lundi 19 janvier 2009

Aime Pokhara (2/2)

L'hesitation etait d'autant plus forte que, malgre la sorte de greve qui avait fait fermer 90 pour cent des restos sympas de cette ville, notre pension etait propre et sympathique. Elle etait notamment garnie de deux personnes de choix, dont la difference des ages cachait une meme sympathie.

Il y avait d'un cote Giorgio, vieil Italien motard, de passage dans cet hotel, et qui parlait couramment le francais. Giorgio est marie a une Nepalaise a Kathmandou, et parcourt le pays et l'Asie sur sa moto. Il etait tres doux, tres drole, et regorgeait d'anecdotes sur le Laos, notre prochaine destination, et le Nepal, ou il habitait alors.

De l'autre cote, il y avait la petite fille du patron, que nous n'avons malheureusement pu apercevoir qu'une soiree. Petite boule d'energie d'un metre de haut, elle ne nous a pas lache pendant les trois heures ou elle nous a use de ses rires et de ses courses : jouer avec notre lampe de poche, jeter ses chaussures par dessus le balcon, courir apres son bonnet, sauter dans les bras d'Aglae. Elle etait si mignonne que nous avons hesite a l'acheter, mais l'etat de nos finances ne nous le permettait pas. Ah oui et la morale, aussi, c'est vrai, Aglae, j'avais oublie !

Une decision dernier minute
Ceux qui connaissent bien Aglae savent surement qu'elle est la Reine du dernier moment. La, elle a frappe un grand coup : alors que nous avions paye l'hotel, que nous avions presque boucle nos bagages, que nous avions prevenu tout le monde que nous partirions a 8 le lendemain, Aglae coupa le reveil, profitant lachement de mon sommeil pour reflechir a la bonne decision a prendre. Elle decida que faire 3 jours de bus pour rester un jour dans un Parc Naturel peut etre plonge dans la brume, et n'etre meme pas sur de voir des animaux, c'etait un peu trop risque. Mieux valait faire un VRAI safari quand on aurait le temps - et l'argent.

Nous decidons donc de rester un jour de plus, et peut-etre deux, a Pokhara, et d'y faire quelques jolies promenades. Nous passons donc la journee a ramer dans une barque sur le lac de Pokhara. Montagnes enneigees a l'horizon, empetrage dans des filets de peche, rizieres a fleur de lac et petites gargottes perdues (ils n'avaient pas vu de client depuis longtemps) ont jalonne une journee decidement placee sous le signe du farniente.

Pressions sociales, mouvements populaires et estomacs vides
Apres avoir mange des nouilles tibetaines dans la rue la veille, a cause de la greve, nous arpentons ce soir-la les rues de Pokhara, tres decides a aller dans les quelques restaurants ouverts que nous avions reperes la veille. Ce soir-la c'est encore pire que la veille, car la greve a pris de l'ampleur : aucun restaurant, sur les milliers qui se bousculent les uns a cote des autres, ne semble ouvert ! Nous croisons deux Francais qui viennent d'arriver, et qui nous demandent effares ou se trouvent les quelques gargottes ouvertes. Finalement, nous tombons par chance sur un resto chinois, bien evidemment bonde a ras bords de touristes. Il nous faudra attendre longtemps notre commande, assis de force a cote de deux Americaines d'une laideur sans borne, et qui ne nous adresseront pas la parole, avant de pouvoir enfin manger.

Du coup, nous hesitons a rester un jour de plus... Quelle tournure va prendre la greve si nous restons ? Le lendemain matin, c'est vite plie : le dernier endroit ou nous pouvions petit-dejeuner vient de fermer. Le peuple Nepalais, si peu souriant, nous chasse de l'oasis pour touristes qu'est Pokhara, et telle Marie-Antoinette, nous prenons la mesure de la vindicte revolutionnaire et nos jambes a nos cous. Nous sautons dans le premier bus pour Kathmandou.

Trajet mouvemente
Le retour fut tres beau, car on voyait enfin les montagnes, ces sacres monstres de neige de l'Himalaya, mais les suspensions du bus etaient carrement horribles, et nos fesses en ont pris un sacre coup. Le bus emettait du coup des craquements et des grincements pas du tout penibles pour les oreilles. Nos genoux aussi souffraient, vu qu'il y avait trois millimetres entre nos sieges et ceux de devant.

Toujours autant de virages et autant de doublements flippants qu'en Inde. Toutefois, nous avons pu noter un leger ralentissement de notre vehicule lorsque nous avons double deux epaves de bus, sur le bas-cote. Les deux bus s'etaient encastres sur la montagne, l'un d'eux etant quasiment integralement retourne, sans parler des toles froissees et tout. Nous nous demandions bien qui avait pu survivre d'un tel accident... Le battement de nos coeurs s'est rapidement affole, et il semble que ca a donne une belle lecon a notre conducteur ; lecon qui a bien du durer 30 minutes, avant qu'il n'accelere a nouveau.

[message special maman affolees : au moment d'ecrire ce message nous sommes maintenant au Laos, ou les bus sont lents, les routes bien bitumees, et la circulation absolument nulle]

Nous sommes finalement arrives bien fatigues a Kathmandou. Nous avions prefere ne pas prevenir notre amie Razeena de notre arrivee un jour plus tot, afin d'eviter qu'elle ne nous offre encore une fois la nuit d'hotel (nous finissions par etre un peu genes, d'autant que l'hotel ne lui appartenait pas a elle, mais a son pere et ses oncles). Nous echouons donc dans le quartier des pensions pour routards, accessoirement aussi le quartier des drogues, des babas sur le retour et des bars tendance : Thamel. Notre pension est un peu excentree, vide bien sur, et tres sympathique. Le temps de decouvrir un restaurant trop epice et des beignets au chocolat quasi-gratuits dans des patisseries vides, et nous voila couches, fourbus du voyage en bus.

3 commentaires:

  1. Addition au message spécial maman affolées : par contre, si vous pouviez installer une rampe d'accès pour notre appartement parisien, ça nous permettrait de pouvoir rentrer avec nos fauteuils roulants flambant neufs.

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  2. pas la peine d'installer une rampe pour les fauteuils roulants de marque Tata: l'appart d'Aglaé est au RDC! cette méconnaissance des lieux ne nous oriente-t-elle pas vers un anonyme vivant dans l'hémisphère sud et qui du coup n'a jamais eu l'occasion de venir chez Aglaé ;c'est sur que chez charly rue daguerre au 4° étage sans ascenseur ça va être plus fun...

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  3. je tiens à signaler que je signe tous mes messages de mon patronyme, je n'utilise jamais l'anonymat, je n'ai pas peur d'assumer mes mots paroles ! non mais !!!

    et béh les enfants, je n'avais pas regardé le gueblo depuis près de deux semaines...2 pages et 1/2 heure plus tard, c'est ouf toutes ses aventures.
    Ce qui m'a surtout choqué, et qui semble etre aussi votre cas, c'est l'agressivité des népalais. A quoi l'expliquer vous ? Pourquoi haïssent-ils tant les touristes ? Y'en a t-il trop ? Les trouvent t-ils désobligeants ?

    Grosses bises les cocos.

    Juju, le non-anonyme de l'hémisphère sud (non mais)

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