1er mai - 2 mai
Notre première véritable journée est un peu gâchée par des problèmes pratiques : il nous faut à la fois trouver un tour organisé de trois jours dans les steppes, et réserver un billet de train pour aller en Russie.
Nous faisons donc le tour des agences de voyage toute la journée. Notre problématique se réduit vite à un choix entre deux agences. D'un côté, une agence classique nous fait payer un tour complet et un peu luxe, avec la location d'une Jeep, un guide-interprète, un chauffeur-cuisinier, un guide pour les tours en cheval, une famille d'accueil, etc : en gros, la facilité. De l'autre, l'agence Ger to ger ("de yourte en yourte") nous propose pour un prix légèrement inférieur un tour plus authentique : il s'agit de prendre des bus locaux indiqués par l'agence, et de se rendre sans interprète dans une famille hôte, avec laquelle il faudra apprendre à communiquer. Plus de partage, mais forcément plus de galères : le tour est précédé d'un cours express de langue mongole et d'instructions sur les coutumes mongoles à respecter (celles-ci sont très précises).
Outre le fait que le tour propose des promenades en cheval et en chameau dans des paysages variés, cette approche plus proche de la population locale correspond plus à notre voyage. Par ailleurs il s'agit d'une association qui reverse 80% de l'argent aux familles, dans un souci de tourisme équitable. Cette approche nous séduit, même si nous avions peur au départ que ce soit un concept creux.
Nous choisissons donc de bon coeur la difficulté !
Train train
Il nous faut aussi réserver ces satanés billets de train pour Irkoutsk. Nous retournons à la gare, et nous apercevons que j'ai un peu confondu les jours de départ des trains (à ma décharge c'est très complexe) lorsque j'ai fait le planning de notre passage en Mongolie. Nous ne pourrons pas prendre le train rapide, qui passe 3 jours après le départ prévu, mais sommes obligés de prendre le train lent, qui met 36h au lieu de 24h. La perspective de passer plus de temps dans le train et moins de temps à Irkoutsk ne réjouit pas vraiment Aglaé. Et ce que nous ne savons pas, c'est que ce train lent nous empêchera de voir le plus beau trajet du Transsibérien, les rives du lac Baïkal, qui se fera en pleine nuit !
Mais c'est une autre histoire...
Toujours est-il que la journée est foutue par toutes ces recherches et ces réservations : nous passons une soirée à discuter avec Charles, qui nous invite à manger des pâtes chez lui (il a accès à une cuisine). Il nous montre des photos de son incroyable voyage, des vidéos, nous fait écouter des extraits de son émission. Nous le quittons à regret, alors que lui s'engage dans un trek dans la steppe pour retrouver la trace d'une expédition française du XIIIe siècle... Cet homme est fou.
Visite d'Ulan Bataar, enfin
Deux jours après notre arrivée, nous avons enfin le temps de visiter la capitale mongole. L'architecture des temples bouddhiques est très particulière, empruntant parfois ses formes aux yourtes.
Surtout nous découvrons un peu plus les habits et les habitudes, tous deux assez spéciales, de ces chers Mongols. Il s'agit d'un peuple assez bourru, composé d'êtres gentils mais timides et un peu brutaux. Leur morphologie est l'exact inverse des Chinois : ils sont grands et épais, les femmes sont parfois énormes ; on imagine l'effroi que les soldats de Gengis Khan avaient dû inspirer aux peuples d'Asie qu'ils attaquaient.
Une atmosphère de petite ville du Mid West américain s'échappe d'Ulan Bataar : grandes avenues, jeeps et pick-ups sur les routes, soleil écrasant, grands hommes en chapeaux de cow-boys (grande mode là-bas), jeunes désoeuvrés. Nous sommes sous le charme de l'indolence générale.
Face au passé religieux et guerrier de la Mongolie (Gengis Khan, les nomades, le bouddhisme), un autre passé a planté une marque diamétralement opposée dans la capitale : la domination des Soviétiques jusque dans les années 1990. Outre les barres d'immeubles déjà évoquées, le centre historique de la ville est dominé par les imposants bâtiments inspirés du réalisme soviétique : statues à la gloire des libérateurs mongols du pays, gros bâtiments carrés à colonnes.
Les Mongols semblent peu attachés à ces témoignages d'une époque qu'ils haïssent : ils n'ont jamais été vraiment communistes, comme il n'y avait déjà pas de propriété avant l'arrivée des Russes. De plus, la répression politique a été parfois féroce et des moines ont été massacrés. Par ailleurs, la transition vers la démocratie s'est déroulée sans anicroche, chose rare pour les satellites soviétiques.
D'où une façon ludique de jouer avec cet héritage architectural : les barres ont été repeintes en couleurs vives, et la place du peuple devient un grand espace calme et aéré pour faire faire du roller aux enfants.
Les Mongols sont peut-être impressionnants, mais tout de suite moins crédibles quand on sait qu'ils s'habillent chez Uniqlo.
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