lundi 29 juin 2009

La joie de la bureaucratie russe

Irkoutsk, le 8 mai

"Arrivée en Russie par une aube grise, sous une pluie glacée."

J'aurais rêvé pouvoir employer une autre phrase pour décrire notre premier contact avec le pays russe, mais impossible de faire autrement. Fatigués d'un réveil peu tardif, c'est non sans galères que nous trouvons le guichet pour acheter des billets Irkoutsk-Moscou. Comme dans l'épisode de la Maison des Fous de Astérix aux Jeux Olympiques, nous sommes renvoyés de guichets en guichets. Lesdits guichets sont tenus par des femmes russes typiques : un air déprimé masque mal leur désespoir existentiel, et c'est avec lassitude qu'elles nous indiquent le chemin à suivre.

A noter que notre niveau en russe (ou plutôt notre absence de niveau en russe) ne nous a pas empêché de ruser pour nous faire comprendre. Nous avons recopié en cyrillique des phrases toutes faites pour réserver un billet, phrases que nous avons trouvées dans notre guide, et avons ajouté notre destination en Cyrillique : Москва.

Le véritable guichet se trouve à l'étage de la gare, dans un grand salon chic (mais pourquoi ?). Nous devons attendre quelques dizaines de minutes, car il ouvre à 8h. En allant chercher de l'argent au distributeur automatique, je croise une jeune femme européenne qui était dans notre wagon. Nous n'avions pas eu l'occasion de discuter, mais je me doute bien que vu son air perdu, elle cherche le même guichet que nous.

Je l'aborde en anglais, elle me répond avec un fort accent français : elle vient de notre pays ! Il s'agit d'Elvanne, qui va nous accompagner pendant deux jours.

Suite des mésaventures de la bureaucratie russe : à l'ouverture du guichet nous nous précipitons avec notre papier. La jeune femme, lasse dès l'ouverture du guichet, nous donne les horaires possibles pour notre jour de départ. Horreur ! Le seul train disponible roule pendant 4 nuits et trois jours, et arrive à Moscou à 4h du matin, au lieu du train que nous croyions pouvoir prendre, qui ne roule "que" trois nuits, et arrive à des heures décentes. Calamité !

Encore une fois nous devrons prendre un train plus long que prévu. Nous regardons les prix, et là c'est la surprise : les billets coûtent trois fois moins cher que prévu ! Normalement un billet Moscou-Irkoutsk coûte environ 250 euros, là ça coûte environ 90 euros. La faute aux taux de change peut-être (le rouble a beaucoup baissé par rapport à l'euro), la faute à un train plus lent surtout. Mais quand bien même, nous sommes assez hallucinés, car il s'agit de la deuxième classe, avec cabines fermées, etc.

Après avoir un peu réfléchi, car l'arrivée à 4h du matin ne nous enchante pas, nous acceptons notre sort : après tout, rester plus longtemps dans le train ne fera que rallonger l'expérience Transsibérien dont nous rêvions, non ? Revenus au guichet, nous apprenons la plus étrange des nouvelles : après n'avoir rien compris à ce que nous dit la guichetière qui nous montre une horloge, nous déduisons que son guichet, qui ouvre à 8h, ne vend pas de billets avant 9h00.

Une question nous ronge encore : mais pourquoi ouvre-t-elle si elle ne peut pas vendre de billets.

Après être allés boire un café avec Elvanne, qui a retiré sa réservation et nous accompagne pour nous supporter, nous retournons à la charge du guichet n°3. Il est 9h15, mais la dame nous annonce qu'elle ferme.

Récapitulons s'il vous plaît.
- le guichet ouvre à 8h
- il ne vend rien jusqu'à 9h
- il ferme à 9h15.

Logique.

Lumière
Entretemps un autre guichet a ouvert juste à côté. Dans la queue, nous faisons connaissance avec deux Hollandais, deux beaux garçons, souriants, francophones et sympathiques. Quand notre tour vient, le cinéma du papier en cyrillique recommence, mais cette fois-ci la dame, qui connaît une poignée de mots en anglais et ose s'en servir, est souriante, disponible et accueillante. Une véritable source d'espoir, surtout pour moi qui n'avait que des souvenirs immondes de mon passage à l'aéroport de Moscou, un an auparavant.

Une fois les précieux billets en notre possession, nous partons direction Litsvyanka. Pour la première fois du voyage depuis l'Inde, nous n'avons plus aucune démarche bureaucratique à faire : plus de billets à acheter, plus de visas, plus rien ! Ah la tranquillité d'esprit !


Trams et minibus
Accompagnés d'Elvanne, qui se rend dans le même village que nous, nous traversons la ville en tram afin de rejoindre la gare routière. Tout est différent et nouveau pour nous : les maisons en bois sculptées, le fait de ne plus être remarqués comme touristes (tout le monde est Blanc), les trams, le fait même que tout semble vieux et rempli d'histoire. Nous sommes enchantés de toute cette européanité.

A peine le temps d'admirer le charme d'Irkoutsk, et nous voilà déjà dans un minibus en direction du village de Litsvyanka, et du lac Baïkal que le bourg borde. C'est un Russe carré comme une armoire à glace, et qui parle un anglais parfait (probablement un ancien espion !), qui nous a sauvé de grosses incompréhensions en nous expliquant les tarifs du bus. Nous sommes effarés : comme en Chine, personne ne parle anglais en Russie !

Le lac le plus profond du monde !
Le lac Baïkal, où nous arrivons après une course de minibus effrenée, est splendide. Au bout d'une plaine d'eau qui évoque plus une mer qu'un lac, une rangée sans fin de montagnes enneigées semble tremper ses pieds dans l'eau, comme les dents d'une machoire dont le lac serait le palais.

Je suis médusé. Le village, qui se développe à vitesse grand V à cause du tourisme, est aujourd'hui complètement endormi : nous sommes hors-saison. Vous êtes déjà allés dans une station balnéaire hors-saison ? L'ambiance qui y règne est délicieuse et mélancolique, un peu comme un joli village fantôme.

Les petites baraques en bois sculpté semblent sorties d'un conte de fées. Quelques hommes coupent du bois, des adolescents blonds se promènent, l'oeil un peu sauvage. Nous sommes bien en Sibérie !

C'est à ce moment que nous faisons la connaissance de Youri...

2 commentaires:

  1. et pourquoi y'a pas de photo du lac, hein, dis charly, dis... pourquoi y'en a pas, c'est pas gentil de pas mettre de photo du lac, surtout qu'en pus tu dis que c'est beau et tu mets pas de photos, hein ?

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  2. "Les douzes travaux d'Astérix", pas "Astérix aux jeux olympiques".

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