, avant de vous laisser tranquille.

Nous refusons, comme l'indique le guide. Ils se mettent a nous insulter, la premiere fois que ca arrive en Inde, deviennent tres agressifs, nous annoncent que les photos sont interdites et qu'on deshonore leur religion (faux, d'autant plus qu'en jean et polo, on savait pas trop leur religion, si ce n'etait celle du fric).

Nous battons en retraite dans la vieille ville, tres remontes et, pour ma part, assez pret a repartir illico vers Ajmer. Mais nous perserverons, visitons des temples calmes, nous faisons harceler par les rabatteurs et les marchands, car Pushkar est envahi de touristes blancs. Nous faisons un gracieux tour du lac, toujours harceles par les pretres qui nous insultent a chaque fois que nous mettons un pied sur les ghats, puis echouons dans un restaurant sympathique, autour d'une cour ombragee, ou nous mangeons les meilleures pates sauce tomate possible (hors en Italie, bien entendu, et encore).

Passeport vers la liberte

Clara, qui ne pouvait manger QUE de la cuisine indienne a Ahmedabad, est au bord des larmes de joie. La serveuse nous propose des massages, du henne, et nous demande si nous voulons des chambres dans son hotel : impossible d'etre tranquille, mais elle et ses petits enfants mignons nous restent tout de meme tres sympathiques.

Et surtout, a la fin du repas, elle nous offre les fameux bracelets, nous indiquant que cela nous permettra d'eviter d'etre harceles. Nous respirons, et sommes prets a la prendre dans nos bras. Elle nous demandera quand meme de l'argent pour les enfants mal eduques. Vrai ou faux, nous lui donnons quelques roupies avec plaisir.

Et la nous pouvons enfin commencer a prendre du plaisir. A peine nous atteignons les ghats maintenant inondes de lumiere hivernale de fin d'apres-midi, et voila qu'un gros con de faux pretre se met a nous invectiver de loin. Et la, tels des super heros, Clara, Aglae et moi descendons nos manches de chemises : ah ah, tel l'insecticide sur le moustique, le pretre se calme et s'eloigne prestement.

Non je rigole, certains restent et nous parlent pendant des heures de choses dont nous n'avons rien a faire dans un anglais marmonne, alors que nous voulons sentir le calme intense des lieux (GO AWAY, you understand, GO AWAY!). Nous croisons meme un baba europeen, peut etre francais, qui leur demande des explications ("Why do you do this?"), entreprise on le sait deja vouee a l'echec.

Today is lucky day
Et au moment ou nous nous y attendons le moins, le miracle tant attendu arrive, notre premiere veritable rencontre mystique, celle peut-etre qui nous a sauve de la conversion a l'islam que brandissait Aglae a Delhi. Au bout du lac, un vieil homme nous fait signe de facon energique qu'il faut enlever nos chaussures, et nous soufflons deja de lassitude. Nous nous executons, puis il nous force a monter dans son espece de kiosque blanc ou la vue sur le lac et les ghats est splendide. Combien va-t-il nous demander, et sous quel pretexte ?

L'homme, coiffe d'un chapeau rouge etonnant (tellement rouge qu'il nous a dit que ca s'appelait un pagri), nous force litteralement a multiplier les photos de lui, de nous avec lui, par deux, trois, puis il nous prend en photo, par deux, par trois. Rapidement, nous comprenons qu'il s'agit juste d'un homme tres gentil qui voulait nous rencontrer.
Il nous explique qu'il vient ici tous les ans pour le 11 du mois indien, car c'est la pleine lune et que c'est un very lucky day. Son nom est extraordinaire et resume son etre : Maharadjah Shiva... le Seigneur Shiva. Rien que ca, le mec.

Il s'agissait d'un vendeur de chaussures d'Ajmer, la ville voisine d'ou nous venions, mais, apres nous avoir donne tres serieusement des noms indiens , il nous a revele qu'il etait aussi gourou, a ses heures perdues. Si un probleme arrive dans nos vies, c'est simple, nous a-t-il dit : on lui ecrit un mail en regardant tres fort les photos qu'on a faites de lui, et, tres gentiment, il nous a promis de mediter sur nos soucis, et que tout sera regle rapidement.

Pas d'argent, rien. Juste du bonheur. Oui, je sais, vous reclamez deja nos noms indiens. J'ai oublie celui de Clara, qui voulait dire REVE, mais sachez que dorenavant Aglae et moi nous appelons respectivement Chandraa et Shashi, soit Mme Lune et M. Lune. Sans blague. Ca va fermer le clapet a ceux qui nous reprochaient d'etre dans la Lune : Nous Sommes la Lune ! ah ah

Sans blague, Maharadjah Shiva etait d'une douceur et d'une gentillesse a pleurer. Il nous a mis en garde contre les perils de Jaipur et de Pushkar, et contre les perils de la vie tout court, nous a souhaite bien des enfants a Aglae et moi (non vraiment, en plein voyage, ca serait complique, monsieur Shiva), a multiplie de vibrants eloges de Clara, chanceuse parce qu'elle etait gauchere, nous a donne son mail, etc.

Nous revenons guillerets vers Ajmer, dans un bus bonde, apres un rapide passage dans un temple Sikh etonnant (on a collecte une brochure passionante : Mais qui sont les Sikhs ?), et nous prenons un nouveau bus pour Jaipur.

Nous decouvrons alors qu'etre a l'arriere d'un bus indien dont les amortisseurs ne sont qu'un souvenir n'a rien a voir avec le confort des bus de l'Inde du Sud, sans parler de l'etat des routes du Rajasthan, region particulierement pauvre. En bref, nos fesses se sont sacrement aplaties. En plus il fait nuit, donc le paysage est inexistant. Le trajet de trois heures nous apparait cinq, mais devant nous, la promesse de la Mecque du tourisme qu'est Jaipur nous permet de tenir.

Ajmer, foule oppressante et decouvertes mystiques

Nous partons d'Udaipur a l'aube pour rejoindre Ajmer en train. En chemin, nous discutons avec un etudiant ingenieur sympathique, tres beau mais au regard etonnament triste. Notre hotel est sommaire mais propre; le resaurant sert des thalis, ces fameux repas vegetariens pas cher, tres bons et ... epices!

L'or des Jains
A cote de notre hotel, un temple jain, religion minoritaire mais influente ici. Nous decouvrons une maquette entierement doree representant l'univers tel qu'il est decrit dans cette religion. Il y a des palais merveilleux, une espece de tour de Babel, des processions d'elephants, de musiciens et de danseurs et surtout des bateaux volants en forme de cygnes et d'elephants! Le tout dans une immense piece doree elle aussi, un vrai mirage! (Charles dit "un gros delire, oui")



Difficile d'etre bucolique!

Nous nous promenons dans ce qui aurait pu etre un charmant parc avec des pavillons en marbre donnant sur un lac miroitant entoure de hautes collines. Oui mais: il y a des sans-abris qui dorment sur les pelouses, jonchees de plastique, des enfants mendiants, des vieilles clochardes qui nous poursuivent avec des mouvements de cannes et des gens qui veulent absolument etre pris en photo a cote de nous (un grand classique, nous n'avons toujours pas compris ce qu'ils font des cliches par la suite!). Nous finissons par trouver un endroit un peu en retrait pour pouvoir contempler le lac en paix!



La folie soufie

Nous nous perdons ensuite dans la vieille ville, tres tres animee. La foule se fait de plus en plus dense a mesure que nous approchons de notre but: la tombe d'un saint soufi. Les pelerins affluent de toute part. A l'interieur du site regne une grande ferveur: des hommes chantent en ourdou, des femmes a genous secouent violement leurs cheveux et leur tete en signe de penitence (alors que toutes autres femmes, y compris moi, sont voilees). Nous nous risquons a approcher du tombeau et la tout s'emballe: un pretre nous pousse dans la foule qui s'agglutine pour nous benir a tout prix (contre de l'argent) . Nous finissons par reussir a sortir: un peu oppressant comme experience mystique!


Nous nous refugions plus au calme dans les ruines d'une mosquee (eh oui, encore, mais c'est la garantie d'un havre de paix). Des hommes viennent y prier avec ferveur au coucher du soleil.



Une compagne de route pour les prochains jours!

Nous allons ensuite chercher a la gare Clara, la coloc d'un ami de Charly qui est en echange en Inde (Ahmedabad) pour 6 mois dans une universite de design. Nous allons passer quelques jours ensemble pour Noel.

Nous sommes maintenant 3 pour affronter de nouvelles aventures!

Udaipur, pas contre

Le trajet en train depuis Delhi etait eprouvant. Absolument eprouvant. Nous croyions que notre classe etait la meme que pour le voyage precedent ou, blattes mises a part, le voyage avait ete plutot confortable, mais il y avait une petite difference, que nous n'avons meme maintenant pas tout a fait comprise.

En gros les banquettes etaient plus petites, moins confortables, aucun drap n'etait fourni, les fenetres fermaient mal et laissaient le froid rentrer, et surtout il n'y avait plus de porte entre les wagons. On etait donc en direct live avec les toilettes.
Autre probleme, une bande de jeunes survoltes a passe la nuit a chanter des chansons populaires indiennes. Mignon, non ? Oui mais ca a dure quasiment toute la nuit, et les rires, et les cris. Encore plus de vendeurs hurlant "qui veut mon the ?" a chaque arret dans une station, meme en pleine nuit, ont fait que notre nuit ressemblait aux pointilles du papier toilettes qui commencait a s'amenuiser au fur et a mesure que la tourista, qui nous avait jusqu'ici miraculeusement echappe, commencait a nous gagner.

Emmitoufles dans nos sacs de couchage, nous avons tellement dormi comme des zombies que c'est uniquement en arrivant dans la gare d'Udaipur, 14 heures apres notre depart, que nous avons compris que nous etions arrives. Si ca n'avait ete le terminus, nous aurions ete bons pour reprendre un train dans le sens inverse a la prochaine station.

Il etait 9 heures du matin, nous etions detruits, la fievre me terrassait, Aglae toussait de plus belle, nous avions faim et froid, mais, ENFIN, nous etions au fond du Rajahstan, le pays des Touristes, si connu et si emprunte par les tours operateurs !

Enfin bon, nous avons quand meme miserablement echoue dans notre chambre d'hotel. A peine le temps de remarquer que celle-ci, fort charmante et peinturluree de motifs floraux assez sympa, etait sise dans une vieille haweli, cour arabisante du coin, aux murs blancs et aux portes aux formes orientales, et paf, nous sombrons dans le sommeil le plus morbide. A notre reveil, ma temperature gagne les 38 degres et repart avec un prix, a savoir deux nouvelles heures de sommeil.

Remonter la pente, et la descendre jusqu'au lac

Apres l'ingestion d'environ 15 grammes de paracetamol, je gravis, derriere Aglae, les marches jusqu'au toit de l'hotel, decidement charmant. Et la c'est le choc : un immense lac s'etire autour d'une vieille ville coloree. Autour de ce lac, d'immenses palais de Maharadjahs, des villas de riches bourgeois de ces temps-la pavoisent les unes a cote des autres, aujourd'hui toutes transformees en roof tops restaurants. Et au milieu de ce lac, comme deux taches d'encre blanche sur une feuille bleue, deux iles transformees en palais rajpuths des milles et une nuits, Lake Palace et Jasmandir.

Pour ceux qui ont vu Octopussy, ils auront vu James Bond s'y promener. Pour les autres, comme vous et moi, il vous suffira de savoir que c'etait epoustouflant. Ca nous a donne la force de nous requinquer, de boire et manger, et de partir dans la ville pour ce soir et le lendemain. Le soleil, qui n'etait pas de la partie le jour de notre arrivee, s'est manifeste le lendemain, au fur et a mesure que notre sante s'ameliorait (mais pas la tourista, bien entendu). Nous avons meme fait des tours sur le lac en bateau, et la vieille ville fait souvent penser a Venise. Le palais du Maharadja est gigantesque et magnifique: murs incrustrees de miroirs, vitraux, marbres ciseles et lustres en crital a tout va...

Un peu triste : le Lake Palace ne se visitait pas, puisque c'est un hotel de luxe absolu, ou la chambre vaut 200 dollars la nuit. Nous avons prefere nous en passer et payer 30 fois moins pour notre charmante petite maison d'hote.

Kingstown India

Ce qui nous a fait bien marrer, sinon, c'etait peut-etre le resto ou on est alles deux fois. Rien que le nom, hein : le Cool Restaurant. On y est alle par hasard, parce qu'on avait faim, et que c'etait le seul machin ouvert. Et la on decouvre l'ambiance la plus bizarroide du monde : sous un deluge de Bob Marley, deux belles et tres jeunes Occidentales affalees sur des coussins, par terre, entourees d'une horde de jeunes Indiens bien coiffes qui les draguaient a mort - quand je dis a mort, c'est-a-dire qu'il y avait toujours trois personnes en train de leur parler, et que parmi ces trois personnes, deux au moins etaient les serveurs dont nous essayions en vain d'attirer l'attention.

Tout le monde etait cooooool, gentil, les plats arrivaient mais de facon coooooooooooool (lente, quoi), comme toujours en Inde, on essayait de nous parler en francais etc. Le premier soir, nous avons laisse ces filles seules en partant, et ils avaient l'air de fermer derriere nous : j'etais rassure de les revoir le lendemain, visiblement aucune tournante n'avait eu lieu (ou bien elles en redemandaient). Mais le lendemain il y avait aussi une belle armee de roots, longue barbe, habits soigneusement salis, vetements indo-cools et regards broussailleux en prime.

Babas, les rois des elephants

Les babas-cool en Inde, les troubadours comme les appelle Clara, qui nous a rejoint quelques jours plus tard, c'est toute une histoire. Je vous promets c'est delirant. Au choix, vous avez les femmes qui ont coche la case "experience mystique" dans leur agence de voyage, et qui se promenent, le visage peinturlure de facon ridicule (chez les hindous, ca passe mieux quand meme), qui portent des saris de mariage toute la journee, joignent les mains pour dire namaste a des gens du coin en jean et T-shirt qui rigolent doucement.

Mais les meilleurs sont les authentiques babas comme ceux du Cool Restaurant. Il y a ceux qui sont restes coinces dans les annees 70, qui ont vieilli, et qui se promenent maintenant avec barbes blanches et os rouilles a travers un pays qui s'est trop developpe ; moins triste, plus drole, il y a ceux qui auraient bien aime y etre, dans les annees 70, et qui se trimballent le joint aux levres, un vieux sac a dos a la main, des fringues a mourir de rire sur le dos, des barbes plus longues que notre trajet en Asie.

Plus grave, je me demande comment ils arrivent, eux qui parlent de paix et de monde sans argent, a s'accomoder de la marchandisation des touristes qui a lieu en Inde : pour 99 pour cent des gens ici, l'Occidental, et encore plus le roots, n'est qu'un porte-monnaie, qui lui apportera de l'argent contre des joints, des sacs a couchage pourris, des verroteries roots, et des habits de babas cools qu'il exhibera fierement a son retour, fier de pouvoir dire "j'ai ramene ca d'Inde", honteux au plus profond de lui de ne pas dire que la-bas, il n'a pas trouve de societe alternative, mais juste un enfer capitaliste, ou il a decouvert qu'il n'etait qu'un Occidental de plus, et que le seul moyen de trouver des gens cool, c'etait de payer.

En fait, souvent je suis triste quand on croise les babas. Ca devait etre cool, il y a trente ans, quoique, les enfants mendiants etaient deja la, non ? Ca les genait pas ?

En tout cas, je le repete, Udaipur, magnifique.

Les enfants ou le double visage de l'Inde

Une chose nous a frappe des notre arrivee: les enfants sont vraiment tres beaux dans ce pays. Ils sont toujours surexcites et souriants. Que ce soit pour un sourire timide, nous parler dans un anglais hesitant ou nous poursuivre en hurlant joyeusement "hello, hello, hello", c'est a chaque fois un pur moment de ravissement. En particulier dans les endroits peu touristiques, les enfants semblent toujours heureux de nous voir et sautent de joie si nous leur adressons un "namaste" (bonjour en Hindi). Sans parler des bandes d'enfants qui se poussent devant l'appareil pour que nous les prenions en photo. Dans les trains et les bus bondes, les mamans qui doivent rester debout vous mettent sur les genoux leur bebe, ce qui tout de suite egaye le voyage.



Si tous ces visages nous ont conquis, il y en a d'autres qui nous hanteront encore longtemps: ceux des enfants mendiants, noirs de crasse. En haillons poussiereux, ils nous ont poursuivi a Delhi, Agra ou Ajmer, avec des regards hagards, mettant leur main a la bouche pour montrer leur faim. Ceux qui se trainaient par terre avec une serpillere dans le train de nuit m'ont fait fondre en larmes, nous en avions deja tellement vu a Delhi... A Ajmer, un garcon d'une dizaine d'annees riait d'un rire atroce en nous suivant, il nous a litteralement terrifies. Fou, drogue?

Sans parler de tous les enfants qui travaillent partout, dans les restaurants, dans les magasins, portant de lourdes charges dans la rue. Rien de nouveau, mais entre le savoir et le voir au quotidien, il y a un pas certain.



Ces sourires et ces grimaces refletent parfaitement notre sentiment a propos de ce pays: pour profiter de toute sa beaute, il faut reussir a s'endurcir face a la misere, la crasse et la mendicite. Nous avons a peu pres reussi, mais la lassitude guette des que la fatigue pointe... Heureusement, il y aura toujours un gosse pour nous sourire a ce moment la!

Nouvelles photos de Marius

Marius dans les pattes d'un lion a Mamallapuram

Marius fait l'idiot dans les bras d'un dieu-taureau

Aglae tire les oreilles de Marius


Aglae fait un tour a dos d'elephant a Pondichery




Marius sirote un the a Mamallapuram



vendredi 26 décembre 2008

Conquis par les Moghols! Delhi, 3e acte

Le magicobus
Recemment conquis par l'architecture musulmane, nous decidons de tenter une expedition vers le site lointain (Delhi c'est tres grand) de Qutb Minar : des ruines d'un palais moghol. Evidemment, en tant que routards, nous decidons de snobber les taxis et rickshaws trop onereux et de faire comme souvent: prendre le bus. Si prendre le bus entre 2 villes n'est pas toujours simple, comprendre le fonctionnement des bus a l'interieur de la ville est une mission impossible. Mais premier signe encourageant: nous voyons des arrets de bus avec un nom ecrit dessus - pour la premiere fois en Inde. Il nous faut quand meme demander a 20 personnes differentes et faire trois fois le tour d'un grand carrefour avant de trouver le bon bus, car, pas de chance, la il n'y avait pas d'arret (!)


Coup d'oeil sur New Dehli
Nous essayons ensuite deseperement de suivre le trajet erratique de notre bus sur notre petite carte du Lonely Planet pour savoir quand sauter du bus en marche. Nous traversons ainsi New Delhi, l'exact contraire d'Old Delhi: de grandes avenues larges, bordees d'arbres, de divers musees, batiments officiels et maisons classes, dans lesquelles il n'y a quasiment personne (si si c'est vrai!), et (encore plus incroyable) avec des panneaux "interdit de klaxonner". Pas de doute, les British sont passes pas la...

Du calme et des merveilles
Nous reussissons a descendre au bon endroit grace au minaret de 80m de haut, qui tel un phare, nous a guide dans cet ocean urbain. Les ruines sont envoutantes, au milieu d'un jardin CALME et PROPRE. Les murs, les portes et les colonnes du palais et la mosquee sont merveilleusement sculptees d'arabesques et de calligraphies, la pierre jaune resplendit au soleil. C'est un vrai plaisir d'errer dans ce lieu. Le haut minaret est une tour de dentelles de pierre qui s'affine en montant vers le ciel.



Bien decides a profiter de Delhi a fond, une fois revenus nous allons encore nous promener dans un fort au bord d'un lac enserrant un jardin et de belles ruines, dont une jolie tour octogonale (forme geometrique tres utilisee par les moghols) qui semble etre le point de rendez-vous des couples, qui se tiennent par le main et s'enlacent: du jamais vu en Inde!

Au bord d'une route bondee, en passant par une petite porte entre-ouverte, guides par un veillard barbu, silencieux et au visage plein de bonte, nous avons decouvert un endroit secret: une vieille mosquee ou regnait un calme olympien.



Nous finissons cette journee ereintante en beaute par le tombeau d'Humayun. On passe de grandes portes et, tout a coup, on debouche sur un grand jardin au milieu duquel trone un tombeau gigantesque. C'est une sorte de mini Taj Mahal de pierres rouges et blanches, avec des incrustations de pierres colorees. Je ne m'attendais pas a tant de beaute et avec le coucher du soleil en prime, j'avoue etre completement emerveillee!



How I met Vincent Cassel

Nous allons a la gare conduits par un chauffeur de rickshaw qui ressemble follement a Vincent Cassel: meme yeux bleus (nous en deduisons qu'il est Afghan), memes traits, meme cigarettes au bec que dans Mesrine et memes expressions du visage: incroyable!



Allez, c'est reparti pour le train de nuit!

Les cafards sont nos amis, il faut les aimer aussi...

mardi 23 décembre 2008

Nous allons nous convertir a l'Islam! Delhi, 2e acte

Les Indiens ont un petit cote suisse...

Nous voulions partir tot a l'assaut de Delhi. Mais en Inde, il est impossible de petit-dejeuner (ou de manger) vite: on met systematiquement 30 a 45mn pour vous apporter vos deux toasts a la confiture et votre the. Exactement le meme temps que lorsque vous commandez un poulet au milles epices cuit au four! C'est incomprehensible mais rien n'y fait, c'est meme marque sur tous les menus: "minimal time order 30mn". Nous achetons donc souvent de la nourriture aux marchands ambulants dans la rue. Nous avions commence prudement avec des chips et des bananes, nous degustons maintenant (presque) sans crainte divers beignets sales, des pommes de terres roties aux epices, des gateaux frits tres tres sucres (que j'aime donc tres tres beaucoup!) et autres gourmandises...


Fourmilliere et merveilles architecturales musulmanes

Nous nous perdons a moitie dans Old Delhi. C'est un capharnaum incroyable : un flux incessant de personnes et de vehicules de toutes sortes se faufile entre des maisons delabrees reliees entre elles par des miliers de fils electriques. Quand on est concentre pour se frayer un chemin dans la foule tout va bien, mais si on s'arrete et que l'on regarde passer ce flot, ca donne le vertige!

Nous finissons par approcher de notre but, l'immense mosquee Jama Masjid, au coeur de la vieille ville. C'est gigantesque et splendide, mais c'est un lieu qui se merite. Il faut avant cela echapper a une foule de mendiants qui assaillent les pieux musulmans comme les infideles. Beaucoup ont des malformations ou des membres manquants, il y a aussi des petits enfants qui vous suivent pendant de longues minutes. L'un d'entre eux, un bras cache dans son echarpe, s'est notamment dirige vers Charly, un sourire aux levres, avant de lui exhiber un membre tout deforme et sans main, en lui demandant de l'argent et du pain.


Mais une fois les marches de la mosquee montees et l'immense porte franchie, c'est l'emerveillement: devant les 3 domes et les 2 minarets s'etend une immense cour d'un calme. I apres tant d'agitation. Des femmes aux saris chatoyants discutent a l'ombre des arcades, quelques enfants jouent, des hommes font leurs ablutions dans le grand bassin miroitant, d'autres prient au milieu des flots de pigeons... Nous n'avons plus envie de partir de ce lieu magique et serein, baigne de soleil.

Nous errons encore un peu dans le marche aux epices, dans un temple jain ou il y a un hopital pour oiseaux (car pour cette religion, tout forme de vie est sacree) et nous offrons un chai (prononcez "tchaie", du the au lait et aux epices). C'est delicieux! (ceux qui ont eu le malheur de manger souvent a mes cotes ne manqueront pas de remarquer avec stupefaction que je goute des dizaines de choses nouvelles...)

Nous decouvrons aussi le Red Fort, symbole de la ville ou flotte fierement le drapeau indien. De grandes murailles rouges ornees de belles tours et de portes gigantesques enserrent les ruines d'un palais moghol. Dans un jardin un peu a l'abandon sont disposes des pavillons de marbres blancs finement sculptes. Au hasard d'un coup d'oeil au plafond, on decouvre des restes de mosaiques multicolores, d'arabesques dorees ou de fleurs peintes. C'est notre premier contact avec l'architecture moghole et nous sommes conquis. Decidement, les musulmans ont erige des merveilles, nous songeons a nous convertir!




De la crasse, encore de la crasse, toujours de la crasse

Avec A. on se demandait serieusement, il y a quelques jours, comment les photographes qui reviennent d'Inde font pour montrer de l'Inde des photos si colorees, si propres, si nickel chrome, sans inclure dans leur cadre une seule goutte de crasse.

L'Inde est sans conteste l'un des pays les plus sales du monde. Pour preuve directe, au moment ou j'ecris ce message, une souris est en train de passer sous les pieds dans le cyber cafe ou nous sommes...

Poussiere tu etais, dans la poussiere tu nageras
Depuis notre arrivee, a part chez notre milliardaire de Vizag, aucune auberge, aucun petit hotel, meme certains un peu plus classy, n'etait vraiment tout a fait propre. Partout il y avait au moins une toile d'araignee, des traces noires dans la salle de bains, quelques odeurs aggressives. Et de part en part, l'epaisse couche de poussiere qui recouvre tout et n'importe quoi (ici, le clavier sur lequel je tape, l'ecran poisseux).

Les gens d'ici sont un peu responsables, il faut bien le dire. Une amie qui nous a rejoint pour quelques jours etudie a Ahmedabad, et nous explique que la-bas, "laver les chambres" equivaut a passer une petit balais en roseau, mollement et rapidement. Le M. Propre, les lingettes desinfectantes, les serpilleres, connaissent pas. Dans un resto de Delhi, les enfants de 8 ans qui nettoyaient les tables utilisaient le meme bout de tissu pour laver le sol. Du coup tout ce qui tombe hors de notre assiette est maintenant declare mort a jamais.

Exterieur crasse
J'ai parle des interieurs, vous vous imaginez bien qu'au dehors c'est l'horreur absolue. La salete varie selon les villes (on apercoit des couleurs sous la poussiere des maisons dans les villes plus touristiques), mais nulle part vous n'echapperez aux ruisseaux d'ecoulement aux etonnantes couleurs, des deux cotes des rues. Y naviguent pele mele peaux de banane, chiens, fruits pourris, un jus noir qu'on retrouve aussi sous les frequents tas d'ordure qui jalonnent les rues de maniere assez reguliere, et bien sur dans ce ruisseau, les bouteilles plastiques.

Les rares poubelles ne sont que rarement utilisees. La methode ici consiste surtout a jeter tout sous ses pieds, ou mieux, au visage des animaux qui parcourent les arteres des cites. Et puis on crache. Et puis on pisse, beaucoup (les hommes bien sur). Il y a des petits coins de rue ou, de facon encadree ou non (un panneau, parfois, indique "urinal"), des hordes d'hommes se jettent pour uriner. Ces endroits sentent bien pires que les autres, mais de maniere generale, ca pue partout.

Et nous revenons a notre introduction : mais quelle mouche a pique les redacteurs des brochures de tourisme de l'Inde qui vous font des tartines sur les symphonies de senteurs et les harmonies sensorielles de l'Inde ? Parfois, il faut etre honnete, on capte quelques bonnes odeurs d'epices sortant de petits bouges populaires, mais la plupart du temps c'est l'odeur de graisse perimee des beignets ambulants, l'odeur de caca, de pisse et de nourriture avarie qui vous enchante les narines.

Les poumons ne sont pas en reste : circulation demente + dechets a ciel ouvert + generateurs a essence devant chaque magasin = impression d'etre un asthmatique en train de fumer clope sur clope.

Decharges et bebetes
Il n'est pas rare de tomber sur d'immenses decharges ou se rassemblent toutes les bouteilles en plastique du coin (il y en a partout, et ne pensez meme pas au tri durable svp). Y rodent trois types d'etres : des clochards qui font le tri pour gagner quelques kopeks aupres d'usines de recyclage ; des cochons ; des singes. C'est malheureux mais il ne semble pas y avoir de hierarchie particuliere entre les trois ordres.

Les animaux, venons-y. Nous vous avons pas mal parle des petites betes qui ont hante nos nuits, moustiques, blattes et araignees geantes, mais l'Inde, meme et surtout dans ses villes, semble habitee autant par les hommes que par les animaux. La premiere chose que l'on remarque parce qu'il y en a partout, ce sont les vaches et les chiens. Les premieres, sacrees, semblent n'appartenir a personne, et errent, plongeant leurs tetes dans des poubelles qui font douter de la qualite du lait qu'elles produiront. Toutes sacrees qu'elles sont, on voit souvent des femmes et des enfants leur decrocher de sacrees taloches pour les faire degager des maisons. On les retrouve le plus souvent sur la route, galopant entre les voitures, reagissant aux klaxons aussi efficacement que les autres.

Les chiens sont amorphes. Souvent on les croit morts, parfois c'est vrai (ainsi d'un mignon chiot a Pondichery, recouvert de mouches, et d'un gros labrador dans une poubelle). Donc maintenant on jette toujours un oeil un peu inquiet a leur poitrine pour savoir s'ils respirent encore, parce qu'il s'agit des chiens les plus mous du monde.

Mais rassurez-vous ! Il y a aussi des chats, des chevres (elles pullulaient dans les collines de Mahab, souvenez-vous), des milliers d'ecureuils, des poules, des rats,des cochons, et, surtout depuis notre arrivee dans le Nord, un grande quantite de singes. Moins effrayants que lors de notre premiere rencontre, on les voit sauter d'un immeuble a l'autre, grimper le long des canalisations, descendre en rappel avec les cables electriques (veridique). Ils fouillent dans les poubelles, mangent les fleurs, les pommes, les ecorces, tout. Ils sont juste plus agiles que les mendiants, a part ca ils n'emeuvent pas plus qu'eux l'Indien de la rue.

Oui parce que, que ce soit la plus immonde des crasses (souvent nous devons mettre un foulard devant notre nez pour survivre aux odeurs et aux particules) ou le plus fantastique des animaux, les gens d'ici semblent n'en avoir rien a faire du tout.

PS : j'avais oublie de mentionner qu'au debut du voyage, j'avais marche sur un rat mort en plein milieu de la rue. Pas loin, un homme a saute pieds joints sur un cafard tellement gros qu'il n'etait pas mort quand le monsieur a leve son pied. Depuis le message nous avons aussi vu quantites d'autres chiens morts, des chameaux sur l'autoroute, un chien mort, et des nids de mouches accrochees sur des mosquees... Ce pays est en train de perdre sa lutte contre le monde animal.

vendredi 19 décembre 2008

Dehli, premieres impressions...

Arrivee a Delhi et premiere impression a la descente de l'avion: il fait frais! Au cours du trajet en taxi jusqu'a notre quartier, nous un peu partout des lignes de metro en construction, des immeubles modernes au loin: nous sommes bien dans la capitale!

Main Bazar Road est la rue de notre hotel, situe dans Paharganj, le quartier ou logent tous les backpackers car ca n'est pas tres cher. Comme son nom l'indique, c'est une rue etroite, un peu boueuse et sans trottoir ou s'amoncellent des magasins varies. On nous a tout propose, des raquettes de badminton aux sacs de couchage d'1m3! C'est la que nous avons pu mettre a profit notre talent maintenant bien aiguise : ignorer les divers rabbatteurs, chauffeurs de rickshaws, vendeurs a la sauvette qui poursuivent les visages pales un peu partout. C'est fatigant mais on s'y fait. Si le "no thank you!" sec ne marche pas, un "stop!" d'un air enerve suffit en general, sinon il faut se resigner a fuir a grands pas.

Notre chambre est propre mais bruyante. Nous entendons: le voisin prendre sa douche comme si on y etait, les vendeurs dans la rue qui haranguent les passants et se raclent la gorge puis crachent (bruit tres distingue), des gens qui chantent tres tres tres tres faux au son de vagues percussion, ou encore le receptioniste parlant avec des Americaines peu discretes... Mais nous dormons sur nos deux oreilles tant nous sommes fatigues (et peut-etre que nous devenons un peu sourds apres 15 jours de klaxons en permanence dans les oreilles...).

Nous decidons d'attaquer la captiale par son cote le plus modere: Connaught Place, une gigantesque place avec des batiments blancs a arcades tout autour, centre vivant et branche de Delhi. Les magasins occidentaux alternent avec des bazars, ou je deniche une tunique un peu longue avec une echarpe pour m'habiller a l'indienne quand c'est necessaire. Evidemment nous devons marchander dur et diviser le prix par 2! Un vieux couturier avec une Singer d'avant guerre me rejoute des manches en 5mn pour quelques roupies: impressionnant!

Nous nous offrons ensuite un super cocktail dans un bar branche, decore avec des portraits de grands penseurs partout. C'est tres chic et ca change de notre quotidien! En happy hour, deux verres reviennent presqu'a une nuit d'hotel, ce qui montre les differences de prix considerables en Inde et les ecarts de richesse monstrueux qui vont avec.

Nous abandonnons avec regret cette ambiance feutree pour aller manger dans une de ces cantines vegetariennes cheap qui servent de tres bons pains avec du riz et plein de sauces differentes. Sauf que cette fois nous sommes dans le Nord... et que c'est beaucoup beaucoup plus epice que dans le Sud! La bouche en feu mais l'estomac bien rempli, nous nous ecroulons sur nos lits...

Days of Heaven in Vizag !













Vishakapatnam n'est pas qu'une ville au nom interminable. C'est une des principales villes de l'etat de l'andrah Pradesh, une station balneaire delabree doublee d'un port de gigantesques bateaux, et accessoirement une etape indispensable pour Aglae. En effet, une association de sa ville natale, Thonon, qu'elle et sa famille parrainent depuis des annees, est principalement implantee la-bas. Ses createurs, Andre et Helene, y passent la moitie de l'annee.

Par contre, des touristes europeens, nada. Le dernier qui y a mis les pieds, en 1967, s'etait trompe de train.

Nous arrivons fourbus apres le voyage en train epique dont a parle Aglae. La terre tremble a chaque eternuement de sa part, et nous commencons serieusement a douter de l'efficacite de nos antibiotiques.

A Vizag (surnom du coin), il y avait UN couchsurfer, tres dispose a nous accueillir. Il avait l'air d'avoir une belle maison, mais nous ne nous attendions pas un accueil aussi incroyable. A la gare, son chauffeur nous attendait, un petit etre aux lunettes rondes et a l'air farouche, qui nous a fait monter dans un impeccable 4X4 blanc. La demeure ou il nous emmene se trouve au cinquieme etage d'un immeuble sur le front de mer. En gros c'est comme avoir un appartement qui donne sur la Promenade des Anglais a Nice.

Immense maison, baie vitree infinie qui donne sur une terrasse avec une balancelle. Nous avons a peine le temps de nous extasier que voici Amar, notre hote, qui se leve de son canape.

Je me dois de decrire Amar. Il s'agit d'un homme de la fin de la quarantaine, un peu degarni, que nous verrons toujours en calecon pendant nos quatre jours sur place. Amar nous explique qu'il est un heritier d'une grosse entreprise textile, mais qu'il prefere s'occuper de sa start-up de software. Amar est une pile d'energie, toujours pendu a son telephone portable et son laptop, toujours en discussion avec New York et Londres, ou d'autres developpeurs font leurs retours sur les logiciels qu'il developpe. Notre hote parle en faisant de grands moulinets avec ses bras, il parle vite et fort, d'un tres bon anglais, il est d'une gentillesse rare. Apres nous avoir force a nous coucher ("mmmmh... first you get rest, and then you get lunch and mmmmh... Charles, you take a beer ? No you get rest first, ok, as you like"), nous avons decouvert que nous avions atteint le paradis.

Amar est un roi en slip. Outre son driver, il a un homme de menage muet, une cuisiniere et son mari (qui habitent a l'etage au-dessus et que nous ne verrons jamais), et surtout Hari, son homme a tout faire, serveur incroyablement sympathique, qui nous semblait monte sur ressort tellement il dodelinait de la tete (cf message sur les mouvements de tete indiens). Il fallait voir Amar, a tout instant, hurler "HARI' et voir celui-ci arriver en hochant de la tete, pret a recevoir ses ordres. Il y a meme une fois ou Amar a demande a Hari de regarder le match de cricket, devenu intense (un match de cricket ca dure 5 jours, pour info), pendant qu'il allait aux toilettes, pour etre sur de ne rien rater.

Il est temps maintenant de faire une liste des gentillesses qu'il nous a prodiguees pendant les quelques jours sur place. Ce sera plus parlant et moins lassant qu'un recit circonstancie :
- il nous loge dans une de ses guest rooms, immense chambre climatisee, avec meme du papier toilette dans la SDB, et vue sur la mer bien sur
- il nous prodigue les repas les plus delicieux que nous ayons mange. Des currys, des crepes indiennes, a en crever. Il a meme demande a sa cuisiniere d'y aller mollo sur les epices pendant notre sejour.
- il a ordonne un repas special malade pour Aglae, lorsque son etat empirait : soupe + plats europeens (pates et pain)
- il a fait installer un lecteur DVD dans notre chambre pour qu'on puisse voir des films depuis notre lit (je ne vous parle pas de sa DVDtheque)
- il s'est occupe de la prise en charge medicale d'Aglae : auscultation express chez son ami medecin, radios, medicaments qu'allait chercher le chauffeur pendant que nous rentrions a la maison
- Il a fait installer un eeePC, petit ordinateur portable, pour que nous ayions un acces Internet permanent !
- il etait pret a nous laisser appeler en france depuis ton fixe
- il a mis son chauffeur a notre service
- il a fait laver et repasser tous nos vetements
- il y avait de la vodka et de la biere a volonte pour moi
- Il a fait acheter une Road Map de Vizag pour moi

Tout ca avec le sourire, toujours en calecon, toujours installe sur son trone, et sans jamais se lever. Nous n'en revenions pas, et dans l'etat d'aglae, a qui on a finalement detecte une infection pulmonaire, c'etait l'ideal dont personne n'aurait jamais ose rever.

A cela il faut aussi ajouter les grandes discussions philosophiques, les explications sur les regles du cricket, etc. Toujours avec des grands gestes et des hurlements.

Du cote moins milliardaire de notre sejour, nous avons aussi rencontre les patrons de l'association mentionnee plus haut, et Aglae a surtout enfin rencontre en personne Rawena, sa filleule qui a grandi en meme temps qu'elle. Apres des debuts un peu froids, celle-ci, avec la complicite de sa mere (il fallait bien etre deux vu qu'elles faisaient un metre chacune), nous a organise une journee de visite complete de l'ecole aidee par l'association et de la ville de Vizag : buffet offert au Grand Bay Hotel, le palace chic de la ville, un taxi paye a la journee pour nous trimballer avec toute sa famille, un tour de bateau a Rushi Konda, plage eloignee de la ville, des thes et de cafe offerts de force.




Nous sommes meme montes en haut d'une montagne qui offrait une vue spectaculaire sur la ville et sa baie, et ils nous ont d'autorite place dans un petit train tres absurde, qui faisait le tour de la colline a 3 km/h, pendant 5 minutes, le temps d'observer plus de paysages et quelques couples caches qui se faisaient des calins dans la foret.

L'ecole de Rawena
Pourquoi tant d'amour me direz-vous ? Je pense que notre charme explique pas mal de choses.

Nous sommes repartis remontes et soignes de cette ville, direction Delhi ! Et c'en etait fini de l'Inde du Sud. Le depart etait triste, tant cette partie calme et moins pauvre du sous-continent nous avait charme.

Le train de nuit ca fout le cafard!

Un malheur n'arrivant jamais seul, deux minutes apres le verdict inquietant du thermometre, Charly recoit un mail de HSBC pour nous dire qu'ils ont detecte une transaction suspecte de 150$ sur notre compte en banque. Panique a bord...
Et pour couronner le tout, nous semblons etre encore sur liste d'attente pour le train qui doit nous emmener le soir meme a Vishakapatnam, notre prochaine etape.
On se disait aussi que jusque-la on avait ete chanceux!

Heureusement, Salman debarque. Il nous permet d'appeler notre banque gratuitement par Skype. Nous faisons opposition et notre banque va nous envoyer une nouvelle carte bleue... or, nous n'avons pas d'adresse fixe! Mais nous allons nous debrouiller.
Ensuite, notre sauveur nous fait remarquer que si si nous avons un numero de couchette pour le train: la panique nous avait aveugles!
Enfin, il nous apprend que son pere qui est juste a cote est docteur et qu'il peut m'examiner. Il me rassure et me prescrit les antibios (deja dans ma trousse a pharmacie au cas ou: Sylvie nous etions bien prepares!), me donnne un sirop pour la toux et de l'aspirine.

Un peu rasserenes, nous prenons place a bord de notre train ou nous attendent 13h de voyage. Nous sommes entoures de familles et l'ambiance est bruyante (il n'y a pas de compartiment donc on entend tout le wagon) mais sympa. Ce qui l'est moins, c'est l'etat des toilettes ou regne une odeur terrible (et pourtant nous avons deja eu 15 jours d'adaptation a la crasse ambiante). Mais le pire est a venir: quand je me leve a 3h de mat, ne pouvant dormir a cause de la fievre et de la toux, il y a des cafards partout! 3 au-dessus de ma tete, a moins de 10 cm de moi (bark!), 1 au-dessus de celle de Charly qui ronfle. En m'avancant vers les terribles toilettes, je m'apercois qu'ils proviennent du hall entre les wagons ou ils se comptent par dizaines. La, dorment les employes d'Indian Railway, ceux qui passent en criant (meme tard dans la nuit) pour vendre the et samosas. Ils sont emmitoufles des pieds a la tete dans un grand drap blanc, recroquevilles sur une couchette-strapontin: des momies encerclees par les cafards...

Apres une telle vision d'horreur, difficile de dormir... Je me transforme en momie aussi et prie pour qu'aucun cafard n'entre dans mon champ de vision!
Le matin finit par arriver, notre train est en retard et nous finissons par debarquer, tous les 2 ereintes par cette nuit agitee, a Vishak...

mercredi 17 décembre 2008

Chennai, Thursday night fever!






Apres une longue route dans l'immense Chennai, notre hote coach surfeur nous emmene chez lui ou nous pouvons enfin nous poser. C'est un etudiant de 27 ans qui est aussi prof de danse, super accueillant. Il vit chez ses parents comme tous les Indiens non maries (partir de chez ses parents sans aller fonder un autre foyer, c est les deshonorer), et partage sa chambre avec nous. Sa gentillesse fait qu'on se sent instantanement at home.

Un bon the et une douche et c est parti pour son cours de danse! Charly croyait qu'il pourrait juste y prendre des photos et eviter le dance floor... mais notre hote nous embrigade comme si nous etions ses veritables eleves et nous voila entrain d'apprendre des passes de rumba! Charly s en sort bien par rapport a son voisin indien qui en est a son 5e cours. J en etais sure! Nous finissons par bien enchainer les passes tout en rigolant. Ai-je (enfin) reussi a convertir Charly a une danse latino???

J ai chaud et me sens un crevee, hum... de la fievre (je traine toujours mon eternel rhume depuis Bahrein) ou juste l'effet d'une heure de danse?


Salman (notre hote) et Anu (sa girlfriend) nous emmenent dans un resto branche, le Moka. C est incroyable: sur fond de musique electro, des tables dans un jardin avec des lanternes de couleurs, des tetes de bouddha en pierre, des fontaines avec des fleurs qui flottent... a l'interieur, un fumoir est installe dans une salle de bain ou il reste la baignoire et ou l'on s assoit sur des cuvettes de WC transformees en sieges! Nous decouvrons les endroits ou sortent les jeunes I des grandes villes, ceux qui s'habillent a l'occidentale.

Nous avons ensuite recupere deux autres routardes polonaises, elles aussi accueillies par Salman. Nous avons tous discute tard, j'ai du faire semblant de m'endormir sur l'epaule de Charly pour qu'on aille se coucher! Les polonaises etaient venues de Pologne jusqu'en Inde a pied et en bus, en passant par l'Iran et le Pakistan (!). Pour des gens un peu baba cool "je m'ouvre l'esprit", elles ne parlaient que d'elles et pas beaucoup a leur hote...

Le lendemain, nous allons nous faire un cinema (il n'y a pas grand chose a visiter a Chennai), et ce en respectant plus ou moins le programme ultra-directif concocte par Salman (principalement a base de centres commerciaux, leur conception du bonheur urbain). Nous allons voir un film tamoul (du sud de l'Inde, de meilleure qualite que Bollywood d'apres les specialistes). Varanam quelque chose... Je vous invite a lire le synopsis sur Wikipedia: c'est incroyable tout ce qu'il se passe en 3h. Nous ne restons que jusqu'a l'entracte pour cause de train a prendre mais nous rigolons bien devant les choregraphies (style Michael Jackson en indien), le heros qui repete 25 fois de suite "oh Daddy..." quand il apprend la mort de son pere dans l'avion qui l''emmene vers un combat contre des mechants terroristes au Cashmire, tout ca avec une nuit americaine bleu fluo, des faux raccords grandioses, et la salle en delire des que l'actrice canon apparait...
Le kitsch indien m'avait insensibilisee, mais en rentrant j'ai des crampes partout et 39,5 de fievre...

Speed 3 / Conduire en Inde

Que ce soit avec les rickshaws, les bus, les taxis, la conduite en Inde a toujours ete quelque chose d'etonnant, toujours a la lisiere de la terreur et de la stupeur.

Certes, ils conduisent a gauche, comme ces barbares d'anglais, mais il y a pire. A premiere vue, il n'y a apparemment aucune regle de circulation, aucun code de la route a respecter. Parfois quelques panneaux STOP semblent de derisoires epouvantails dans cet enfer du bitume : c'est-a-dire que tout le monde s'en fout.

Au bout de quelques jours se degagent quelques regles simples, qui sont les seules et qui permettent de se sentir relativement en securite sur les routes - il y a enormement moins d'accidents qu'on ne l'aurait cru, et ce meme si la plupart des villes ne disposent pas de trottoir, et que les pietons sont tous sur la route. Ces regles sont simples :

1) Le klaxon sert a tout. Indiquer qu'on va depasser, indiquer au depassant que quelqu'un arrive en face, faire fuir les vaches sur la route (il y en a beaucoup), avertir les pietons qu'on arrive (pas les faire peur, juste leur dire JE SUIS LA), montrer qu'on existe. En montagne notamment, notre bus semblait avoir des communications etranges. Deux coups de klaxons signifient "je peux depasser ?", ce a quoi la voiture a depasser repondra par un certain nombre de coups de klaxons etc.
Cela donne bien sur une pollution sonore epouvantable. Partout, depuis les routes miteuses jusqu'aux villes, resonne en permanence un concert de klaxons delirants. Les rickshaws, sortes de taxis pousse-pousse a moteur, n'ont apparemment pas le droit aux klaxons, donc ils s'en installent des persos, aux bruits surprenants. Ici le klaxon c'est comme un millesime : la puissance de ceux de certains bus s'apprecie avec une moue de connaisseur.
A cela rajoutez, sur toutes les voitures qui circulent, des musiques Bollywood a 300 decibels quand la marche arriere est enclenchee, et vous redoutez le jour ou vous devez traverser une grande ville et que vous avez mal a la tete.

2) Le frein s'enclenche au dernier moment, mais au mieux, comme dans le film Speed, il ne s'enclenche jamais. Le premier grand bus qu'on a pris, de Cochin a Munnar, a fait un seul arret complet pendant les deux premieres heures. Ici, c'est le mouvement perpetuel mis a la portee d'un moteur a essence. Les voitures, les velos, les motos, roulent roulent roulent, et emportent tout sur leur passage. On prefere deboiter sur la file en sens inverse, quitte a revenir dans la bonne file sans avoir depasse, plutot que de s'arreter une seconde. Les velos font des efforts surhumains pour vous eviter, les rickshawsd ne ralentiront jamais pour eviter un pieton, c'est a lui de s'arreter.

3) Tout, mais absolument TOUT peut arriver. Comme il n'y a pas de regles, des vaches peuvent debarquer, tout vehicule sur la voie peut depasser les autres, obliquer a droite , a gauche, arriver en trombe en face. Et ce bordel est la la clef qui maintient tout ensemble. Tout le monde faisant n'importe quoi, chaque conducteur est sans cesse concentre au maximum. Rien ne le divertira, il ne s'assoupira jamais une seconde, car il doit etre toujours aux aguets.

Surtout, rien ne l'enervera. C'est assez etonnant de remarquer que tout le monde klaxonne en gardant un air imperturbable. Un camion est venu en face au dernier moment, vous a fait deraper dans l'herbe et eviter trois enfants en bas-age ? Personne ne s'offusque, personne ne s'enerve. Il y a une vague hierarchie, ou les plus gros ont la priorite sur les plus petits (et surtout sur les pietons), mais c'est tout.

Et finalement, au bout de deux semaines, vous etes dans un rickshaw qui fait n'importe quoi, qui prend des contresens tout le temps, vous ne savez plus vraiment si la conduite est a droite ou a gauche (je dirais plutot : au milieu, avec une preference pour la gauche quand ca se gate), et pourtant, vous etes serein. Rien de bien grave ne semble devoir arriver.

dimanche 14 décembre 2008

Mamallapuram - Nababs a Mahab






Apres quelques jours reposants a Pondy ou nous etions bien soignes (cf message precedent), nous avons prefere passer une nuit sur la route de Pondy a Chennai, plutot que d'arriver directement dans l'immense Madras (ancien nom plus connu de Chennai).

Mamallapuram etait donc cette etape. Il s'agit de la seule station balneaire de l'etat tres religieux ou nous etions alors : le Tamil Nadu (l'etat des Tamouls). En plus de disposer d'un splendide front de mer un peu abandonne aux bouteilles en plastique, et de fruits de mer succulents, Mahab (surnom du coin) dispose de vieilles ruines en pierre / temples absolument extraordinaires.

Nous avons rapidement pose nos affaires dans une petite chambre simple et propre (sisi, propre, sans araignees geantes ni robinets fuyants), nous sommes partis dans le grand parc du village, qui reunit le long d'une colline de pierre, la plupart des temples creuses dans la pierre du coin. Absolument epoustouflant : l'impression de se promener le long des rochers de Fontainebleau, avec ses petits coins d'escalade sauf qu'ici il y a des temples finement sculptes vieux de 1500 ans. Le soleil se couchait lorsque n ous arrivames, ce fut reposant et divin.

Ce qui fut moins reposant, c'est lorsque nous avons tente de manger un petit gouter. Une horde de petits enfants, ages de 5 a 8 ans, nous a supplie de leur donner du chocolat (nous n'en avions pas). Apres avoir reussi a les disperser, et sachez que ce fut long, un jeune vint nous vendre des sculptures (le village est reste repute pour ses sculptures). Mais ce n'etait pas fini!

en effet au moment ou nous arrivons enfin a sortir nos cookies, une chevre nous fonce dessus. Une chevre ? certes oui, le parc etait infeste de chevres... Celle ci en voulait a nos cookies. Aglae, a bout, s'exclame "mais c'est quoi ce pays ou meme les chevres viennent nous demander des trucs ?".
(Incise d'Aglae: oui, parce qu'entre temps un chien etait venu mendier nos 3 cookies en les pointant du museau avec un regard suppliant...)

Une fois perches sur les rochers, tout fut plus calme. Tellement calme que lorsque la nuit nous tomba dessus avec la celerite d'une noix de coco detachee de son palmier, nous etions au milieu d'une semi-jungle, un peu perdus. Nous avons sorti notre lampe de poche a manivelle, et avons tente de trouver la sortie. Et soudain, un bruit a retenti. Une espece de miaulement gigantesque, qui venait d'en haut d'un arbre qui se trouvait sur notre chemin. Aglae s'arrete, terrifiee. Moi meme, je ne suis pas tres rassure, parce que j'ai reconnu ce terrible cri, c'est celui d'un singe enerve. Nous pointons notre lampe vers l'arbre. Une forme en tombe, mais je n'ai pas le temps de voir, car Aglae se detourne deja, prete a courir, et c'est elle qui a la lampe. Je la lui arrache des mains, et revient vers la forme. C'est bien un singe de la taille d'un chien. Ca court vers nous. J'ai mon miserable pied photo a la main, pret a vendre cherement notre peau.

Mais le singe ne passe pas loin, nous depasse et monte a un autre arbre. J'entends de nouveaux chocs sourds, ce sont deux autres singes qui tombent du premier arbre et le poursuivent. Nous venons d'assister a une poursuite de singes avec laquelle nous n'avons rien a voir. Bien entendu nous sommes completement terriffies, et nous courons vers la sortie du parc. Une horde de chevres nous accompagne solenellement vers la sortie. Des que la nuit tombe, dans ce pays,la nature reprend ses droits sur le pays des humains. avec une ferocite et une rapidite etonnantes. Cf les araignees, bien sur.

Le lendemain etait plus calme : pas de betes sauvages nous sautant dessus, juste quelques temples creuses dans la pierre, ecrases de soleil. Il y avait meme un elephant grandeur nature, creuse dans la pierre et qui ressemblait comme deux gouttes d'eau a un vrai. Nous avons bu des hectolitres d'eau et sommes repartis gaiment vers Chennai.

En arrivant sur place, nous prenons conscience de l'immensite de la ville, sorte de flaque urbaine qui s'etend sur des milliers de kilometres. Les quartiers se succedent sans arret, et nous mettons une bonne heure a atteindre le centre... pour apprendre que notre hote Couchsurfing habite tres loin du centre. Il finit par venir nous chercher devant un hotel de luxe. Son nom est Salman, c'est un prof de danse survolte dont la gentillesse nous a sans cesse surpris. Mais vous en saurez plus au prochain episode !

mercredi 10 décembre 2008

Pondy - cheri, t'as pas un parapluie?

Notre voyage matinal en train de Trichy a Pondichery fut plus anime que le precedent. Nous arrivons a la gare et nous rendons compte-grace a notre super maitrise des systemes complexes de reservation des trains indiens- que nous sommes 8 et 9e sur la liste d'attente, donc qu'on ne peut pas monter dans le train. Que faire? Nous courons au guichet ou nous decouvrons qu'il y a une classe sans reservation, et qu'il nous reste 7mn pour prendre un billet! Nous en achetons 2 et courons a nouveau le long du quai avec nos gros sacs. La pluie a commence a tomber. Evidemment, c'etait inutile: toutes les places assises sont deja prises et le train part en retard.


Hum... pas facile de rester debout quand des vendeurs de samosas et gateaux passent toutes les 2mn dans les couloirs avec leur panier sur la tete! Heureusement, de gentilles indiennes ont pitie de moi (seule femme debout dans le wagon) et se poussent pour qu'on tienne a 4 sur une banquette. Charly finit aussi par trouver une place: on a quand meme de la chance...

Nous descendons dans une petite gare ou nous savons qu'il y a des trains pour Pondichery (les multiples sites internet de Indian Railway ne savent pas ce qu'est une correspondance). Un train pour Pondy arrive 10mn plus tard, juste le temps de prendre un billet: parfait! 6 jeunes indiens survoltes s'assoient a cote de nous: ils ont la vingtaine, font les interessants, nous posent des questions dans un anglais approximatif, nous font des imitations d'acteurs tamouls, veulent prendre des photos avec nous, apprendre des mots en francais... bref, on rigole bien mais on peut a peine respirer!

Nous atterrissons dans une charmante pension a Pondichery. Nous nous sommes accordes un petit extra car nous passons enfin 2 nuits au meme endroit et avons besoin d'un peu de repos. C'est une ancienne maison style colonial, redecoree avec une touche de kitsch indien et tenue par un danseur-peintre qui a passe quelques temps en France. C'est surcharge mais cosy. La chambre est propre mais... c'est le royaume des arraignees!!! Apres le massacre de 3 petites arraignees sauteuses et 2 longues-pattes par Charly (qui tue aussi tres bien les moustiques, un vrai "insect killer"), vient le combat avec LA PLUS GROSSE ARAIGNEE NOIRE DE TOUS LES TEMPS. 8 cm de large au moins. Grace a la bravoure de Charly, elle finit dans la poubelle de la salle de bain, son corps velu et sans vie devore par une armee de fourmis - celles-ci forment une longue autoroute sur notre mur, menant tout droit a ce repas que nous leur avons gracieusement offert. Un vrai cours d'histoire naturelle!
... cours d'histoire naturelle qui m'a un peu empeche de dormir quand meme, mais heureusement il y a la moustiquaire pour me rassurer (car Charly dort sur ses 2 oreilles apres ce combat homerique!).

Nous rencontrons au petit-dejeuner (gargantuesque, avec de la baguette, hourra!, des fruits sav0ureux, des oeufs, des confitures...) une dame belge travaillant dans un hopital psychiatrique, et dont le copain est en train de faire un film sur l'ile de Pacques. Elle est tres interesse par le film de Charly et nous bavardons agreablement en FRANCAIS!
C'est aussi le temps de la lessive a la main et de l'etendage a travers notre chambre avec ventilo a fond pour que ca seche!

Nous decouvrons Pondichery sous des trombes d'eau car il y a une 2e mousson dans cette region. Entre les gouttes, il reste de tres belles maisons coloniales, un front de mer sympa, des noms de rue en francais... Bien calme pour une ville indienne! Il y a aussi des "ashrams", des lieux de meditation avec des gourous dont on voit les photos partout. Quand on entre, il y a des gens, indiens ou blancs, qui meditent en tailleur dans un jardin fleuri...

Nous avons meme mange dans un resto francais, et le lendemain une pizza au feu de bois.... Lorsque nous avons vu les premieres frites arriver, nous crumes defaillir.
Bref, deux jours reposants ou tout ce dont nous avons manque, c'est d'un grand parapluie!

Un Indien vaut mieux que deux tu l'auras (proverbe tamoul)

Ma tante m'a un peu reproche de dire "les Indiens" plutot que "les gens".

Mais je n'y peux rien, j'ai beau essayer, vraiment, ils sont trop differents, ces bougres. Attention, je ne nie pas leur profonde humanite. mais ils sont vraiment differents.

Le truc -tout bete- qui nous a le plus trouble au debut. c'est leur hochement de tete. A toute occasion, les voila qui se lancent dans un petit mouvement de tete de droite a gauche, tres nonchalant. Un geste qui en France a un sens, un seul : NON.

Or ici, ca veut dire "oui oui, pas de probleme". D'apres notre guide/Bible/Lonely, ca voudrait aussi dire "peut etre".

Les premieres fois, on etait pas trop au courant, hein. Et on a cru que ces types nous faisaient la tete, parce que je vous jure que c'est vraiment nonchalant, ca donne l'impression qu'ils vous haissent et qu'ils doivent quand meme vous supporter (car en plus quand ils font ca ils regardent ailleurs). Alors commander une longue file de plats dans un resto et avoir l'impression que la serveuse n'est jamais d'accord, c'est troublant.

Mais nous avons compris ! Il est evident qu'a notre retour, nous aurons adopte ce mode de vie: nous nous peindrons en blanc le visage, nous aurons l'air fatigue et nous vous poursuivrons en scandant "you want hotel ? guest room ? touctouc ? rickshaw ? give me roupies ! please please, french coins, please" avec un regard petri de tristesse et degoulinant de desespoir. Et surtout nous ferons NON de la tete pour dire oui.

Nous l'avons deja evoque, parfois les Indiens attires par le tourisme sont difficilement supportables. Ils vous poursuivent. Au sens propre. Leur repondre "NO", "no i already have a hotel" ne leur fait ni chaud ni froid. Il parait que dans le Nord ils s'accrochent a vos habits. Certains se rendent compte une fois revenus dans leur pays qu'un petit cadavre d'enfant mort de faim est reste accroche a leur veste! Veridique! C'est terrible - je veux dire, pour ceux qui ont de belles vestes.

Foin de cynisme facile. L'Inde, sa pauvrete et l'insistance terrible des gens afin d'obtenir des roupies poussent au cynisme. Et tout le monde nous a dit que le Nord sera pire que notre Sud.

Ce qu'il faut retenir c'est que toujours, mais alors toujours, des gens vous croisent dans la rue, vous lancent un bref regard, et s'apercoivent avec stupeur que vous etes blanc. Et la c'est le delire integral. Delire positif hein.

Les enfants surtout, mais aussi les jeunes, et parfois les vieux, rentrent dans des transes pas possibles a la vue d'une grande femme habille etrangement et d'un grand blond aux yeux bleus. Les enfants ouvrent d'immenses yeux "couverture de National Geographic", voire pour certains vraiment mignons "photos desreportages Paris Match". Ils minaudent l'anglais qu'ils apprennent en ce moment a l'ecole : "hello sir, how are you doing ? what is your name?".

Vous leur serrez la main, ou meme vous leur faites coucou, ils se roulent par terre de joie. Ils courent vers des gens plus ages, partagent leurs impressions, alertent leurs camarades.

Il y a quelques jours, dans une gare de transfert, Viilupuram, nous attendions que notre train demarre. Sur le quai oppose, une centaine d'enfants, surtout des filles, toutes vetues de rouge. attendaient leur train. Nous avons commence a les prendre en photo : ce rouge dans cette gare luisante de soleil nous aiguillonnait.

Et l'une d'elles nous a remarque, puis deux, puis trois. A nouveau, le delire. Mahatma Gandhi ressuscite n'aurait pas repandu plus de poudre. Notre simple presence semblait les plonger dans des abimes de joie vertigineux. Les parents faisaient faire des coucous aux bebes, les filles sautaient en l'air. Le train parti, nous nous disons "eh bien, etonnant", pour remarquer que dans notre compartiment, 8 jeunes surexcites se battent, dansent sur de la pop Bollywood, puis nous remarquent,se jettent sur nous, veulent voir nos cartes d'etudiant, apprendre des mots francais, savoir qui nous sommes. A eux huit, ils parlent 5 mots d'anglais, qu'ils se partagent et se relancent comme un ballon. Le moindre mot de notre part les fait rire d'un rire genial, humain et doux. Ils nous accompagnent silencieusement, avec de grands sourires, jusqu'a la sortie de la gare de Pondichery. Ils sont amoureux.

Aujourd'hui, trois Indiens sont venus nous voir dans un parc. Ils n'ont pas voulu discuter, ni rien. Ils ont juste voulu une photo de nous avec eux.

En fait, les Indiens, c'est nous.

Ce qu'on apprend en lisant Gulf News

La lecture de Gulf News, gazette en anglais gentiment distribuee dans la bisness class qui nous amenait de Bahrein a Cochin nous a appris plusieurs choses assez etonnantes. A savoir :

- Les Israeliens, ce sont vraiment des gens pas biens
- de maniere generale, ce sont toujours des etrangers a la base des faits divers qui ont pu entacher Dubai. Mais ne vous inquietez pas, ils ont tous ete reconduits a la frontiere !
- tout comme les criminels, les seropositifs etrangers, Dieu merci, sont reconduits a la frontiere. Ce qui fait que Dubai est vraiment un havre ou on denombre a peine 7 ou 8 seropositifs, pas plus.
- le 48e anniversaire de la naissance des Emirats Arabes Unis est l'occasion pour toutes les entreprises, europeennes et du coin, de rappeler aux trois glorieux presidents des Emirats Arabes Unis qu'ils sont des gens supers. et qu'on les aime. Tous. Peut-etre parce qu'ils ne sont ni etrangers, ni seropositifs.

lundi 8 décembre 2008

RSS et vous

Pour ceux qui en connaissent pas le fonctionnement du RSS, sachez que, sur Mozilla, il suffit de cliquer sur l'etoile dans la barre d'adresse, et ensuite de cliquer OK et de choisir les options comme si vous rajoutiez un marque page (un favori).

A ce moment-la, il vous suffira de faire passer votre souris sur le blog dans votre deroulant de marques pages, et s'afficheront tous les messages deja ecrits, et dans une autre couleur, les nouveaux messages depuis votre dernier passage sur le blog.
Sinon faites une requete Google, type "syndiquer un blog en RSS", tout sera explique. Merci.

Train, Trichy, Temples et troubles du sommeil

Nous arrivons a la gare en avance (2h mais ce n'etait pas volontaire, merci Aglae pour ton etourderie) pour etre sure de touver notre train ou nous avons reussi a reserver des billets grace a la patience de Charly pour comprendre le systeme complexe reparti sur 3 sites internet differents, avec 4 ou 5 classes differentes et des listes d'attente...

Malgre notre avance, nous courons le long du quai dans un sens puis dans l'autre, cherchant desesperement notre voiture 7S, la seule ou nous pouvons monter. Terrifies a l'idee que le train parte sans nous, nous n'obtenons que des reponses contradictoires et des "don't hurry!". La voiture 7S reste introuvable et nous sommes a bout de souffle... Tout s'eclaire brusquement quand nous comprennons que d'autres voitures (dont la fameuse 7S) vont etre raccrochee au train dans 5mn: en effet, no need to hurry!

Nous avons pu finalement monter dans un wagon couchette en pleine journee, fort confortable, aux teintes noires et bleues splendides, et qui nous criait de faire des photos sur noter sujet (les transports, ou plutot les gens dans les transports). Le train c'est moins cahotant que le bus et plus rapide, et en plus on peut lire car il n'y a pas d'epingle a cheveux prise sur les chapeaux de roues: en somme c'est moins rigolo mais tellement plus reposant!

En face de nous, il y avait un homme tres etrange, nous n'avons pas reussi a determiner s'il etait un peu retarde ou illumine. Il nous a gentiment offert des gateaux, n'a pas reussi a communique avec nous en anglais et nous regardait avec un regard tres doux.

Arrivee a Trichy ou nous visitons 2 temples. Pour acceder au premier, il nous a fallu grimper des centaines de marches taillees a l'intieur de la roche de la montagne, avec sur le chemin des mini-grottes/temples. Arrives au sommet, c'est magnifique: un petit temple tout en haut des rochers avec des aigles qui tournent autour et une vue plongeante sur toute la ville, avec des gens habilles de vetements multicolores un peu partout.
Le deuxieme temple est gigantesque, la nuit tombe quand nous errons entre les 6 enceintes qui entourent le sanctuaire. A chaque porte de chaque enceinte il y a une espece de tour faite de statues empilees, plus ou moins peintes de toutes les couleurs; la plus haute tour fait 73m, on dirait une pyramide Inca de loin! Les gens se promenent paisiblement dans le temple, il y a des marchands de fleurs, de gateaux... On entend parfois des chants, des bougies sont allumees ca et la... C'est a la fois paisible et vivant, tres different de l'ambiance des eglises. Nous croisons une famille indienne qui discute un peu avec nous en nous devorant des yeux, les enfants sont adorables et s'entrainent a dire les quelques mots d'anglais qu'ils ont appris a l'ecole.

Cette promenade nocturne (le soleil se couche a 6h) nous a charme. Nous dinons ensuite comme des rois pour 3 euros dans un resto indien sur une terasse, ou on nous sert toutes sortes de pains et galettes avec des sauces aux legumes et aux epices. De-li-cieux!

Nous avions reserve un hotel un jour avant (nous progressons dans l'organisation). Comme l'indiquait le Lonely Planet, c'est une maison coloniale un peu delabree avec du charme. Notre chambre est fraiche et donne sur une cour interieure avec de la verdure. Idyllique? Non! Car prealablement a un dodo bien merite, Charly doit massacrer 8 arraignees a coup de tongues furieux, et nous devons affronter l'inondation de la salle de bain sale avec non pas une mais 3 fuites: de la douche, du lavabo et des toilettes. Si c'est comme ca, on ne s'y prendra plus a l'avance!

Photos

Vous nous les reclamez, elles arrivent au compte goutte: quelques photos ont ete ajoutees dans le corps de nos vieux messages. La connexion est lente et nous ne pouvons pas pour l'instant en mettre plus! C'est deja un apercu...

I would kill for a Strepsil (Madurai et ses temples)







Temples et palais a Madurai...
Ca commence a faire loin, et deja certaines de nos anecdotes, de nos souvenirs, s'effilochent et se perdent dans les meandres de notre rhume.

Notre rhume, parlons-en. Rien de bien inquietant, bien entendu, mais cette sinuso-bronchiolo-truchmuchite que nous trimballons de ville en ville commence a nous porter sur les nerfs. Deja parce que nous dormons mal, du coup, mais surtout parce que le petit Charly avec son echarpe autour du cou par 35 degres, et Aglae laissant derriere elle un flot ininterrompu de mouchoirs et de crachats n'est pas des plus apaisants.

Cote plus, on remarquera que les gens d'ici crachant partout, on ne se gene pas non plus et ca ne gene personne. Cote moins, on remarquera aussi que si le concept du PQ est deja peu connu, celui du mouchoir releve du mystere insondable. Alors les subdivisions Ganesh-Krishna-Vishnou des superbes temples de Madurai, ca ils connaissent, mais alors du papier pour pouvoir etaler son nez qui coule, ca... Et dites, vous, vous auriez pense a prendre des Strepsils en voyage en Inde ?

Les hotels que nous avions tente de joindre a Madurai, depuis Munnar, etaient tous pleins, et la personne qui devait nous loger ne pouvait le faire que le lendemain. Il nous fallut vite trouver un hotel en arrivant depuis le bus, sacrement fatigues et sales apres le long voyage, mais au premier coup tente, a savoir... un des hotels qui nous avait affirme etre plein, nous avons trouve une chambre proprette, a l occidentale, dans un hotel ou, et pour ca vive l'Inde et sa science des metiers inutiles, subsistait encore un garcon d'ascensceur ! UN GARCON D'ASCENSEUR !

Il faut savoir que j'ai tout tente pour echapper a la torture d'avoir a le voir appuyer sur notre etage (monter a pied, courir dans l'ascenseur quand il n'avait pas l'air d'y etre), mais il finissait toujours par s'imposer, arme de son inutilite et d'un sourire fatigue.

Madurai est une ville de pelerinage hindou, ce qui veut dire que la plupart des echoppes y sont vegetariennes (brahmannes et autres sages ne mangent pas de viande). Nous avions peur de mourir de faim, au contraire tout ca est remplace par des crepes croustillantes, les dosa, arrosees de sauces aux mille saveurs et aux dix mille epices ( ahhhh de l'eau!), pour des prix tres abordables.
Je vous en reparlerai plus tard, mais les gens continuent a nous regarder, tout le temps. La plupart du temps avec des sourires, bien entendu. Le seul qui avait l'air de s'en foutre, c'etait l'elephant couvert de peintures complexes au temple du Sri Meenakshi, sorte de ville/temple a l'interieur de Madurai, immense et epoustouflant.

Il y avait aussi un ancien palais arabe, tres seyant, gigantesque et vide, a moitie en travaux de restoration. Des enfants jouaient dans les tas de sable du chantier, c'etait tres etrange.
Le 2e soir, nous avons pour la premiere fois COUCHsurfe (systeme d'hospitalite sur internet, des gens sympas qui vous pretent leur canape ou leur chambre d'amis), sauf que... le type qui nous accueillait dans l'aile guest house de son usine de tri postal (!) n'etait pas la. Il etait en deplacement de travail. A la place, il y avait son meilleur ami, Ousmane, + un "elfe de maison", c est a dire un petit serviteur muet au front recouvert de peintures, qui nous a force a manger des plats delicieux. L'hote de remplacement, Ousmane, gentil alcoolique dont le but dans la vie etait clairement de boire et de faire la fete (mais, tout musulman qu'il etait, il n'en parlait pas a ses parents). Sa conversation etait limitee, il n'en etait pas moins agreable.
Au depart le lendemain matin, notre veritable hote, rentre dans la nuit, n'etait pas encore leve. Notre elfe de maison nous a encore gave de the et de galettes de riw, puis nous sommes reparti prendre notre train.

Eh oui, un train. Les mythiques trains indiens...

Marius : premieres photos







La veille du depart, voici Marius le sac sur le dos. (en fait il avait fait semblant de pouvoir porter celui d'Aglae)

Lorsque nous attendions avec angoisse nos bagages a Bahrein, Marius faisait le pitre sur le tapis roulant.








Marius devant deux tours a Bahrein, tous trois brillant de mille feux









Marius posant devant la porte de notre chambre, avec au fond une des belles eglises de Fort Cochin, recouverte de bleu, ou des petites filles sages et recouvertes de bleues chantent GLOIRE A DIEU et vous sourient.
Marius au cybercafe de Cochin, donnant des nouvelles a sa famille. Il n'a pas pu m'expliquer comment remettre les photos a l'endroit dans ce cybercafe.





Desole de vous decevoir, mais nous avons des nouvelles alarmantes de Marius, celui ci maigrissant a vue d'oeil !!
Marius sur les plantations de the a Munnar
Marius dans le train Madurai - Trichy

Munnar: la montagne du the et des bus survoltes




Malgre notre arrivee un peu raide, notre premiere etape a Fort Cochin nous a deja donne envie de poursuivre notre decouverte de l'Inde du Sud. Apres une nuit de repos dans une chambre spartiate mais propre (youpi!), nous errons une derniere fois entre les maisons coloniales decrepies, les palmiers et le bord de mer ou s'activent des pecheurs avec d'immenses filets. Un petit coin de paradis que nous quittons a regret, mais plein d'energie pour nous lancer de nouvelles aventures.

Nous regagnons la cote par le bus local: un amas de tole bringbalant qui fonce au son de son klaxon. Il n'y a pas d'arret de bus (comme 99% du temps ici), il faut juste demander aux gens ou l'attendre. Quand les gens veulent descendre, il faut signe au vendeur de ticket qui fait sonner une clochette ou siffle dans un sifflet pour que le chauffeur s'arrete. Il faut alors vite sauter au vol. C'est plus rapide que les bus RATP, tres marrant, sauf qu'il est dur de savoir quand descendre sans station de bus et sans plan... Essayer de se reperer "a la louche" sur le plan du Lonely Plantet (notre guide-bible) marche moyen...
Nous comptons prendre un rickshaw (mini taxi pas cher a 3 roues) pour rejoindre la gare routiere pour choper un bus vers notre prochaine etape, mais ils sont ... en greve! Nous marchons sous le cagnard jusqu'a la gare routiere ou nous finissons par trouver notre bus apres avoir demande a au moins 5 personnes. En fait, il ne faut pas paniquer, on s'y retrouve toujours, il faut juste etre patient et zen!

Notre bus bleu sans vitres se remplit au fil des stations, les gens sont debouts dans le couloir, resistant avec un equilibre remarquable aux chaos. Quelle chance d'etre montes a la premiere station et donc d'etre assis! Car c'est parti pour 4H30 pendant lesquelles on ne peut s'ennuyer: il suffit de regarder la route et de voir le chauffeur slalomer entre les pietons, les rickshaws, les autrs bus et surtout eviter au dernier moment ceux qui arrivent en face... Les paysages defilent: la ville semble s'etendre a l'infini, le long de la route il y a toujours du monde... mais nous finissons par arriver dans les montagnes ou il fait FRAIS! Arrivee a bon port a MUNNAR.

Au reveil (dans une petite pension) , c'est l'enchantement: la ville de Munnar est au milieu de montagnes recouvertes de forets luxuriantes et de plantations de the. Nous partons a leur decouverte en rickshaw. C'est magnifique: petits lacs avec plantations et villages colores en surplomb, grands domaines style british, cascades, ballade a pied au milieu des feuilles de the, et on a meme vu des elephants sauvages!

Nous reembarquons a bord d'un autre bus pour 6h de voyage jusqu'a Madurai. Cette fois, il y a des vitres, mais le chauffeur nous montre que nous avions sous-estime la vitesse a laquelle peut rouler un bus-y compris sur des routes sinueuses de montagnes en descente. Heureusement que le paysage grandisose est la pour nous detendre! Au cours de ce trajet, le bus reussit quand meme a renverser un rickshaw (indemme heureusement) et a doubler une ambulance roulant a fond avec son girophare!

De retour dans la plaine, nous allons partir a l'assaut des temples et decouvrir les trajets en train...




samedi 6 décembre 2008

Une arrivee mouvementee 2

Nous sommes toujours a l'aeroport, suant a grosses gouttes alors que l'heure avant l'aube est censee etre la plus fraiche... Nous decidons de prendre un taxi jusqu'au quartier ou le Lonely Planet indique pas mal d'hotels. Le taxi se prepaie, heureusement car l'humeur n'est pas au marchandage!
Le style de conduite indienne nous stresse alors qu'une bonne partie du trajet se fait sur un 4 voies avec terre-plein central: nous n'imaginions pas alors que ce trajet etait en fait tranquille pour l'Inde. Toujours est-il que le chauffeur fonce dans la nuit, double par la droite et la gauche, seulement dans les virages sinon c'est pas drole, evite de justesse chevres et pietons qui sont sur la route eux aussi. On se croirait dans une poursuite de James Bond, sauf qu'on est pas surs de resister a tous les chocs, nous!
Nous echouons avec nos gros sacs dans un quartier calme et un peu eclaire. Nous rentrons dans tous les hotels que nous voyons, tous sont pleins ou beaucoup beaucoup trop chers. Nous sommes au bord de l'epuisement, quand nous trouvons un hotel pas terrible, mais ou il reste une chambre avec la clim. Nous pensions dormir quelques heures au frais et reprendre des forces. Erreur: la chambre est sacrement sale, la salle de bain pue l'humidite et est crado Mais accrocher la moustiquaire nous rassure un peu. La clime fait un bruit dingue et nous finissons par l'eteiendre pour pouvoir dormir. Tout ca pour la somme de 1000 roupies (beaucoup trop).
On se couche a 7h30. Charly dort un peu, moi pas, trop stressee.
Il fait jour et la lecture du guide me rassure un peu: dehors, ca a l'air chouette Cochin!