mardi 23 juin 2009

Mais qu'allaient-ils faire dans cette galère?

8 - 9 avril

Le 7 avril, veille de notre grand départ en bateau pour retourner en Chine, je reçois un mail alarmant. Un monsieur japonais me demande pourquoi nous ne nous sommes pas présentés à l'embarquement du ferry le 6 avril. Horreur, je me suis plantée de date dans mon mail de réservation! Le pire c'est que je l'ai relu 2 fois et Charly une fois, lors de notre marathon des réservations en catastrophe, avant de partir de Hong-Kong. Nous avions déjà fait une erreur pour notre guesthouse de Nikko, là ça commence à faire beaucoup. Charly est atterré par ma bêtise et moi aussi...

Je ne cède pas à la panique, renvoie un mail en m'excusant mille fois et demande de nous réserver deux places pour le lendemain. Je me dis qu'en cette saison le ferry ne sera pas plein. Charly n'arrive pas à partager mon optimisme. Nous allons nous coucher en priant pour ne pas rester bloqués au Japon.

Lever très tôt car il faut d'abord rejoindre le port de Shimonosaki en shinkansen. Je trouve un Charly le visage défait en sortant de ma douche. Il m'explique que

- son sac est fermé par un cadenas
- un autre cadenas ferme le casier de la chambre, contenant nos appareils photo et nos passeports
- il y a deux sets de clés pour ouvrir ces cadenas
- le premier est dans un sac dans le casier fermé par un cadenas
- le second est dans la poche du pantalon de Charly, qu'il a rangé dans son sac avant de le verrouiller !!

Nous avons en effet pris le réflexe de toujours fermer nos sacs quand nous les laissons sans surveillance. Ce sont nos vraies maisons et chaque chose à l'intérieur nous est indispensable.

J'essaie de ne pas paniquer malgré l'heure qui tourne. Je me dis que la bêtise est contagieuse. Mais Charly passe du blanc au rouge, nous voit déjà loupant le bateau ; d'un air égaré il va chercher un couteau dans la cuisine et commence à éventrer son sac par le côté. Je l'arrête, lui rappelant qu'on ne peut pas massacrer ce sac dont on a absolument besoin. Il s'énerve en me reprochant mon calme, il a l'air d'un vrai fou furieux avec son couteau à la main ! Mais il finit par entendre raison et par inciser délicatement le précieux sac à l'intérieur de la poche de devant pour limiter la casse. Je glisse ma main dans l'ouverture et parvient à extraire le pantalon. Les clefs sont dans la poche... victoire!

Nous réussissons à avoir notre train et arrivons à Shimonoseki suffisament en avance. Après une attente angoissée et quelques palabres au guichet, nous apprenons, soulagés, que nous avons des places à bord. Nous commençons à nous détendre et allons faire des provisions.

Nous finissons par monter à bord de l'immense ferry. Il transporte surtout des conteneurs et peut accueillir une centaine de passager. Mais toutes les coursives sont désertes, on doit être 20 à bord. On se croirait sur un bateau de croisière fantôme. Notre cabine pour 6 personnes est, elle aussi, vide.

Nous apprenons que les passagers ne sont pas autorisés à sortir sur le pont. Or ça sent quand même pas mal le renfermé... Tant pis, nous nous installons dans un salon décrépit. Charly recoud son sac avec application, je poursuis mon scrapbook. Nous rencontrons un couple franco-luxembourgeois qui viennent de passer trois mois (en travaillant parfois) au Japon. Le mec nous explique que ça fait plusieurs années qu'il ne passe pas le concours de l'IUFM car ça tombe toujours pendant ses voyages (!).

Un des rares passagers...

Pendant les 24 heures que dure la traversée, nous glandons, mangeons des nouilles instantanées et dormons beaucoup. Charly apprécie cette ambiance un peu hors du temps, je suis de mon côté attaquée sournoisement par une grosse migraine. J'y avais échapé depuis le début du voyage, il ne fallait pas rêver!

Je reste dans mon lit toute la fin du voyage, désespérée de ne pas pouvoir sortir prendre l'air. On nous laisse enfin sortir sur le pont une heure avant l'arrivée: c'est la libération!




Nous entrons dans le port chinois de Qingdao et observons les marins lancer d'énormes cordages pour amarrer le bateau. Nous devons encore attendre une heure que les services de la douane fassent leur cinéma et pouvons enfin débarquer, entourés de policiers nous conduisant en rangs serrés jusqu'à la douane.


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