1° La Cité interdite aux solitaires
Nous décidons de nous lancer courageusement à l'assaut de l'immense Cité Interdite. Nous commençons par errer lamentablement le long des murs rouges avant de finir par trouver l'entrée, mal indiquée.
Une fois les tickets achetés au milieu de hordes de touristes, nous pénétrons enfin dans la mystérieuse enceinte. Et là, on se sent très seuls. Certes la foule est compacte, mais elle est uniquement constituée de groupes. L'armée des casquettes jaunes semble se ruer pour attaquer l'armée des casquettes rouges sous les yeux des casquettes vertes qui n'écoutent pas bien leur chef qui hurle dans un mégaphone. Des drapeaux, ou pire des pandas en peluche embrochés sur des batons, s'agitent de toute part pour guider ce beau monde.
A deux, nous faisons complètement tâche. Nous sommes insignifiants face à ses masses à couvre-chefs colorés. J'imagine dérober un drapeau bleu et lire le Guide du Routard dans un mini-mégaphone à un Charly portant une casquette orange. Immense tristesse que de ne pouvoir véritablement former un groupe à deux . Heuseusement, nous croisons le regard compatissant des quelques autres mini-groupes de 3 Américains ou 4 Allemands, noyés au milieu de cette foule bridée et débridée.
Malgré notre isolement, nous nous émerveillons devant la suite de palais aux toits recourbés, d'une grande élégance. On commence par les salles de réception de l'Empeur pour ensuite se retrouver dans ses appartements privés. Les bâtiments portent tous des noms bien chinois : la Salle de l'Harmonie Suprême est suivie de la Salle de l'Harmonie Parfaite et enfin de la Salle de l'Harmonie Préservée ; ou encore le Palais de la Pureté Céleste jouxtant le Palais de la Tranquilité Terrestre. C'est à la fois très harmonieux et très intimidant, et surtout tellement grand !
Nous finirons par nous réfugier dans une partie moins fréquentée où sont exposés des bijoux somptueux, des costumes cousus d'or et des horloges délirantes.
Nous ressortons des heures plus tard, fascinés et épuisés. Nos estomacs grondent rageusement et nous finissons par trouver un providentiel kebab (toujours les chinois d'origine turque) devant lequel Charly exécute son habituelle danse de la brochette : yeux ronds, salive à la bouche, sourire enjôleur, pression du coude pour faire changer de direction, puis phrase innocente "tu n'as pas envie d'une brochette Aglaé ?". Nous recommandons chaudement ce mets à un Français sympathique qui passait par là.
2° L'usine à délires autorisés
Nous décidons de changer d'ambiance et de nous diriger vers un ancien quartier industriel transformé en centre d'art contemporain, le 798. C'est un lieu subversif mais autorisé et encouragé par des autorités chinoises soucieuses de montrer un visage moderne et ouvert. C'est aussi une véritable galère pour atteindre cet endroit car Pékin est immense.
Après deux métros et un bus éternel, peut commencer une errance surréaliste entre sculputures délirantes et dénudées, usines de brique à moitié écroulées, amas de tuyaux fumants, voies ferrées désaffectées, galeries d'art souvent fermées et slogans douteux comme "Beyond Globalization".
Cette ambiance nous plaît beaucoup. Les oeuvres d'art ne sont pas forcément toutes géniales, mais il est toujours évident que ces artistes sont Chinois et parlent de la société dans laquelle ils vivent. Ca change du caillou peint en rouge et posé sur un vieux morceau de moquette dont on a l'habitude en France et qui, apatride, aurait pu être "créé" par n'importe qui, n'importe où.
Pour finir, nos humbles contributions à l'esprit "art content-pour-rien" du lieu:
j'avoue une préférence pour la bouteille avalée par la chewbacette épilée....
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