La ville de Chengde a deux choses à offrir au voyageur avide de culture : ses temples Lamaïques et son Palais d'été.
Jour 1 : temples lamaïques
Journée passée à visiter des copies faites il y a des centaines d'années des plus beaux temples du Tibet. 4 temples sont disséminés autour de la ville, et reproduisent les grands monuments du Tibet, hommage fait aux dignitaires de cette région par les empereurs de Chine. Certains sont magnifiques et nous permettent, en plus de découvrir une architecture inconnue de nous, de faire le voyage au Tibet que nous n'aurions pas pu faire (il faut des autorisations spéciales).
Quasiment aucun visiteur dans ces temples, et par ailleurs les bonzes lamaïques sont surtout présents pour surveiller les lieux, car ces temples ont dès le départ été plus des hommages que des lieux de culte : aucune spiritualité, aucune vie religieuse dans ces cadeaux architecturaux. Du coup nous avons l'impression assez particulière de visiter des beaux temples fantômes !
Un bienfaiteur bien arrosé
Anecdote qui nous marquera longtemps : notre repas de midi. En sortant du premier temple, nous sommes un peu dans la banlieue de Chengde, ville industrielle qui ressemble déjà à une petite banlieue. Nous avisons le seul restaurant que nous voyons, et nous décidons à rentrer. Les restaurateurs sont très heureux de nous voir arriver. Nous avons faim, et prions pour que le menu soit intelligible (au pire des photos, au mieux des traductions en anglais).
Bien évidemment, aucun touriste étranger ne passe jamais par là : nos fols espoirs sont déçus à l'ouverture d'un épais menu comportant des séries sans fin de caractères chinois. Epuisé de me battre à chaque fois dans les restaurants, je craque un peu vite, me lève et fais un petit signe compatissant au serveur, pour lui dire que non, nous ne comprenons rien, et que nous allons chercher un autre restaurant.
Aglaé me reproche de me décourager si vite et insite pour qu'on s'acharne un peu. Les restaurateurs, désolés, veulent qu'on restent : ils me montrent les assiettes des autres clients, pour me signifier que nous pouvons nous inspirer de ce qu'ils ont pris. Je m'approche d'une première table, où deux jeunes étudiantes semblent un peu offensées que je renifle leur assiette. Je suis mieux accueilli à la table d'après : une petite vieille souriante et un monsieur avenant me tendent presque leurs assiettes. Ils me font des signes du pouce, du style "faut prendre ça, c'est super bon". Aglaé propose de manger exactement la même chose qu'eux, ça sera le plus simple. Je commande une assiette de ci, et une assiette de ça, comme sur leur table.
Le serveur prend note, mais le monsieur avenant le rattrape et lui parle en chinois. Puis il se tourne vers nous et nous force à nous asseoir à sa table. En gros, il a annulé notre commande, et pris acte du fait que nous mangeons la même chose que lui : autant prendre directement dans les assiettes. C'est grandement facilité par le caractère collectif des repas en Chine : chacun pioche dans des plats pour mettre dans son bol.
Nous sommes ravis de cette invitation qui vient du fond du coeur. Le monsieur, qui a l'air d'avoir déjà bien bu, commande des bières pour nous. Il ne parle absolument aucun mot d'anglais, et pourtant nous passerons un déjeuner parfait. Les blagues fusent, nous ne les comprenons jamais, mais tout le monde rit. Je lui montre ou lui dis des phrases de mon guide de conversation français-chinois, aussi nous pouvons nous échanger quelques banalités. Je comprends que la dame toute sèche et toute souriante est sa mère, après avoir fait la gaffe de lui demander si c'était sa femme.
L'homme est particulièrement fier de nous avoir à sa table, et nous découvrons la noblesse de coeur de cette famille, qui semble particulièrement pauvre (à la fin du repas, ils mettront les restes dans un sac plastique pour ne pas les gâcher), mais tient quand même à nous offrir à manger.
Nous découvrons aussi qu'il est impossible de boire seul en Chine. Si vous soulevez votre verre de table, tout le monde autour de la table doit soulever le sien et boire une gorgée en même temps que vous. Or j'ai l'habitude de siroter en permanence, ce qui a pour effet d'aggraver l'état du chef de famille.
A la fin du repas, nos hôtes se lèvent, prennent les restes, nous souhaitent bonne vie et s'en vont. Nous n'avons fait que communiquer par gestes et borborygmes, et c'était génial.
(sans vouloir faire le râleur, vous imaginez ça en France ? que quelqu'un offre un repas à un couple de Chinois perdus dans un village ou une toute petite ville ?)
Jour 2 : palais d'été ou murailles de Chine ?
Le Palais d'Eté de Chengde n'a que peu à voir avec celui de Pékin. Ses bâtiments y sont moins impressionnants, carrément plats, même, mais le parc qui l'enserre est 3 fois plus grand. Moins fou mais plus reposant que son homologue pékinois, le Palais d'Eté de Chengde sera l'occasion d'une très longue promenade du dimanche.
Nous mangeons des nouilles chinoises dans le parc (les nouilles instantanées sont vraiment présentes partout en Asie), visitons des jardins chinois et caressons les daims qui se trouvent là : à l'image des Japonais, les gens de Chengde ont mis des daims dans leurs parcs pour faire venir les enfants.
Le Parc est mal entretenu, et les bâtiments un peu décrépits donnent l'impression que tout ça aurait bien besoin d'un coup de rénovation. Mais quand on sait comment "rénovent" les Chinsois, c'est sûrement mieux comme ça! D'où un rare charme vieillot très sympathique, entretenu par la ridicule possibilité, dans tous les sites anciens de Chine, de louer des costumes d'époque :
Le parc est impossible à visiter entièrement en une journée, mais nous en parcourons quand même une partie non négligeable : nous découvrons même qu'une partie de la muraille qui l'enserre est praticable. Un avant-goût de la Grande Muraille prévue pour le lendemain !
Le reste de la balade se passera à éviter les minibus qui parcourent les chemins bétonnés du Palais d'Eté, et dont le grand jeu est de frôler les piétons. Encore une fois, un paquet de petits vieux arpentent les chemins pentus de la colline du parc, font du sport, discutent et vivent de la manière la plus douce qui soit.
(ils sont jamais de mauvaise humeur les vieux Chinois ?)
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