dimanche 28 juin 2009

A bord du Transmongolien : Beijing --> Ulan-Bator

29 - 30 avril
24 heures de train

Nous sommes enfin à bord de ce train mythique. Le "steward" de notre wagon est un jeune Chinois timide, parlant à peine anglais et surtout très gentil. Il nous conduit à notre cabine, prévue pour 4 personnes. Tout de suite, nous réalisons que nous sommes tombés sur le meilleur colocataire possible: un jeune Japonais. La nationalité japonaise est en effet une garantie de politesse et de discrétion. Il prend ce train d'un seul trait jusqu'à Moscou où il commence un grand tour d'Europe. Il sera très silencieux pendant tout le voyage.

A ma grande surprise, Charly-la marmotte ne tarde pas à s'endormir. Je sors dans le long couloir pour regarder le paysage par la fenêtre. Ce dernier est assez désolé, parfois traversé d'une route ou d'un pont en construction, ou parsemé de quelques usines crachant de la fumée d'une couleur peu engageante.

Un couple de jeunes Allemands fait de même non loin de là. Je fnis par oser leur parler. Ils viennent de travailler deux ans à Phnom Penh au Cambodge, elle dans une célèbre association pour les enfants des rues, lui au Tribunal International jugeant les crimes des Khmers Rouges. Il ont visité la Chine et rentrent en Europe en train. Ils retournent vivre à Hambourg, leur ville d'origine. Ils parlent un peu français et sont passionnants. Charly, que mon merveilleux accent anglais finit par tirer de son sommeil, se joint à nous.

Ils nous apprennent que notre ticket nous fait bénéficier d'un dîner gratuit au wagon-restaurant. Nous décidons de nous y rejoindre plus tard. Le paysage change et devient de plus en plus aride à mesure que nous approchons du désert de Gobi. Nous dînons tous les quatre, assez frugalement il faut bien le dire mais c'est bon. Le service décoiffe : on nous lance presque nos assiettes avec trois boulettes de viande dedans ; on nous les enlève dès que nos baguettes ont touché le dernier morceau. C'est très stressant!


Jörgen a en particulier beaucoup d'humour. Il tient absolument à ce que l'on goûte au vin rouge vendu au bar, nommée pompeusement "Great Wall" (Grande Muraille). Ce vin est absolument immonde mais ça n'empêche pas Jörgen d'en commander une deuxième bouteille. Comme il dit (en montrant son front): "The Great Wall wine, I don't know if it's great but I'm sure we will have the wall ! " Nous rigolons bien, surtout quand un membre du personnel du train, qui dîne un peu plus loin, commence à se mettre torse nu. Ah ces Chinois, quelle classe!

Le soleil se couche et nous approchons de la frontière. Nous y passerons de longues longues heures, car après les vérifications d'identités et les quelques formulaires d'usage, il faut aussi changer les roues du train. Les rails russes (et donc mongols) n'ont en effet pas la même largeur que les rails des autres pays - par peur des invasions !

Nous décidons alors de descendre sur le quai pour prendre un peu l'air. A notre grande angoisse, le train se met en branle et disparaît dans la nuit. Comme notre "steward" nous a autorisé à descendre, nous restons calmes. Après un quart d'heure d'attente un peu anxieuse, Le Beau Danube Bleu de Strauss est soudain diffusé à plein volumes par les hauts-parleurs du quai. Notre train sort alors de la brume et s'avance majestueusement vers nous. On se croirait dans un film !

Nous sautons à bord. Notre train s'ébranle à nouveau pour arriver dans un grand hangar où chaque wagon est soulevé de terre pour qu'on puisse changer ses roues. Nous regardons la fascinante opération par la fenêtre du train, bien au chaud. Ceux des passagers qui ne sont pas remontés assez vite patienteront une heure et demie dans la nuit glaciale, sans pouvoir assister à ce merveilleux spectacle !

Il est très tard quand le train reprend sa route. Nous sommes épuisés et filons enfin nous coucher. A notre réveil (tardif), nous nous rendons compte que nous avons manqué les dunes de sable du désert de Gobi. Nous sommes déjà au milieu des steppes. Le Japonais nous informe que le wagon restaurant a changé à la frontière ; après vérification il est maintenant en style mongol, tout en bois. C'est très... mignon !


Nous repérons les premières yourtes, les premiers troupeaux de moutons et de chevaux. Alors que nous déjeunons de nouilles instantanées (seul repas possible dans le train, grâce au samovar distribuant de l'eau bouillante), nous apercevons des immeubles et des usines. Pas de doute, nous arrivons à Ulan-Bator!


Sur le quai avec nos amis allemands
(et notre gros sac à provisons dans les mains de Charly)

1 commentaire:

  1. je n'arrive pas à savoir si tu es très zen ou très endormi sur la première photo ?

    RépondreSupprimer