vendredi 30 janvier 2009

Motorcycle Diaries - Day 3

25 janvier
Dernier jour de notre boucle

Réveil dans notre chambre toute en bois de Paksong, avec vue sur les plantations de bon cafe. De gros singes noirs font des acrobaties délirantes dans les arbres sur lesquels donne notre fenetre.
Pas envie d'une soupe pour le petit-dejeuner, seul plat disponible dans une zone non touristique. Nous nous achetons donc lachement des cookies au chocolat et repartons sur la route.

Les maisons sur pilotis (pour etre a l'abri de l'humidite pendant la mousson), les jardins fleuris et les plantations de cafes qui bordent la route offrent un paysage vraiment splendide. Nous empruntons bientot une piste terreuse et caillouteuse pour atteindre un parking avec des cars décores de rideaux roses bonbons, de cygnes et de princesses... ah, le bon gout thaïlandais!
Le vrai but de notre excursion est une immense cascade de 100m de haut. Encore une cascade me diriez-vous? Oui mais celle-ci est immense et au milieu de la jungle, le spectacle est superbe.

Tarzan et Jane
Nous décidons de suivre ensuite la ligne du Lonely Planet indiquant que l'on peut rejoindre d'autres cascades en 45mn par un "charmant sentier forestier". Rapidement, nous nous retrouvons sur un sentier zig-zaguant au milieu de la jungle épaisse. ll descend tres raide et nous devons nous accrocher aux lianes pour garder notre equilibre et enjamber des arbres abattus. C'est tres beau, on entend des bruits d'oiseaux et les arbres sont immenses... Mais on se rappelle aussi du paragraphe du meme Lonely Planet expliquant que nous sommes "en bordure d'une reserve naturelle où les tigres sont réputes manger les chasseurs imprudents" (CMA: mais bon, nous ne sommes pas des chasseurs, et surement pas imprudents!). On se souvient aussi que dans la jungle il y a des serpents peu sympathiques.
Nous nous reprenons devant ces peurs ridicules avant de nous rapeller que la région est truffée de mines et qu'il faut donc bien rester sur le sentier (CMA: heureusement pour nous pas trop mal tracé, donc ne datant pas des annees 1960). Nous poursuivons notre progression, mi-contents d'etre au coeur de la junge, mi-maudissant le Lonely Planet car ca fait deja 40mn que l'on marche. Nous sommes heureusement armés d'une grande bouteille d'eau et de la boussole d'Adeline et nous continuons a marcher vaillamment vers l'Est!

Au moment ou nous commencons a desesperer et songeons a faire demi-tour, nous croisons un groupe de Suédois qui nous assurent que nous sommes sur la bonne route. Nous traversons une riviere, escaladons peniblement une colline a pic, nous aidant de lianes pour ne pas glisser, et débouchons finalement, trempés du sueur, a la Tat Fan Resort, le but de la ballade. Victoire, il n'y aura pas de second Namo Bouddha!


Nous déjeunons au resto de cet hotel, où ils nous servent des portions bien indignes des aventuriers affamés que nous sommes. Mais la vue des deux gigantesques cascades qui jaillissent de la jungle pour y replonger 120m plus bas nous recompense largement de nos efforts. Nous rentrons tranquillement, par la route cette fois!

Le trajet du retour vers Pakse se fait sans ecombres mais avec une pointe de tristesse... notre boucle a moto s'achève deja. Adieu la liberte et bonjour les bus!

Pour nous réconforter, nous allons manger de délicieux poissons grillés au bord du Mékong. Nous ne savons toujours pas de quels poissons il s'agissait (car indiqués en anglais et en lao sur la carte), mais ils étaient incroyablement bons!

dimanche 25 janvier 2009

Motorcycle Diaries - Day 2

24 janvier
Récit d'une journée franchement difficile

Debut de journée epuisant : nous nous levons a l'aube pour nous tremper au Soleil levant dans une piscine naturelle en haut des cascades. L'eau est fraiche et douche, mon Dieu quelle horreur dans quel monde vivons-nous mais où se cache donc le bonheur ?

Puis, nous redescendons prendre un petit-déjeuner horrible, constitué de tranches de baguettes croustillantes, d'oeufs vraiment frais passes a la casserole, et de milk-shake à la coco. La mamie qui s'occupe du restaurant, adorable et souriante, nous epuise avec ses rires et ses attentions. Je suis au bord des larmes, Aglae semble en proie à une dépression profonde. Puis, nous nous trainons lamentablement au Tadlo Lodge, établissement chichiteux où nous attend... quoi encore ? une promenade en elephant (savent plus quoi inventer, hein).

Bon, c'est vrai que, en se forcant, à bien y considerer, la promenade en éléphant c'était vachement trop cool top bien. Nous sommes montes sur un "petit" elephant d'Asie, bien cales sur une espece de petit canapé de fortune, et le cornac, aussi disert qu'une porte de prison mal réveillée, a guidé l'énorme bete a travers la jongle. Il faut savoir que ces cornacs guident les néléphants en leur frottant l'arriere de leurs immenses oreilles avec les orteils. Allez savoir pourquoi, ca fait avancer l'elephant.

Une fois sur le dos des betes, il est assez frappant de voir a quel point tous les reperes changent. La tendance a peter plus haut que les fesses du pachyderme augmente avec l'altitude, et j'avoue avoir eu l'impression qu'on etait des maharadjas!

L'elephant lui-meme est sacrement impressionnant : vous avez beau toucher sa peau, impossible de croire qu'un etre vivant se cache dessous. Le cuir est si epais qu'on pourrait y enfoncer des couteaux suisses, que le nelephant ne le sentirait point. L'armée de petits poils dresses sur sa tete nous a par ailleurs poussé a croire, a tort vraisemblablement, que notre bete était un ancien punk.

Hannibal de poche
Foin de blagues, je peux vous dire qu'on rigolait moins une fois sur la Bete. Quand on l'a vu traverser des rivieres au-dessus des cascades, monter ou descendre des chemins a pics, passer sans glisser sur d'enormes rocs trempes (les memes ou Aglae se cassait allègrement la gueule la veille au soir), sans avoir l'air le moins du monde de perdre son equilibre, nous avions du mal a en croire nos petits yeux chafouins. A un moment donné, je me suis senti tel Hannibal traversant les Alpes pour marcher sur Rome. Le cornac, toujours aussi sympathique, s'est endormi sur l'éléphant pendant que nous admirions le paysage. A un moment, il semble qu'il se soit reveillé le temps de s'accrocher à notre siege (lors d'une descente particulierement flippante), puis il s'est rendormi !


Cela dit, faire une promenade de 1h30 en éléphant est génial, mais je plains ceux qui font des treks ou carrément qui ont traversé les Alpes : il s'agit véritablement du 4X4 des animaux, passant partout, mais a une vitesse desespérément lente.


Tout Lao sur la colline
Nous décidons de reprendre un moyen de transport rapide et polluant, et remontons dare-dare sur notre moto. Juste le temps de rencontrer a la réception de l'hotel la femme qui a inspiré le début de ce post : nous croisons une Francaise de la soixantaine, grosse et grasse, transpirante, en train de demander les prix des bungalowz d'un air fatigué. Gentiment, nous lui disons que nos bungalows en bois sont vraiment charmants, qu'ils sont situés dans un joli jardin, et qu'elle devrait y aller. Sans nous remercier du conseil, elle commence a entamer une crise de nerfs :

- Oui mais c'est tellement cheeeeeeeeeeeeeer !
- .... (
silence masquant l'envie de repondre "oui mais 5 euros pour un bungalow devant une cascade c'est pas beaucoup")
- La je n'en peux plus, parce que vous voyez, je voyage seuuuuuuuuuuuuuule, et lá, ils commencent a me FATIGUER!

A nouveau, nous sommes particulierement enchantés de voir l'humeur dans laquelle nous trouvons nos compatriotes dans un pays où les gens sont si charmants... La femme s'en va, sans un sourire pour nous, vive la France !

Onne zi Rhodes heugaine
Bang bang nous voila repartis sur notre petaradante 100cc. Peu de temps apres, nous avons l'occasion de constater que, si le pays et ses infrastructures routieres se développent avec la rapidite d'une flèche, la route que nous devons prendre pour 25 km est toujours aussi pourrie qu'à l'époque de la rédaction du Lonely Planet : nids-de-grosses-poules-bien-grasses, raz-de-maree de poussière au passage des camions, gros cailloux dangereux pour notre équilibre et petits cailloux vicelards pour les pneus. Nous nous relayons souvent, mais la route, qui monte beaucoup, parait longue, très longue. In fine, nous debouchons à nouveau sur une belle route : vive la civilisation !

Et surtout, miracle, nous n'avons pas crevé, alors que nous avions parié que ca nous arriverait.


Grah-Meh sait faire un bon Kah-Feh
Cette route, qui montait au point que notre scooter lancait souvent de longues plaintes douloureuses, nous a amené sur le Plateau des Boloven. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce plateau ne se situe pas en Hollande, mais bien dans le Sud du Laos ; c'est là qu'y pousse une très forte production d' Arabica Typica, ou quelque chose comme ca, considere comme le meilleur café du monde - les colons francais l'appelaient le Champagne des Cafés.

Et c'est vrai que ce café, avec lequel nous nous saoulons depuis notre arrivée dans le pays (notamment a coups de rafraichissants kah-feh lao glacés), est particulièrement fort et gouteux!

Quant au Plateau lui-meme, symbolisé par sa ville principale, Paksong, dans laquelle nous passons la nuit, il n'est pas particulièrement adapté au tourisme : peu de pensions, très peu de restaurants, aucun magasin, et surtout, AUCUN CAFÉ !!!! Nous sommes dans la capitale Asiatique du café, et aucun petit magasin ne propose de déguster du café... Nous tentons d'abord une échoppe d'un petit producteur hollandais, mais il n'est pas là, et nous rencontrons à la place sa femme, assez allumée, qui prendra Aglaé dans ses bras (!), avant d'essayer de nous vendre un kilo de café en grains. Nous refusons poliment, Aglaé se dégage de son étreinte.

Nous essayons enfin un petit bouge-restaurant. Là, à coté de la patronne qui berce son bébé devant 3 gigantesques enceintes qui crachent de la pop thaie à plein volume (nous nous bouchons les oreilles, l'enfant doit déjà etre sourd), nous dégustons un café glacé si fort, si lacté et si sucré que nous croyons pendant 10 bonnes minutes qu'il s'agit d'un très bon chocolat froid !
(Note d'Aglae: c'est avec joie que j'ai decouvert que le cafe, ca n'etait pas seulement pour se reveiller les matins difficiles ou un pretexte pour prendre une pause a l'EPAMSA, mais qu'il y avait de vrais aromes subtils dedans!)

Après avoir visité Paksong, une ville assez morte, nous traversons quelque chose qui se situe entre la Foire du Trone (les attractions, les morveux, les beignets froids) et le rassemblement des Jeunesses Bouddhiques (des gens en toges oranges qui parlent dans des micros, d'autres assis en face les yeux pleins de dévotion), puis échouons dans un restaurant. Nous commandons la meme chose que les voisins, c'est-à-dire une espèce de barbecue-fondue, dans lequel nous sommes supposés jeter tous les ingredients possibles : laitue, citronelle, menthe, viande, oeufs, nouilles. Parmi les sauces d'accompagnement: des cacahuetes, d'atroces sauces au poisson et du sucre ! L'ensemble, contre toute attente, est plutot bon, et nous ressortons pliés en deux de bonheur et d'estomac tendu.

Nuit tranquille passée entre le bruit de la télé des voisins et le matelas le plus dur de la Création, et nous voilà repartis pour la fin de la Boucle !

Langues en tous genres (ebauche)

[Les fins observateurs auront remarqué que les accents sont de retour sur les derniers messages : notre présence actuelle au Cambodge, oú les accents sont accessibles depuis les claviers, probablement à cause de la proximité géographique et culturelle du Vietnam, n'y est pas pour rien]

Namaste, sabaidee, johm rip sue !

S'il y a bien une chose qui ne semble guère intéresser Aglaé, et qui me fascine plus haut point dans ce voyage, c'est bien la linguistique.

Il m'aura fallu traverser la moitié de la Terre, une bonne partie de l'Inde et maintenant de l'Asie du sud-Est, pour réaliser à quel point les langues me passionnent. C'est d'ailleurs bien le seul sujet sur lequel mon enthousiasme ne semble pas atteindre Aglaé. On ne compte plus les moments où, attablés à une table pour manger, alors que nous attendons nos plats, je m'exclame à propos d'un trait étonnant de langage, d'une ressemblance entre deux langues, ne rencontrant face à moi qu'un visage interdit et un estomac affamé.

Aucun sarcasme là-dedans : c'est bien plutot moi dont la passion pour les langues apparait un peu ridicule.

Toujours est-il que, pour ceux que ces sujets intéressent, traverser aussi vite autant de pays donne un apercu passionnant des liaisons linguistiques entre les nations de la région, qui recouvrent systématiquement des relations culturelles.

L'Inde bien sur, est un sujet d'études sans fin, et le terreau favori des linguistes. En un mois, nous avons traversé 5 ou 6 langues officielles, dont chacune était dotée d'une écriture particulière, et chacune n'avait rien à voir avec la précédente. Sans parler de l'anglais qui faisait le liant, un anglais particulier, avec un accent... particulier. L'écriture des langues du Sud, notamment (tamoul, telougou...), ressemblait beaucoup plus aux écritures thaï ou khmers, voire au Coréen, qu'au sanskrit, écriture de l'Hindi et du Népalais.

Ecrit sur du vent
Pour finir sur les écritures, si j'ai eu peu d'informations sur les langues du Sud, le sanskrit est un alphabet dont la structure est la meme que l'hebreu, l'arabe et surtout les écritures d'Asie du Sud-Est (ces dernières en dérivent, ce me semble) : les voyelles s'ecrivent avant, apres, au-dessous, autour ou en-dessous des consonnes ! Un système un peu bordélique, de l'aveu meme de Razeena la Népalaise ou de Davy le Cambodgien, d'autant que les voyelles sont parfois de toutes petites annotations faciles à confondre. Je reste toutefois admiratif de la brillante idée du sanskrit : chaque mot est traversée de la fameuse barre qui donne un air si oriental, afin de le séparer des autres. Je trouve que ca donne une force aux mots par rapport aux autres.

A l'autre inverse, les sublimes et délicates écritures laos, khmers et thaïs présentent une difficulté notable : rien ne sépare les mots, qui sont tous écrits les uns collés aux autres ! Une phrase devient une longue suite de sons, et on doit en extraire les mots mentalement...

Tons et sons
Coté sonore, l'Inde, qui nous chahutait par ailleurs les oreilles à coups de klaxons, nous a enchanté les oreilles de voix toutes différentes. Les 18 langues officielles se mélangent plutot harmonieusement, et il est parfois impossible de savoir si l'interlocuteur s'exprime en anglais, en télougou ou en hindi, tant le célèbre accent indien mélange tout. Les langues du Sud ont cela de japonais qu'elles ressemblent, à qui ne les comprend pas, à une longue suite très rapide des memes trois sons : gou, lou, di, mélangés un peu au hasard. L'hindi était plus complexe, le népalais complétement protéiforme : les deux langues ressemblent parfois à du chinois, parfois à l'espagnol, à l'allemand... On y retrouve, pour des mots très simples, les fameuses racines indo-européennes : sept s'y dit sat, huit s'y dit aht, neuf noe et dix dos !

Il était très étonnant de voir d'ailleurs comment l'hindi, que les Indiens du Nord tentent d'imposer comme langue officielle unique du pays, influence, via Bollywood, tous les pays avoisinants : ainsi, Razeena nous expliquait que la quasi-totalité des Népalais savent parler hindi, sans jamais avoir pris de cours, tant ils sont tous gavés des films de Bombay !

Dès notre arrivée au Laos, plus rien à voir du tout. Vientiane se prononce en fait Wieng Chang, et notre rencontre avec le lao est l'occasion de notre premier contact avec ces gros salauds de TONS qui, on le sait déjà, vont pourrir toutes nos tentatives de communication avec les Chinois et les Vietnamiens.

Le lao, comme le thai, comporte en effet non pas 4 tons comme en mandarin, mais bien 6 tons (le pire étant le cantonais, qui en comporte 9 je crois) : grave, aigu, median, ascendant, grand ascendant et descendant... Contrairement aux croyances, nous pratiquons deja ces accents dans la langue francaise, mais plutot pour indiquer la fin d'une phrase, un point d'interrogation, une exclamation, un doute, etc. Sauf que là, il faut parfois indiquer 23 interrogations et 14 exclamations dans la meme phrase !

Autant vous dire tout de suite que cela a freiné les vélleités déjà faibles d'Aglaé de se faire comprendre en lao...

Des consonnes plein les poches
Et depuis notre arrivée au Cambodge, c'est encore pire : si les tons ont disparu, la prononciation khmère est tellement complexe qu'il est impossible de vraiment la transcrire, et qu'on est très rarement compris par les gens du coin : 33 consonnes et 24 diphtongues se combinent de facon toujours plus délirante. "Je m'appelle" se dira donc kh'nyom tch'muah, une succession de consonnes qui fait palir d'envie les Hollandais !

Mais pourtant, de petits efforts sont tout de suite récompensés : pouvoir demander les prix en lao ou en népalais, comprendre la réponse et marchander, toujours dans la langue, font partie des petites victoires personnelles du voyageur, mais surtout fait toujours naitre un petit sourire chez l'interlocuteur, et peut-etre l'idée qu'après tout, ces touristes font quand meme un geste.

Fin provisoire de ces réflexions idiotes et superficielles sur les langues.

Motorcycle Diaries - Day 1

23 janvier

Après Tha Khaek, nous foncons vers Pakse, autre point de départ de routards. Le trajet, plutot ennuyeux étant donné la diversité des paysages (foret, foret, foret), est émaillé de karaoké insupportable. Est-ce mieux que ce bus au Népal, dont nous avions oublié de vous parler, où un jeune homme mettait un point d'honneur a écouter ses sonneries de portable en boucle (il semblait les adorer) ? Difficile de trancher...

On the road again

Apres notre premier essai enthousiasmant - malgré des égratignures pour tous et deux bleux géants et violets fluos pour moi, nous larguons enfin nos gros sacs à dos (a l'hotel) pour partir à l'aventure en moto. Notre projet est de parcourir un bout de la Boucle Sud proposée par le Guide, soit 3 jours de voyage au lieu de 6. Mais voila, il faut d'abord trouver une moto! La premiere qu'on essaie de nous refiler a du scotch partout, mais surtout un compteur qui ne marche pas : impossible de savoir à quelle vitesse on roule, ou si le reservoir est plein ou vide... L'importance de ces détails pour un voyage de 3 jours nous pousse a courir chez le loueur suivant. Nous y trouvons une jolie petite moto rouge qui ne va pas trop vite (100cc) et l'adoptons sur le champ.

Charly prend le guidon, je m'accroche à lui (a moitie rassuree car mes bleux me rappellent avec insistance son art incomparable pour prendre les virages en douceur), et vroumm... c'est parti!

La route file droit vers l'est, toute bien goudronnee, et tres vite nous sommes hors de la ville avec un paysage sauvage se déroulant devant nous. Une voiture nous depasse tous les quarts d'heure, nous croisons une moto toutes les 10mn, Charly ne fait plus de zig-zags inexpliqués... Au bout de 10km, je me dis qu'on a bien fait de suivre les conseils de notre cher Lonely Planet nous expliquant que le Laos etait le pays d'Asie où on pouvait vraiment faire de la moto tranquillement.


Nous nous relayons au guidon, dejeunons dans un petit boui-boui au bord de la route. Charly doit se resoudre a aller montrer dans la cuisine ce qu'on veut manger, car les quelques mots qu'il tente en Lao restent sans effets. Apres 80km des plus agréables, nous obliquons sur une petite piste en terre. Et au bout de la piste, c'est:

Le Paradis!

Le petit village de Tat Lo, completement perdu au milieu de la foret, est un havre de paix, rafraichi par des cascades chantonnantes. En moins de 5mn, nous trouvons un toit de reve pour une somme ridicule: un petit bungalow en bambou et en osier, au milieu d'un jardin luxuriant habité d'énormes papillons bleus, tout près de la riviere et avec le bruit de la cascade comme berceuse!

Nous continuons dans la lignée "jardin d'Eden" en allant nous baigner dans la riviere au pied de la cascade. Absolument divin pour deux motards poussiereux et suants!

Suivant l'exemple des enfants du coin, nous remontons le long de la riviere en bondissant de rocher en rocher pour atteindre une autre cascade en amont. Elle est gigantesque, cette fois plus assourdissante que chantonnante... et au sommet, perchés sur des rochers glissants. entoures de rapides... des enfants qui pechent a la ligne. Ce ne sont que des ombres chinoises sur fond de trombes d'eau qui s'écrasent 20m plus bas.

Nous rentrons par la foret, et soudain surgit des fossés, presque silencieusement, un elephant avec deux cornacs sur son dos. L'un deux lui dit des mots mysterieux et il s'allonge souplement pour les laisser descendre. Puis ils disparaissent dans la foret, toujours silencieusement. Cette breve rencontre nous rappelle que nous allons faire une promenade a dos d'éléphant le lendemain... nous sommes si impatients!

Coucher du soleil vertigineux

Nous reprenons le guidon pour aller voir une derniere cascade, tout au bout de petites routes poussiereuses et desertes. La lumiere déclinante est superbe et la cascade, vertigineuse. On arrive par le haut et en se penchant (CMA : prudemment) on ne voit meme pas où l'eau s'ecrase. Des enfants vraiment marrants nous accompagnent, et Charly parvient meme a echanger quelques mots en Lao avec eux! Je glisse lamentablement sur des rochers vaseux (CMA: heureusement loin du precipice), ce qui ajoute quelques bleux de plus a mon palmares éblouissant.

Evidemment, les enfants gentils se transforment en enfants mendiants à notre depart, et veulent etre rétribués en tant que guides. Nous leur donnons des gateaux, un peu blases. Nous nous depechons sur la route du retour pour arriver avant la nuit noire (mission presque reussie).

Le soir resto sympa assis a cote de Québecquois (decidement les francophones nous poursuivent au Laos) avec en fond le film le plus absurde de tous les temps (Voyage au centre de la terre, un vrai navet hollywoodien avec des acteurs moches, des effets spéciaux moches et des dinosaures tout aussi moches).

Nous nous endormons bercés par la cascade... Demain a nous les éléphants!

jeudi 22 janvier 2009

Tha Kaek - Not easy riders

SPOILER UNIQUEMENT DESTINE AU CLUB DES MAMANS AFFOLEES (ci-apres nomme CMA)
Les autres lecteurs doivent sauter le paragraphe suivant sous peine d'un manque de suspense deprimant

Cher club des mamans affolees,
Nous vous avons ecoutees, nous vous avons comprises.
Malgre tout, nous avons decide de louer un scooter au Laos. Nous entendons deja vos hurlements de rage, MAIS:
-si nous sommes en train d'ecrire ce blog, c'est que tout va bien!
-nous avons fait un test d'une journee avant de faire une boucle de 3 jours
-nous avons lu 10 fois l'encadre "moto" du guide et suivi tous les conseils scupuleusement
-il n'y a pas de circulation au Laos, vraiment pas de tout et les gens sont prudents (rien a voir avec les fous du volant indiens)
-les routes sont globalement neuves
-nous avons mis casques, pantalons et chemises manches longues, emporte trousse de premiers secours et coordonnees de l'assistance medicale
-il y a des reparateurs tous les 2km
-nous avons loue la moto la plus lente possible (un scooter a 3 vitesses et 100cc)
-nous n'avons JAMAIS depasse 50km/h en ligne droite et 40km/h dans les virages
-nous avons ete super concentres sur la route, tout le temps

Pardonnez-nous mais c'etait inoubliable!

Aglae



Tha Khaek, donc, le 21 janvier.

Apres avoir scrupuleusement lu le Lonely Planet Laos, Aglae etant au bord de l'avoir appris par coeur - elle a meme dessine de nouvelles cartes de la region, dans les pages blanches de la fin - nous comprenons un fait essentiel : Tha Khaek n'offre aucun autre interet qu'etre une agreable ville endormie le long du Mekong, petit bars sur le fleuve a l'appui...

... a part si on explore ses environs, constitues d'immenses formations karstiques, de multiples grottes, de paysages incroyables, etc. Et le seul moyen de les explorer, c'est soit de depenser 100 euros par jour en tuk tuk, soit de louer leurs motorbikes, qui sont en realite des scooters a vitesses (110 cc).

Decision est donc prise, la veille, en mangeant du porc grille dans un improbable restaurant-chalet perdu dans un terrain vague, tenu par une tout aussi improbable Vietnamienne en mini-short, decision est donc prise, disais-je, de louer un scooter, a condition de les essayer, et de voir si c'est facile a manipuler.

Notre guesthouse a tout du Lodge de safari : des routards aux cheveux mi-longs, professeurs d'anglais en Chine ou regisseurs de cinema en conge d'intermittents (qui a ete maitre du temps dans Fort-Boyard!!!), se regroupent le soir aupres d'un feu, jouent de la guitare et parlent de la Boucle du Centre. La Boucle du Centre est un mythique tour de 5 ou 6 jours, dans la region de Tha Khaek, ou on s'arrete dans des petits villages autour d'une zone protegee. Nous ne la ferons pas, par manque de temps et d'experience pour ce genre de folies.

L'ambience est donc chouette, malgre des chambres archi-sommaires et pas gratuites, et surtout un eloignement terrible du centre-ville, du Mekong et de ses grillades et boulangeries.

Motorcycle Diaries
Le lendemain matin, nous nous empiffrons d'un petit pot de Nutella importe achete a Vientiane (meilleur moyen de calmer les angoisses d'Aglae vis-a-vis des deux-roues motorises), et rejoignons Monsieur Ku, loueur de scooters affilie a l'hotel. Il nous rassure tres vite, en nous donnant son numero de telephone portable, une carte du coin et des expressions pour se faire comprendre en cas de pepin (nous pouvons maintenant dire "regonflez-moi ce pneu" en lao). Mieux, il m'initie aux arcanes de ces petites machines.

Franchement, un plaisir a conduire. Le passage des vitesses est simple et intuitif, la moto maniable et reactive. Quand Aglae vient poser son lourd popotin derriere moi, l'equilibre est un poil plus instable, mais je suis plus rassure qu'en velo, machine que je hais.

Vaches, motos et bulldozers
Pour rassurer le Club des Mamans Affolees (CMA), il faut savoir que nous avions decide de louer une moto-scooter car ce moyen de locomotion est ideal au Laos, certifie par notre guide de voyage : c'est le pays de la region qui presente la circulation la plus faible possible.

Et en effet, a peine sortis de la "ville" de Tha Khaek, la circulation se rarefie, a un point que nos trajets soporifiques en bus n'avaient qu'a moitie fait comprendre : pendant notre journee de moto, nous avons croise 15 motos, 3 voitures, 4 camions qui refaisaient une portion de la route, et une bonne cinquantaine de vaches traversant paisiblement la route. Cette derniere categorie de vehicules represente donc la plus forte population sur les routes, et un coup de klaxon suffisait la plupart du temps a faire s'activer leurs carcasses.

Au bout de 5 minutes de voyage, nous avons compris que, quoi qu'il arrive, nous ne regretterions pas le voyage : d'immenses falaises karstiques, effilees et uniques, surgissent comme des pitons de la plaine, et encadrent la route. L'impression d'etre dans l'Ouest americain, mais en Asie, nous tenaille, sauf que la route est vide, et que la vegetation a tout recouvert.

Nous partons vite a la recherche d'une premiere grotte, la grotte de l'Elephant, tres sacree, dans laquelle nous trouvons, au milieu de dizaines de bouddha en plastique tout repeint, un vague petit rocher de 5 cm de haut, representant vaguement la tete d'un elephant. Ouah ! Juste le temps de faire semblant de s'extasier et nous sommes repartis, les grottes et sites touristiques etant plus de vagues destinations entre lesquelles moduler de somptueux trajets, que des buts en eux-memes.

Surtout, pour arriver dans ces grottes, nous traversons de tres jolis petits villages, assez pauvres toutefois, ou des gens souriants nous indiquent toujours un endroit a l'ombre ou garer notre moto.

Chute a l'arriere, chute !
En revenant de la grotte de l'Elephant, malediction bouddhique ou vengeance malefique des villageois, je tente un virage assez sec pour revenir sur la route, Aglae n'a que le temps de me dire "va moins vit...", et la moto penche, penche, glisse sur un tas de gravier traitre au bord de la route bitumee, et nous tombons sur le cote. Comme des merdes. Enfin non, comme des merdes lancees au galop, meme si nous n'allions pas non plus tres vite.

Enfin bref, nous tombons sur la route, et en nous relevant, force est de constater que, si rien n'est casse, tout est erafle. Ma chemise trouee montre deja des petites plaies, et une de mes mains est pleine de mechantes eraflures sanglantes. Mais Aglae est dans un pire etat, car, etant derriere, elle m'a protege les jambes avec ses cuisses. Elle se releve rapidement avec des petits cris et des grosses insultes contre ma conduite un poil aventureuse. Elle a de gros bobos un peu partout, mais surtout 3 enormes bleus et de grosses eraflures sur la cuisse.
(Note d'Aglae: Charly n'ayant jamais fait de velo dans son enfance et ne connaissant donc pas les chutes sur gravillons traitres pour cause de virage trop serre, je lui ai, dans mon immense mansuetude, rapidement pardonne!)

Le choc n'etait vraiment pas dangereux, mais le coup au moral est le plus dur a avaler. Il faut remonter sur la moto, qui n'a pas plus fiere allure que nous : la pedale de frein, un peu tordue, s'est rapprochee du repose-pied ; je dois recaler la carcasse en plastique qui s'est un peu desolidarisee, et il y a des ecorchures et de la terre sur tout le cote de la moto.

Au bout d'un long moment de contrition de ma part, et apres avoir nettoye et desinfecte nos plaies (on etait equipes, on avait flaire le coup), nous remontons sur la Bete, prets a la redompter.

Extraordinaire ride a moto
Finalement, la suite s'est mieux passee. Aglae est aussi montee sur la moto, et a elle aussi failli nous envoyer dans le decor, apres un nid-de-poule mal digere - quasi-egalite donc, mais elle a mieux conduit que moi, vu qu'elle n'est pas tombee... Notre confiance a fini par revenir, a la fois celle en nos pouvoirs de conduite, et la confiance en l'autre au guidon. Nous sommes par contre restes toujours extremement prudents, nous empechant de monter a plus de 50 km/h, vu qu'a tout moment une chevre ou une vache pouvait traverser la route!

Quand il fallait rejoindre des grottes enfouies ou inondees, des cours d'eau splendides et autres points d'interet, nous devions malheuresement toujours quitter la belle route pour passer sur des sentiers atroces, accumulant a la suite nids-de-poule (ou de dinosaures, vu la taille), petits graviers traitres, sable et gros cailloux pointus. Nous avons d'ailleurs croise un Francais qui venait de changer une roue, qui avait creve...

Mais lorsque nous rejoignions la grande route, absolument vide, toute neuve, bitumee a la perfection, c'etait un plaisir insondable - a la fois l'impression d'etre des pionniers sur cette route, mais avec le confort du goudron ! Nous avons remercie le Laos de se developper si vite : ils etaient en train de finir la derniere portion de la route lorsque nous sommes passes, il y a un an le chemin ne devait pas etre dans cet etat...

Il faut savoir qu'apres presque deux mois de bus et de trains, la liberte totale que nous offrait la moto nous a fait un bien fou. Enfin ne plus dependre des horaires, du bon vouloir des chauffeurs, de leur habilete a conduire, de leur karaoke, de la gentillesse des voisins ! Enfin, se reperer soi-meme, avec une carte, et se perdre, sans que ce soit la faute de personne d'autre !!!

Nous avons visite quelques sympathiques grottes, et pris un pique-nique un peu stressant (nous etions assaillis de nuees de petites mouches attirees par l'interieur de nos oreilles), mais c'etait surtout le voyage qui nous a marque.

Notre retour, face a un soleil orange, bas sur l'horizon, qui semblait vouloir enflammer la bande de bitume sur laquelle nous semblions presque voler, et le retour sur Tha Kaek, nous a redonne confiance, et nous a fait comprendre qu'en une journee, malgre notre chute, ou peut-etre grace a elle, nous avions appris a maitriser ce petit bolide, et a connaitre ses limites sur les routes les plus pourries du pays.

Lorsque nous nous sommes poses un moment le long du Mekong, a boire quelques boissons fraiches et a manger des brochettes de viande grillee, pendant que le Soleil semblait se coucher sur la Thailande de l'autre cote du large fleuve, nous sentions que nous n'avions plus qu'une seule envie : recommencer !

(NB : en rentrant, il a fallu d'abord passer chez un reparateur de motos -il y en a tous les 100 metres dans un pays ou c'est le moyen de transport de l'immense majorite ; il nous a remis la pedale de frein droite, et il a regraisse une poignee de demarreur qui s'etait grippe, pour 70 centimes d'euros... incroyable!)

(reNB : pour ceux que ca interesse louer une moto au Laos ca coute entre 8 et 10 euros par jour, mouah ah ah)

Changement de programme

19 janvier 2009

Apres avoir dit "au revoir" a l'adorable famille lao qui tenait la pension ou nous logions, et un petit coucou special a Mamie Lessive, qui nous donne deux grosses bouteilles d'eau pour le voyage, nous nous mettons en quete de la lointaine station de bus, non sans avoir pris un bon sandwich a la baguette et un milk shake coco (faut pas deconner non plus).

Une fois arrives a la station de bus, horreur, nous apprenons que le prochain bus pour Luang Prabang, notre prochaine destination eloignee de 7 heures de bus, part dans 1h30. Vraiment pas marrant, d'autant que nous etions venus a cette heure la pour choper un bus a prix defiant toute concurrence, pour s'apercevoir que les prix ont change, et que les bus partant une heure plus tot... sont aussi chers que celui que nous allons attendre 1h30. Nous nous entre-felicitons de notre organisation du tonnerre, qui aurait pu nous pousser a nous enquerir des horaires et des prix a notre arrivee a Vang Vieng !

Pendant notre attente, Eric, gentil francais de la trentaine, vient nous parler. Il s'agit encore une fois d'un voyageur qui sillonne l'Asie du Sud-Est. Il est accompagne pour quelques jours d'un autre Francais qui fait le meme trajet que lui. Eux reviennent de Luang Prabang, et se dirigent vers Vientiane. Ils sont assez decus de la ville dont ils viennent, tres touristique pour pas grand-chose, em tout cas d'apres eux,.

Luang Prabang, pour tous ceux qui nous lisent et qui ne doivent pas trop savoir, un peu comme nous, est une ville avec moults monuments classes Unesco, et tout, bourree de moines, ancienne capitale du Laos. Mais, notre planning etant un peu court, nous avions prevu d'y passer un jour entier seulement, c'est a dire 7 heures de trajet de Vang Vieng, puis 11 heures de bus pour retourner a Vientiane. Il fallait donc VRAIMENT que ca vaille le coup... et les Francais nous font sacrement hesiter.

L'hesitation recommence, a mort, un peu comme au Nepal, si nos lecteurs s'en souviennent. Hesitation d'autant plus cruelle que le bus pour Vientiane vient se garer devant nous, que les Francais y montent, etc. Au dernier moment, nous decidons de sauter dans le bus pour Vientiane, afin de se laisser plus de temps pour des explorations du Sud, plus sauvage, plus naturel, et moins touristique ! Les deux Francais nous regardent etonnes, et nous voila repartis pour la capitale endormie du Laos, et ses boulangeries aux croissants croustillants !!!

Ambiance francophone, ou comment le Routard nous a sauve

Les deux Francais sont tres sympathiques, mais bien francais : une propension a raler assez impressionnante, et une aptitude a l'insatisfaction qui etonne. Eric, notamment, n'apprecie pas le Laos, disant qu'il preferait la Birmanie, qu'il avait explore quelques annees avant. Tous deux ont deteste Vang Vieng, et pourtant ils ne sont pas alles visiter des grottes, ils n'ont pas fait de tubing (certes ils etaient un peu vieux), n'ont pas fait de balades - bref, on se demande a la fois ce qu'ils FONT au Laos, et surtout ce qu'ils y cherchent, dans la mesure ou les temples ne les interessent pas plus que l'aventure et le sport.

En y reflechissant, ils semblent tous deux atteints de cette terrible maladie qui semble affecter les auteurs des Lonely Planet et un bon nombre de voyageurs de plus de 30 ans : le SEM, ou Syndrome de l'Ethnie Montagnarde. Il consiste a vouer une passion devorante et assez inexplicable pour les rencontres avec les ethnies les plus paumees et les plus retardees des pays qu'ils traversent. On ne compte plus dans nos guides le nombre de chapitres dedies a ces ethnies, ni meme toutes les explications sur les treks possibles pour aller dormir chez les habitants de ces fabuleuses ethnies, la plupart du temps nichees dans des montagnes reculees. Apres lecture des guides de voyage des pays suivants (Cambodge, Thailande, Vietnam), que nous avons achete d'occasion a Vientiane -certains etaient photocopies, nous avons constate dans chacun une insistance particuliere sur ces ethnies, les Hmongs Rouges, Bleus, Rayes, les Tan, les Tais, les Shan, et j'en passe.

Comme Zoe, la Britannique rencontree quelques jours plus tot dans un bar a Vientiane, nous l'avait confie, ces treks se transforment une fois sur deux en zoos humains, ou les touristes paient pour voir vivre des gens qui n'ont rien a faire d'eux ; en un mot, des actes de voyeurisme plutot que des moments d'echange entre cultures.

Foin de mauvais esprit, ces Francais nous ont sauve bien des ennuis une fois arrives a Vientiane. En effet, comme a notre arrivee au Laos, nous n'avions pas reserve de chambre, alors que la nous SAVIONS que toutes les pensions etaient pleines dans cette ville. Pourquoi donc n'avoir pas fait preuve de prevoyance ? Deux raisons : d'abord parce que, eh bien, nous n'avions pas prevu de dormir la, mais plutot a Luang Prabang ; enfin parce que notre telephone portable muni d'une carte SIM ne voulait plus marcher a Vang Vieng, pour une raison qu'aucun vendeur de telephones de Vang Vieng n'a pu nous expliquer. Nous n'avons donc pas pu reserver de chambre.

A notre descente du bus, je saute sur le portable, qui remarche, mais toutes les pensions bon marche du guide me disent qu'elles sont pleines. Au moment ou on se dit 'eh merdeuh, ca recommenceuh', un des Francais brandit son Guide du Routard :"peut etre qu'il y en a une la-dedans qui sera pas pleine". Quoi ? le Guide du Routard, qui nous a tant pourri la vie au Nepal, nous aider ? De mauvaise grace, j'empoigne a nouveau mon telephone. Une pension excentree de la ville a de la place ! Mieux, elle est tellement excentree qu'elle est proche de la station de bus ou nous descendons ! Victoire et points d'exclamation !

Repit avant de repartir
Nous profitons d'etre dans la capitale pour 12 heures, en passant deux fois 2 heures dans un cyber cafe (d'ou le rattrapage de retard du blog ces derniers jours), car nous savons que les prochaines villes n'ont pas internet, ou a des tarifs assez incroyables (genre 4 euros l'heure) ; nous mangeons des crepes et des croissants et des sandwichs ; nous savourons de succulents plats dans un restaurant paume pres d'une espece de peripherique, dont une soupe aux crevettes qui me fait gemir de plaisir (Aglae avait l'air genee vis-a-vis des autres clients).

Bref, nous reprenons des forces... enfin jusqu'a ce qu'au moment de nous endormir, nous commencions a entendre un chien, qui jappera absolument toute la nuit, parfois accompagne de trois autres chiens de l'hotel. Je manque de sortir et de lui faire manger mes tongs.

Bus pour Tha Kaek + des Belges
Avant de nous coucher, les Francais nous presentent deux autres francophones, elles aussi clientes de la pension : Pauline et Virginie (eh oui). Pas Francaises, malheureusement pour elles, mais Belges (bon ca va, c'est mieux que... Canadiennes, par exemple, mouah ah ah). Tres sympas. L'une d'elles fait d'ailleurs un voyage de 7 mois, avec un itineraire assez bizarroide (dans l'ordre, Thailande, Laos, Thailande, Philippines, Cambodge, Philippines, Indonesie), mais c'est son probleme. Comme elles se rendent elles aussi a Tha Khaek le lendemain, notre prochaine etape, RDV est pris avec elles, afin de partager le tuk-tuk, jusqu'a la Gare Routiere Sud qui, une fois n'est pas coutume, est situee a 9 kilometres de Vientiane (absurde, decidement).

En chemin, nous apprenons que le monde est petit, puisque Viriginie est scripte pour la television belge! Elle me donne des conseils sur les ecoles de cinema de Bruxelles, et nous atteignons notre bus. Celui-ci est trop beau pour etre vrai : immense, avec des toilettes, il nous offre de beaux sieges moletonnees, une circulation d'air qui ressemble drolement a de la climatisation - tout simplement le plus beau bus depuis le debut de notre voyage, et ce n'est meme pas un VIP bus, ni meme un tourist bus. Et surtout nous pourrons lire et dormir.

Enfin dormir... Assez rapidement, l'infernal karaoke se declenche. Musique assourdissante, tantot pop thai (alors accompagnee de clips occidentalises, avec jeunes a meches thais et melodies sirupeuses comme un liquide contre la toux) tantot pop lao (clips DV dans des rizieres avec des trentenaires amorphes se dandinant devant de souriantes donzelles). Notre oreille s'affute et nous pouvons distinguer que la pop lao ne ressemble a rien d'autre, et c'est tant mieux pour les autres : rien ne ressemble plus a de la pop lao que des glapissements de vache accompagnes a la guitare par un gitan sourd et muet.

A la fin du trajet, notre tete est sur le point d'eclater, mais nous avons atteint la sur-calme Tha Kaek (prononcer Ta Keque, comme dans tronche de Cake)! Mieux, une chambre reservee nous atteint dans le Thak Kaek Travel Lodge, repaire de routards a moteurs, qui sauront nous indiquer les bons coins a voir dans la region.

Mais tout ca est une autre histoire, pleine de passion, de petrole, de gravier et de sang...

mardi 20 janvier 2009

Spring Break a Vang Vieng (Part II)

Nourriture licite pour nous



Vang Vieng n'est pas seulement un paysage fantastique et le paradis des sportifs (VTT, kayak, escalade, speleo...). C'est aussi un rendez-vous de jeunes venus faire la fete, ou plus precisement boire comme des trous, et parfois se shooter. Vang Vieng n'est plus le paradis des babas fumeurs de joints mais on trouve encore des "happy milkshakes" aux effets etranges, ou des pizzas avec des champigons hallucinogenes...

(Pour le club des mamans affolees: on sait que "la drogue c'est mal", on l'a souvent repete au dealer un peu insistants et aux yeux pas tres vifs, lorsque nous etions a Kathmandou)

D'ou un cote lamentable sur lequel nous avons prefere ne pas nous attarder: c'est-a-dire des jeunes a l'air hagard affale dans des bars diffusant en boucle la serie "Friends". A quoi ca sert de venir jusqu'au Laos pour regarder "Friends" ???
Nous avons a la place trouve un restaurant cuisinant de delicieuses nouilles ou riz sautes, plein de legumes parfumes et de sauces subtiles, le tout servi par un patron avec une casquette LAOS, un peu simplet mais souriant.



Le Tubing, c'est trop cool!



Le concept star de Vang Vieng, nomme le tubing, consiste a se laisser deriver, affale dans une chambre a air de tracteur, sur la riviere paisible du coin, la Nam Song. Vang Vieng est connu dans toute l'Asie du Sud-Est pour ca.


Nous embarquons donc a bord d'un tuk-tuk avec d'autres jeunes et les bouees sur le toit pour rejoindre la riviere a 3km en amont de la ville. Nous nous jetons ensuite a l'eau, recuperons in extremis une tongue de Charly qui a voulu faire secession et deriver toute seule, nous relaxons et derivons 15 secondes au calme. Quand tout a coup... "boum boum boum"

Mais qu'est-ce donc que ce bruit au loin? Ah mais c'est David Guetta a fond, melange a une chanson de R&B d'il y a 2 ans!

Et ces cabanes et pontons sur la rive? Ce sont des bars servant des Beer Lao et des Lao Lao (whisky local), accompagne ou non de coca, et ce sans interruption. Des Laotiens s'epoumonment et lancent des cordes aux gens sur leurs bouees pour les ramener a bord du bar.

Et ceux qui s'agitent? Ce sont des bandes de jeunes anglais en maillot de bain, a la peau blafarde et aux joues rouge vif, qui hurlent et dansent.

Et cette chose en l'air plus ce gros PLOUFFF ? Mais c'est un de ces jeunes qui vient de se balancer a un trapeze a 5m au dessus de la riviere puis de sauter (ou tomber) la tete la premiere.


Inutile de dire que tout ca d'un coup donne une impression assez surrealiste. En une seconde, on se retrouve a des milliers de km du Laos. Nous contemplons cet etrange spectacle pendant 10 bonnes minutes, toujours en derivant, puis reprenons nos esprits et accostons a l'un des bars. Nous lezardons au soleil et partagons une Beer Lao bien fraiche, bien decide a ne pas imiter ceux qui ne nagent meme plus droit et qui risquent bien de finir au fond de la riviere.


Les bars rivalisent d'inventions toutes de bois et de cables pour attirer les jeunes: les plongeoirs, lianes et trapezes sont pour les petits joueurs: nous testons une immense tyrolienne qui finit a 3m au-dessus de l'eau: genial! Mais le mieux, c'est un tobbogan geant avec arrivee a toute vitesse 5m au-dessus de la riviere. Le type qui s'occupe du toboggan souhaite "bonne chance" a ceux qui tentent le coup. J'avoue avoir un peu hesite, surtout que c'etaient principalement des garcons qui se lancaient, mais finalement: waouh, trop bien! et une petite frayeur quand meme...


Apres toutes ces acrobaties, nous decidons de poursuivre notre descente de la riviere. Nous nous retrouvons tres vite completement seuls, a contempler les falaises couvertes de jungle qui surplombent la rivere... en silence! Mais ou sont passes les autres? Et David Guetta ? La solution du mystere est simple: apres avoir passe la journee dans les differents bars et fait 10mn de bouee, ils rentrent tous en tuk-tuk car ils ont la flemme de vraiment faire du tubing et de finir de descendre la riviere. Ca impliquerait moins de temps passe a boire...


Tant mieux pour nous! Nous profitons du paysage, evitons les quelques rochers qui affleurent, mais le soleil descend et l'ombre gagne. Nous commencons a avoir froid et ramons avec nos tongues dans les mains pour nous rechauffer, esperant meme des rapides, car il y a tres peu de courant. Il semble que le loueur n'est pas ete tres correct en nous disant qu'il fallait 2h pour faire tout le parcours... et si on rend la bouee apres 6h, il y a une amende! Nous croisons des gens en kayak, en canoe, des pecheurs... et ramons... et ramons...

Nous arrivons a 6h moins 5 a Vang Vieng, tout grelottants : mission reussie!

Conclusion: le tubing, une experience a commencer le matin pour etre au soleil...


L'ile aux bars

Un soir (nous sommes restes 3 nuits a Vang Vieng), nous decidons de tester la vie nocturne du coin, prets a renouer avec le voisinage des anglais bourres apres le calme du jardin de notre guesthouse. Nous traversons donc la passerelle branlante qui mene a l'ile aux bars. Sur cette ile se concentrent 10 bars, tous identiques: des petites paillotes le long des rives, couvertes de guirlandes de Noel multicolores. 9 bars sont completement vides, un est completement plein.


Deux grands feux de camps rechauffent les troupes d'anglais qui s'amassent autour. Des hamacs sont accroches dans des paillotes un peu plus loin, tout pres de l'eau. Nous nous y installons et decidons de tester un verre (pour 2, nous sommes si raisonnables!) de Lao Lao/coca pour la modique somme de 10 000 kips (1 euro). Et la, le serveur pose avec fracas sur le bar... un SEAU de plage rempli de Lao Lao/coca. Nous venons de decouvrir (a nos depens bien sur...) le concept du "bucket" et de comprendre a quel point les rouges Anglais s'enivraient a bas prix. Ensuite, nous avons leve les yeux et vu qu'il y avait aussi un panneau faisant la pub de "free shots" (petits verres) de Lao Lao gratuits toute la nuit... Au-dela de la reduction, au-dela du happy hour, c'est carrement la gratuite!


Apres tous ces eclaircissements, nous nous approchons des feux de camps. Il est assez amusant d'observer les gens qui l'entourent, on fait instantanement la difference entre les jeunes venus uniquement au Laos pour Vang Vieng et les routards de passage. Quand un jeune homme chancelant et au regard bovin et trouble s'obstine a remuer dangereusement les buches pour ranimer le feu, nous decidons de rentrer avant de finir immoles...

Spring Break a Vang Vieng (Part I)

16-18 janvier

Le kitschobus
Nous rejoignons Julia, rencontree la veille, pour prendre notre premier bus laotien. Une experience tout a fait differente de nos precedents nepalo-indiens:
-Plus lent: le chauffeur est detendu et conduit a un rythme raisonnable... incroyable
-Plus chaud: et oui nous avons change de climat, dehors c'est un temps d'ete agreable, dans le bus c'est surout des sieges en faux-cuir-qui-colle
-Plus ennuyeux: quand on ne se demande pas toute les 5mn si une voiture va arriver en face ou pourquoi on est a contre-sens, le voyage est plus soporifique dans ce pays sans circulation. (Le Club des mamans affolees remplacera donc "plus ennuyeux" par "plus sur")

La vrai question se pose alors: peut-on vraiment dormir sur ses deux oreilles dans un bus laotien?
Non! Car dans un bus laotien, il y a un karaoke! Sur une vieille tele passent en boucle des clips de pop lao: un chanteur au look douteux a la voix couverte par l'accompagnement musical, des jeunes filles en jupe courtes font une choregraphie un brin ridicule avec un sourire niais... Mais c'est le decor qui fait tout le charme du clip lao: des formes roses bonbon, bleu turquoise et vert anis defilent a l'arriere plan, tel un ecran de veille Windows 95.

Notre bus nous abandonne dans une gare routiere a 2km de la ville. Le plus absurde est qu'elle est flambant neuve, remplacant la gare routiere qui etait en centre-ville. Pour 5 bus par jour, nous touchons la du doigt la rationalite de l'administration loatienne, surement sensible au lobby des tuk-tuk.

Une fois arrives dans la ville, apres une longue marche, Julia nous quitte brusquement, sans trop d'explications. Peut-etre voulait-elle rester seule, peut-etre la fatiguions nous...

Rencontre avec "mamie lessive"

Notre guesthouse est en fait un charmant jardin ou sont disperses de petits bungalows. Nous reveillons la famille qui tient les lieux en pleine sieste pour recuperer nos clefs. Il faut dire que ce cadre incite a la paresse...
Quand le lendemain nous decidons de faire une grande lessive suite a une penurie de linge propre, nous allons demander une simple bassine a la grand-mere de la famille. Nous commencons a faire notre lessive dans le jardin a grand renfort de savon de Marseille, quand cette petite mamie souriante revient avec un tabouret pour que je puisse m'assoir, puis avec un pot de vrai lessive qu'elle m'invite (en lao) a bien faire mousser, puis avec une corde a linge qu'elle commence a accrocher entre les arbres pour que nos affaires, que nous avions etendues sur le balcon de notre bungalow, soient au soleil le plus longtemps possible. Elle montre meme a Charly comment retourner les poches des pantalons pour qu'ils sechent plus vite! Cette aide technique et cette gentillesse font de cette lessive, dehors au soleil, un moment bien agreable en comparaison des habituelles lessives dans les micro lavabos des salles de bain humides des hotels.

Mais Vang Vieng, ce n'est pas que la lessive et les mamies, c'est surtout l'aventure, la fete et des bandes de jeunes partout...

Exploration de grottes (non pas des grottes de pirates, mais des grottes de communistes)

Vang Vieng, comme vous le verrez sur la page en lien, est entouree de formations karstiques (de grandes montagnes de calcaires auxquelles s'accroche la jungle), de grottes et de rivieres. Charly, le roi du velo, ne voyant pas la valeur ajoutee d'un VTT, nous partons sur les chemins caillouteux avec deux bicyclettes un peu trop freles.

Il faut la une vraie concentration car des dizaines et des dizaines de petits panneaux indiquent des grottes le long du chemin. Pour chaque grotte un enfant ou une famille fait payer un petit droit d'entree, mais beaucoup sont sans interet. Presque sans detours, nous atteignons Tham Phu Kam, apres avoir victorieusement snobe les panneaux Than Phu Kam et Tham Phu Kan.

Apres une ascension a pic, nous entrons dans une grotte incroyable grande, pleine de stalagmites et de stalactites, avec un grand Bouddha dore allonge. C'est tres beau, la lumiere du jour et la vegetation rentrent par des grands trous dans la roche. Mais des que l'on s'enfonce, il fait tres tres noir. Munis de notre lampe de poche, nous explorons longuement les deux premieres grottes et realisons qu'on peut se perdre tres facilement. Nous retournons donc prudemment sur nos pas et ressortons.

Au pied de la falaise karstique, il y a un "lagon bleu", un petit lac turquoise dans une faille rocheuse. Des cordes ont ete accroches aux grosses branches d'un arbre le surplombant, et Charly saute a l'eau pour faire le singe. De mon cote, pas de maillot... pas de baignade!

Au bout d'une autre ballade a pied, nous explorons aussi Tham Jang, une gigantesque grotte servant de refuge aux communistes laos lorsqu'ils etaient dans la clandestinite. On imagine sans peine des centaines d'hommes vivant la et des tonnes d'armes entreposees. C'est un vrai dedale mais il y des petites lampes de couleurs variees, eclairant l'interieur de la grotte.

Apres cette visite tranquille, nous decidons de remonter a la nage une riviere souterraine qui sort du pied de la grotte (pour le club des mamans affolees: sur les conseils du Lonely Planet). Charly se lance le premier dans l'aventure, disparait dans la montagne mais revient vite chercher une lampe de poche. Apres son retour, je tente a mon tour l'experience: nager avec un seul bras, l'autre tenant la lampe de poche, le tout a contre-courant. Tres vite, on se retrouve dans l'obscurite, a nager dans de l'eau toute noire... Pas tres rassurant! Heureusement, aucune chauve-souris ne m'a attaquee et j'ai pu me laisser porter par le courant vers la sortie.

C'est amusant les grottes me direz-vous, mais ou sont les bandes de jeunes et l'esprit Spring Break???

Suite au prochain numero...

Vientiane, la colonie de vacances

Attention long message a couper en deux si vous n'avez pas le temps
13 janvier


Je vous avais laisse sur un suspense haletant et une nouvelle arrivee nocturne. En effet, entre Kochi etKathmandou, nous commencons a nous faire une specialite des arrivees nocturnes et compliquees.

Mais a notre arrivee au Laos, il n'etait pas trop tard, et si nous n'avions pas reussi a joindre le Laos depuis le Nepal, pour cause de telephones qui marchaient pas, nous avions cette fois, aeroport oblige, pu prendre un paquet de devises : une nouvelle reserve de dollars, et surtout, la monnaie lao, a savoir...

le Kip !

Pour ceux que ca interesse, le Kip est une autre de ces monnaies fantoches, grande specialite des regimes communistes ou presque ; son cours bouge si rapidement que les Guides de voyage donnent les prix en dollars plutot qu'en kips ; a notre arrivee, un euro vaut 11 200 kips ! Nous avons donc retire la rondelette somme de 3 millions de kips, somme qui nous rendra millionnaire (mais qui, a l'heure ou j'ecris ce message, est a moitie depensee).

A savoir aussi que le kip est la monnaie officielle, mais que les hotels et les achats un peu importants (au-dessus de 5 euros) sont souvent factures en dollars (8500 kips) et en bahts thailandais (100 bahts valent deux euros, soit 1 baht a environ 200 kips) , ce qui rend les calculs infinis, fastidieux, insupportables, surtout quand on veut vous rendre la monnaie en kips sur des dollars, a des taux jamais avantageux du tout. Pour l'instant, nous avons reussi a nous epargner les bahts, ce qui fait que nous n'avons que deux monnaies dans notre portefeuille, les kips et les dollars.

A titre d'information, une petite pension vaut donc 50 000 kips, et les sandwichs peuvent atteindre les 30000 kips. Difficile de s'y retrouver, sans parler de l'impression de depenser sans compter !

Sorry we are full
Moins marrante fut l'arrivee a Vientiane. Nous decouvrons une capitale completement endormie, a 22 heures a peine. Une fois arrives dans le centre touristique, ou nous attendent toutes les auberges et pensions, nous decouvrons quelques personnes dans la rue et dans quelques bars... que des touristes ! Aucun Laotien ne semble encore eveille, a part les serveurs des restaurants, et d'adorables vendeurs ambulants de crepes a la banane et au chocolat, qui deviendront, on s'en doute deja, les meilleurs amis d'Aglae.

La pension que nous recherchions en priorite est fermee pour travaux, depuis hier... Celle d'a cote est pleine, sauf un dortoir, qui vaut trois fois le prix d'une chambre dans les hotels d'a cote. Nous passons notre chemin, quitte a revenir, et commencons a aligner les pensions indiquees par le Lonely Planet. Et la, surprise et horreur, tout est plein. Nous n'avons meme pas entrer dans les hotels, nous passons devant et voyons des petits panneaux "FULL" accrochees aux baies vitrees. Les sacs commencent a peser, et au bout de 3/4 d'heure, nous nous rendons compte que nous avons frappe aux portes d'une dizaine, voire d'une quinzaine de pensions pleines a ras bords. Seuls les hotels plus classes semblent ouverts, aussi nous ne nous inquietons pas outre mesure (a part pour notre bourse), car nous avons toujours une solution de repli.

Nous finissons, a 23h30, par choisir une solution intermediaire, en allant dans un petit hotel. Miracle, le gerant est tellement sympathique qu'il nous fait une grosse reduction quand il comprend que nous ne sommes pas le client lambda.

La chambre est certes petite et, situee a cote d'une fontaine tres decorative du hall de l'hotel, plutot bruyante, mais elle est d'une proprete exemplaire ! Le gerant nous donne meme du savon, des serviettes, et une bouteille d'eau minerale !

Hourra, sonnez trompettes, nous avons enfin atteint un pays de la gentillesse et du service vraiment sympa. Aglae insistera pour faire un tour aupres des vendeurs de crepes, qui les faconnent un peu comme des pizzas, en etirant une boule de pate elastique, qu'ils jettent sur une grande plaque, a grands renforts de beurre ET d'huile, avant d'arroser le tout de beurre, de sucre, de bananes, de lait concentre sucre, et de chocolat. Miraculeusement, c'est tres croustillant et digeste.

J'imagine toutefois que pour un Breton, voir un Laotien couper la crepe en petits morceaux, avant de planter des cure-dents dedans, doit etre assez perturbant.

Une capitale ?
Le lendemain, nous partons a l'assaut de Vientiane et d'une pension plus adaptee a nos budgets (et sans fontaine). Nous trouvons rapidement la Porntip Guesthouse. Oui, les Anglophones auront bien lu, c'est la pension du pourboire pornographique, un joli nom pour un endroit de reve : des petites chambres pas cheres, croquignolettes, une affaire geree par des femmes souriantes, autour d'une cour ombragee avec des fontaines (qui s'arretent la nuit) et plein de verdure, une salle de bain commune un peu privee, vu qu'on n'y a jamais vu personne, encore des bouteilles d'eau minerale qui nous attendent dans la chambre.

LE REVE!

Quant a Vientiane, que nous explorerons avec l'indolence d'un escargot sous morphine, il s'agit d'une ville qui semble vivre dans un perpetuel dimanche : rues vides de circulation, petites paillottes qui font des grillades le long du fleuve, bars-lounge sympathiques, vendeurs de sandwich et de crepes, grands arbres, soleil doux. En plus nous sommes a la saison seche, et des que nous sommes dans l'ombre il fait quasiment froid - nous sommes a mille lieues de la moiteur etouffante des jungles d'Asie du Sud-Est, telles que nous nous les imaginons.

Influence francaise obligent, deux traits donnent encore plus l'impression d'un village mediterraneen : des groupes de jeunes et de moins jeunes s'adonnent le long du fleuve a la petang, derive de la petanque ; on peut deguster de succulents sandwichs au pah-tey, prepares avec de la croustillante baguette francaise. Aglae, qui avait vaillamment tenu les experimentations culinaires, souvent epicees, de l'Inde et du Nepal, brise ses chaines et semble s'envoler de bonheur. Les patisseries de Vientiane se souviendront longtemps de son passage.

Nous decouvrons quelques beaux temples laos, qui ressemblent un peu a ce qu'on s'imagine des temples thais : des Bouddhas avec des chapeaux coniques, tout en bronze, de gigantesque pagodes aux nombreux toits, de jeunes moines en robes orange. Malgre les nombreuses couches de peinture et l'aspect un peu shiny gloss de certains temples pas tres anciens (Vientiane s'est fait raser il y a 200 ans par les Thailandais), l'atmosphere qui s'en degage est tres paisible. Il y a des petits dessins naifs qui racontent la vie de Bouddha, nous avons trouve ca tres touchant, tres simple. Surtout, les temples avoisinent souvent des ecoles, et les enfants semblent presque jouer au milieu des Bouddhas.

Oh Champs-Elysees !
Nous decouvrons en fin d'apres-midi, apres un marche tres rigolo, le Patuxai (il y a une photo sur cette page wikipedia), remix asiatique a peine voile de l'Arc de Triomphe. Voir notre celebre monument affuble de toits en pagode est touchant, d'autant que le resultat n'est pas immonde, mais le mieux est decidement, dans le jardin qui s'etend a l'arriere du monument, le spectacle des fontaines musicales chinoises.

Apparemment, les Chinois, qui perfusent le Laos d'investissements (routes, industries, etc), ont offert a Vientiane des fontaines musicales. Il fallait entendre des standards de pop lao ou chinoise, a fond, avec des fontaines kitschissimes, assis sur des bancs floques Thai Airways. Beaucoup d'enfants emmenes par leurs parents semblaient fascines. Nous avons fait une petite video que nous esperons pouvoir mettre prochainement sur le site !

Je ne vous parlerai pas des grillades mangees sur le bord du Mekong, les doigts de pied en eventail (asiatique, l'eventail), assis sur de gros coussins, en buvant une grosse Beer Lao (fierte nationale pour une biere assez fraiche), parce que c'est vraiment trop les vacances, et que vous allez etre degoute. Je ne vous parlerai pas non plus des nouvelles crepes banane-chocolat, toujours aussi bonnes, ce serait proprement degueulasse de ma part, non ?

Apres Jurassik Park, Buddha Park
Le lendemain, depart pour le Bouddha Parc, ou Xieng Khuan, a 30 km de la ville, par un bus tres calme. Nous y rencontrons Julia, jeune Allemande que nous avions apercue dans le restaurant la veille, qui voyage seule a travers l'Asie du Sud-Est. Toujours souriante, tres sympathique, et en plus elle nous dit vouloir aller a Vang Vieng le lendemain, comme nous.

Quant au Parc du Bouddha, je vous enjoins a vite visiter la page wikipedia http://en.wikipedia.org/wiki/Buddha_Park pour decouvrir au moins l'histoire, et une photo, de cet extraordinaire endroit. En gros, un visionnaire yogi-shaman-pretre bouddhique a tente une synthese du bouddhisme et de l'hindouisme, et a eleve en Thailande et au Laos deux parcs dans lesquels on peut apercevoir d'immenses statues de tous les Dieux.

Penetre d'un premier degre et d'une naivete sans limite, Bunleuan, c'est son nom, a fait construire a l'endroit que nous visitons des statues et des complexes en beton. Le plus drole est sans conteste la citrouille celeste, vaste batiment en beton, de la forme d'une citrouille percee de trous : on peut y entrer par la gueule d'un dragon, et a l'interieur des statues en beton, reparties sur trois niveaux, figurent l'Enfer, la Terre et le Ciel. Au sommet, une espece d'Arbre de la vie sur lequel on peut monter si on n'a pas le vertige, et d'ou on voit les autres statues du petit jardin.

Nous croiserons sur ce sommet une Americaine qui semblait soit raide bourree, soit defoncee, soit un peu bete - les deux premieres solutions etant carrement inquietantes vu qu'il etait 11 h du matin. Elle a voulu me prendre en photo sortant de la gueule du monstre.

Dans le reste du parc, des statues d'hommes habilles a l'Occidentale, des Dieux qui semblent jouer a saute-mouton, des mini-temples incas, des Vierges a l'enfant asiatisantes... Chaque chose est un peu ridicule, mais l'ensemble est, de facon surprenante, extremement harmonieux. Mieux, c'est parfois authentiquement beau, notamment le gigantesque Bouddha couche en photo sur la page wikipedia.

Regardez les premieres photos de la requete Google : ici .

Nous rentrons pour apercevoir apres une longue marche le Pha That Luang, symbole du pays, affiche sur tous les billets de banque. Ce monument ressemble vaguement a un gateau de mariage, ou bien a des missiles poses les uns a cote des autres. Surtout, le tout, cense etre une multitude de stupas en or, donne plutot l'impression d'avoir ete recouvert de peinture doree pas chere. Nous sommes un poil decu, meme si ca continue parfaitement la journee kitsch et choc.

Table internationale
Le soir meme, diner avec Julia. Celle-ci, decidement tres sociable, a ramasse dans la rue une Anglaise qui se sentait un peu seule, un poil plus agee que nous trois, Zoe. Nous dinons tous quatre dans un bar-restaurant un peu tendance, avec musique a fond et billards enfumes. Avec la vue sur le Mekong, nous arrivons a capter un peu de l'ambiance d'il y a 25 ans, lorsque Vientiane etait un repere d'espions de la CIA.

Zoe revient tout juste du Cambodge et du Vietnam, et nous fournira quelques conseils et impressions, surtout negatives en ce qui concerne le Nord-Vietnam, ou les gens semblent pires qu'au Nepal ! Saletes de Viet Congs...

La nourriture lao est excellente, quoiqu'Aglae se contentera d'un hamburger pas tres lao, englouti avec celerite et professionnalisme. Elle en avait effectivement envie depuis Pokhara, lorsque la greve nous avait empeche de manger dans les restaurants internationaux de la ville.

Est-ce qu'Aglae a insiste pour manger une crepe banane-chocolat ? A vous de deviner !

Derniere nuit a Vientiane, et le lendemain depart pour Vang Vieng avec Julia.

Kathmandou-Calcutta-Bangkok-Vientiane

Non ce titre n'est pas le resume de notre voyage de 6 mois, mais bien notre trajet en avions du Nepal jusqu'au Laos, du 12 au 13 janvier. Pas moyen de faire autrement, pas moyen de faire moins cher.


Nous partons donc le matin du 12 de Kathmandou, tres triste de quitter Razeena et sa famille, pas trop tristes de quitter un peuple aussi peu sympathique. Nous depensons nos derniers roupies nepalaises, inchangeables, en chewing-gum, et apprenons avec bonheur qu'il faut payer une taxe d'aeroport pour pouvoir partir. Classique, mais j'avais oublie que ca existait encore dans certains pays.


Ce qui nous enerve vraiment, c'est la file d'attente interminable a l'immigration. Le Nepal doit difficilement laisser partir ses citoyens, parce que le moindre Nepalais restera entre 4 et 8 minutes a l'immigration. Avec 30 personnes dans chaque file, ca rend le tout long - sans parler du fait qu'avant il y avait eu un controle de securite des bagages a l'entree de l'aeroport, controle qui sera repete, en plus fouille, apres l'immigration (tous nos bagages seront fouilles au compte-goutte), puis au moment de monter dans l'avion, cette fois-ci par le personnel de la compagnie indienne, vraisemblablement flippee par les attentats de Mumbai.


Un peu long, et surtout enervant, d'autant qu'il a fallu se battre comme des diables pour que ces messieurs rajoutent dans la cale : nos chaines a velo, hautement dangereuses (histoire qu'on attache pas un velo a la carlingue de l'avion), et surtout notre scotch blanc, vous savez ce scotch pour les enfants, qui se casse tres facilement et qui ne colle pas.


Oui, car vous comprenez, maintenant, les terroristes sont prets a tout pour detourner des avions avec du scotch et des chaines a velo.... Le delire integral.


Retour en Inde, retour dans la crasse

Nous arrivons a Calcutta dans la soiree, ville que nous n'aurons pas le temps de visiter, mais qui a la reputation d'etre encore plus sale et pauvre que les autres villes indiennes. En comparaison avec le Nepal, les gens ont l'air civilises et gentils. A l'immigration, ils ont meme des ordinateurs, ca fait plaisir.


Retour des negociations

Nous echouons dans un hotel cense etre chic d'apres notre guide, le White Palace. En realite, il est evident que l'hotel avait ete chic, il y a cinquante ans. Le batiment art deco est tres drole, mais le manager est une vraie ordure. Il ne nous regarde pas et ne nous dit meme pas bonjour quand nous arrivons, mais nous annonce rapidement, l'air de s'en foutre, qu'il n'y a plus de chambre a 800 roupies, prix que nous avions negocie, et qui etait deja fort, mais qu'il faudra payer 1000 roupies. Et ca recommence, bienvenue en Inde.


Nous obtenons d'avoir le prix promis, pour decouvrir une chambre tout juste correcte, a cote de la reception et du bruit, plutot sale, avec un matelas dur comme du beton. Nous revenons a la charge pour demander des serviettes, qui nous sont accordees avec reticence, puis, vraiment degoutes, nous lui demandons un rabais. Il s'enerve, et nous dit d'aller nous faire foutre, et qu'il n'a en tout cas pas d'autre chambre disponible.


Nous reprenons nos sacs sur le dos, prets a partir de ce bouge... jusqu'a ce que le manager se souvienne que, ah, oui, en y repensant, il avait peut etre une autre chambre pas reservee, mais qu'elle etait plus chere. Nous la visitons, elle est croquignolette, avec une vraie baignoire (la premiere de tout notre sejour), des petits rideaux rouges, et meme une terrasse art-deco. Re-negociation acharnee pour reduire les prix, avec brandissement de Lonely Planet, menace de leur ecrire, tentatives de depart, reduction express de prix, etc. Finalement, nous obtenons un prix raisonnable, et encore, apres avoir passe une demi-heure a marchander.

Nous foncons dans un supermarche tres sympathique (cherie, regarde, des Kit Kat !), sautons dans la baignoire et repartons le lendemain matin pour un nouvel avion vers l'Asie du Sud-Est. Bien entendu, la machine a carte bleue de l'hotel ne marche plus ce matin-la, alors que nous leur avons fait specifier 12 fois, au telephone et a notre arrivee, s'ils acceptaient la carte bleue (aucun interet de changer des roupies indiennes pour moins de 24 heures). Bien entendu, ils veulent nous faire payer le service de taxi a l'aeroport, gratuit la veille. Nous hurlons et tempetons, la machine remarche, le manager est toujours aussi insupportable, en un rien de temps nous voila dans l'aeroport, direction Bangkok.

Bangkok - Vientiane
L'aeroport de Bangkok est un choc : propre, eclaire, du papier toilette dans les toilettes publiques, maman, voila la civilisation !!! Nous avons deja hate de revenir ici, mais patientons 4 heures dans l'aeroport vide et gigantesque, tres classe architecturalement, d'ailleurs, avant de reprendre notre vol d'apres. Avec deux dollars trouves au fond de ma poche nous achetons de delicieux chocolats, en poussant des petits gemissements orgasmiques : vive l'Occidentalisation !

Nouveau vol : nous commencons a en avoir un peu marre des avions et des demonstrations de securite, d'autant que mon rhume me donne assez mal aux oreilles pendant les descentes. Comme le vol est court, les hotesses de Thai Airways passent en courant, en jettant des plateaux repas tout faits, puis repassent, toujours en courant, avec des theieres pleines de the, vociferant "tea tea tea tea". Effectivement, le repas a peine termine, nous nous posons en Republique Democratique Populaire du Laos. Nous arrivons dans la capitale, Vientiane, vers 22 heures, et tout semble etrangement vide...

lundi 19 janvier 2009

Photos Nepalaises (les premieres)

Encore et a nouveau des photos. Celles-ci sont par ordre chronologique decroissant, comme vous le comprendrez vite
Charly chevauche un griffon, dix fois plus fort qu'un lion
Aglae, emmitouflee dans son echarpe nepalaise, tente de se retrouver dans les rues noires de Kathmandou

Aglae pose dans les temples bouddhistes de Swayanbunath

Nouvel an surrealiste avec la Jeunesse Doree de Kathmandou

Marius et Charly, fiers de passer la frontiere Nepalaise

Good bye Nepal!

10 - 11 janvier. De retour a Kathmandou

Il faut bien avouer que nous avons ete decus par les Nepalais que nous imaginions accueillants et souriants (a l'exclusion des gens, en particulier les petites grands-meres, croisees dans les petits villages traverses lors de nos grandes ballades). Le manque d'education allie aux sommes enormes que depensent les touristes par rapport au niveau de vie local donnent des resultats vraiment tristes. Tres peu d'enfants nous ont en effet lance des Namaste!, mais a la place plutot des "hello chocolate? Hello sweets? Hello roupies?" partout ou nous allions. L'absence evidente de toute classe moyenne parlant un peu anglais ne nous a pas permis de faire des rencontres semblables a celles de l'Inde.

A table!
De l'autre cote de l'echelle sociale, il y a eu l'accueil extraordinaire de la famille de Razeena, qui nous a reconcilie avec les Nepalais. Comme si les buffets gargantuesques de petit-dejeuner le matin ne suffisaient pas, Razeena a tenu a nous offrir deux repas chez elle. Nous n'avons pas mange avec sa famille, car normalement les repas ne sont cuisines et servis qu'au sein de la meme caste, comme en Inde.

La grand-mere et la mere de Razeena respectent encore ces regles de purete, ce qui signifie que le repas n'est pas associe a la convivialite, et qu'on ne mange pas avec des etrangers. Nous avons donc tous les trois deguste de delicieuses specialites nepalaises, cuisinees par le cuisinier de la famille. J'ai aime tous les plats (!), meme si c'etait tres epice, sauf l'etrange soupe sucree/salee/acide/amere, specialite de l'ethnie newar (celle de Razeena), dont meme Charly n'a pas avale plus d'une cuillere!

Mais comme si toute cette gentillesse ne suffisait pas, elle a organise un diner specialement pour nous avec une de ses meilleures amies dont la famille tient un restaurant. Nous avons donc ete convies avec quelques-uns de ses amis a un vrai festin: des serveurs tournaient autour de notre table comme un essaim d'abeilles pour nous proposer des plats toujours differents et delicieux, la palme revenant a celui qui servait de l'alcool de riz avec une theiere a 2m au-dessus de notre verre sans en mettre une seule goutte a cote. Apres 8 mini-entrees differentes, nous avons eu droit a une multitudes de mini-plats de legumes et de viandes pour accompagner le traditionnel riz. Chaque met avait un gout nouveau, tres different de la cuisine indienne. Charly ne savait plus ou donner de la tete et n'avait meme pas le temps de penser a chiper quelque chose dans mon assiette, c'est dire...

Il faut aussi imaginer qu'entre le defile des serveurs et des plats, il y avait des intermedes avec des danseurs et des danseuses executant des danses traditionnelles nepalaises avec beaucoup d'enthousiasme. Ils ont fini par entrainer (plus ou moins par la force) les convives dans leur ronde, je vous laisse vous representer la fabuleuse prestation de Charly!

[PS de Charly : representez-vous aussi les ondulations de mains d'Aglae]

Nous retiendrons aussi de Kathmandou un restaurant hippie tout droit sorti des 70s ou nous a emmene Razeena, les fabuleux donuts au chocolat a moitie prix le soir deniche a Thamel , ce qui a mis en danger nos foies, et les bars tellement occidentaux ou Razeena et ses amis sortent jusqu'a 23h maximum, car le pouvoir exige que tout ferme avant minuit.

Apres l'Inde, test de l'hopital au Nepal
Mes poumons se faisant enfin oublier apres avoir mis 15 jours a guerir, nos estomacs supportant plutot bien la nourriture nepalaise (il faut dire qu'on triche un peu, la cuisine occidentale de certains restos est aussi tres bonne!), c'etait trop beau pour etre vrai... Charly a remarque d'etrange taches noires sur ses mains qui ne partaient pas. Avec son teint d'Anglais qui vire a l'ecrevisse au moindre rayon de soleil, il semblait plus prudent de demander a un specialiste d'identifier ces mysterieuses taches.

Nouvelle expedition a l'hopital donc, facilitee par les contacts de la famille de Razeena, bien plus efficaces pour trouver un dermato competent que l'ambassade de France.
Diagnostic: une simple hyperpigmentation de la peau. Ah... depuis quand il y a des pigments dans la peau de Charly?
Nous esperons ne pas avoir a tester les hopitaux de chaque pays que nous traversons...

Adieu l'Hymalaya!

Nous passons notre dernier jour au Nepal avec Razeena et son petit ami (que je connais bien) a Patan, un faubourg de Kathmandou. Je realise alors que l'Himalaya est parfois visible de la vallee. Nous prenons un cafe sur le toit d'un petit immeuble avec le panorama suivant: a nos pieds des temples rouges et noirs amonceles sur une grande place, au loin Kathmandou qui s'etend comme une flaque, a l'horizon des collines (dont celle du NAMO BOUDDHA sans aucun doute) et la-haut, bien au-dessus de l'horizon, d'imposantes montagnes blanches qui semblent toucher le ciel. Les Alpes, c'est une grosse blague en comparaison!

Un dernier coup d'oeil, car demain c'est le depart pour le Laos et le retour au nomadisme...

Encore des photos ????


Vous en voulez encore ???
Bon, d'accord...
Aglae et Clara font les idiotes devant le Taj
Charly fait jouer ses muscles a Fatehpur Sikr
Aglae s'est faite une amie a Fatehpur Sikr
Aileen, notre amie Americaine, et nous a Varanasi (Benares) - on voit les ghats derriere

Et en bonus track, une belle photo d'un temple erotique de Khajuraho

Encore des photos de nous

Aglae pose a Ajmer, avant que les mendiants ne l'attaquent.
Clara, Aglae et Charly pris en photo par Maharadjah Shiva, a Pushkar
Maharadjah Shiva montre la voie de la paix a Charly, a qui il a prete son chapeau
Aglae, Charly et un mendiant devant le palais des vent de Jaipur
Photo special Noel : Charly et Aglae, romantiques, devant le Taj Mahal
















Aime Pokhara (2/2)

L'hesitation etait d'autant plus forte que, malgre la sorte de greve qui avait fait fermer 90 pour cent des restos sympas de cette ville, notre pension etait propre et sympathique. Elle etait notamment garnie de deux personnes de choix, dont la difference des ages cachait une meme sympathie.

Il y avait d'un cote Giorgio, vieil Italien motard, de passage dans cet hotel, et qui parlait couramment le francais. Giorgio est marie a une Nepalaise a Kathmandou, et parcourt le pays et l'Asie sur sa moto. Il etait tres doux, tres drole, et regorgeait d'anecdotes sur le Laos, notre prochaine destination, et le Nepal, ou il habitait alors.

De l'autre cote, il y avait la petite fille du patron, que nous n'avons malheureusement pu apercevoir qu'une soiree. Petite boule d'energie d'un metre de haut, elle ne nous a pas lache pendant les trois heures ou elle nous a use de ses rires et de ses courses : jouer avec notre lampe de poche, jeter ses chaussures par dessus le balcon, courir apres son bonnet, sauter dans les bras d'Aglae. Elle etait si mignonne que nous avons hesite a l'acheter, mais l'etat de nos finances ne nous le permettait pas. Ah oui et la morale, aussi, c'est vrai, Aglae, j'avais oublie !

Une decision dernier minute
Ceux qui connaissent bien Aglae savent surement qu'elle est la Reine du dernier moment. La, elle a frappe un grand coup : alors que nous avions paye l'hotel, que nous avions presque boucle nos bagages, que nous avions prevenu tout le monde que nous partirions a 8 le lendemain, Aglae coupa le reveil, profitant lachement de mon sommeil pour reflechir a la bonne decision a prendre. Elle decida que faire 3 jours de bus pour rester un jour dans un Parc Naturel peut etre plonge dans la brume, et n'etre meme pas sur de voir des animaux, c'etait un peu trop risque. Mieux valait faire un VRAI safari quand on aurait le temps - et l'argent.

Nous decidons donc de rester un jour de plus, et peut-etre deux, a Pokhara, et d'y faire quelques jolies promenades. Nous passons donc la journee a ramer dans une barque sur le lac de Pokhara. Montagnes enneigees a l'horizon, empetrage dans des filets de peche, rizieres a fleur de lac et petites gargottes perdues (ils n'avaient pas vu de client depuis longtemps) ont jalonne une journee decidement placee sous le signe du farniente.

Pressions sociales, mouvements populaires et estomacs vides
Apres avoir mange des nouilles tibetaines dans la rue la veille, a cause de la greve, nous arpentons ce soir-la les rues de Pokhara, tres decides a aller dans les quelques restaurants ouverts que nous avions reperes la veille. Ce soir-la c'est encore pire que la veille, car la greve a pris de l'ampleur : aucun restaurant, sur les milliers qui se bousculent les uns a cote des autres, ne semble ouvert ! Nous croisons deux Francais qui viennent d'arriver, et qui nous demandent effares ou se trouvent les quelques gargottes ouvertes. Finalement, nous tombons par chance sur un resto chinois, bien evidemment bonde a ras bords de touristes. Il nous faudra attendre longtemps notre commande, assis de force a cote de deux Americaines d'une laideur sans borne, et qui ne nous adresseront pas la parole, avant de pouvoir enfin manger.

Du coup, nous hesitons a rester un jour de plus... Quelle tournure va prendre la greve si nous restons ? Le lendemain matin, c'est vite plie : le dernier endroit ou nous pouvions petit-dejeuner vient de fermer. Le peuple Nepalais, si peu souriant, nous chasse de l'oasis pour touristes qu'est Pokhara, et telle Marie-Antoinette, nous prenons la mesure de la vindicte revolutionnaire et nos jambes a nos cous. Nous sautons dans le premier bus pour Kathmandou.

Trajet mouvemente
Le retour fut tres beau, car on voyait enfin les montagnes, ces sacres monstres de neige de l'Himalaya, mais les suspensions du bus etaient carrement horribles, et nos fesses en ont pris un sacre coup. Le bus emettait du coup des craquements et des grincements pas du tout penibles pour les oreilles. Nos genoux aussi souffraient, vu qu'il y avait trois millimetres entre nos sieges et ceux de devant.

Toujours autant de virages et autant de doublements flippants qu'en Inde. Toutefois, nous avons pu noter un leger ralentissement de notre vehicule lorsque nous avons double deux epaves de bus, sur le bas-cote. Les deux bus s'etaient encastres sur la montagne, l'un d'eux etant quasiment integralement retourne, sans parler des toles froissees et tout. Nous nous demandions bien qui avait pu survivre d'un tel accident... Le battement de nos coeurs s'est rapidement affole, et il semble que ca a donne une belle lecon a notre conducteur ; lecon qui a bien du durer 30 minutes, avant qu'il n'accelere a nouveau.

[message special maman affolees : au moment d'ecrire ce message nous sommes maintenant au Laos, ou les bus sont lents, les routes bien bitumees, et la circulation absolument nulle]

Nous sommes finalement arrives bien fatigues a Kathmandou. Nous avions prefere ne pas prevenir notre amie Razeena de notre arrivee un jour plus tot, afin d'eviter qu'elle ne nous offre encore une fois la nuit d'hotel (nous finissions par etre un peu genes, d'autant que l'hotel ne lui appartenait pas a elle, mais a son pere et ses oncles). Nous echouons donc dans le quartier des pensions pour routards, accessoirement aussi le quartier des drogues, des babas sur le retour et des bars tendance : Thamel. Notre pension est un peu excentree, vide bien sur, et tres sympathique. Le temps de decouvrir un restaurant trop epice et des beignets au chocolat quasi-gratuits dans des patisseries vides, et nous voila couches, fourbus du voyage en bus.