SPOILER UNIQUEMENT DESTINE AU CLUB DES MAMANS AFFOLEES (ci-apres nomme CMA)
Les autres lecteurs doivent sauter le paragraphe suivant sous peine d'un manque de suspense deprimant
Cher club des mamans affolees,
Nous vous avons ecoutees, nous vous avons comprises.
Malgre tout, nous avons decide de louer un scooter au Laos. Nous entendons deja vos hurlements de rage, MAIS:
-si nous sommes en train d'ecrire ce blog, c'est que tout va bien!
-nous avons fait un test d'une journee avant de faire une boucle de 3 jours
-nous avons lu 10 fois l'encadre "moto" du guide et suivi tous les conseils scupuleusement
-il n'y a pas de circulation au Laos, vraiment pas de tout et les gens sont prudents (rien a voir avec les fous du volant indiens)
-les routes sont globalement neuves
-nous avons mis casques, pantalons et chemises manches longues, emporte trousse de premiers secours et coordonnees de l'assistance medicale
-il y a des reparateurs tous les 2km
-nous avons loue la moto la plus lente possible (un scooter a 3 vitesses et 100cc)
-nous n'avons JAMAIS depasse 50km/h en ligne droite et 40km/h dans les virages
-nous avons ete super concentres sur la route, tout le temps
Pardonnez-nous mais c'etait inoubliable!
Aglae
Tha Khaek, donc, le 21 janvier.
Apres avoir scrupuleusement lu le Lonely Planet Laos, Aglae etant au bord de l'avoir appris par coeur - elle a meme dessine de nouvelles cartes de la region, dans les pages blanches de la fin - nous comprenons un fait essentiel : Tha Khaek n'offre aucun autre interet qu'etre une agreable ville endormie le long du Mekong, petit bars sur le fleuve a l'appui...
... a part si on explore ses environs, constitues d'immenses formations karstiques, de multiples grottes, de paysages incroyables, etc. Et le seul moyen de les explorer, c'est soit de depenser 100 euros par jour en tuk tuk, soit de louer leurs motorbikes, qui sont en realite des scooters a vitesses (110 cc).
Decision est donc prise, la veille, en mangeant du porc grille dans un improbable restaurant-chalet perdu dans un terrain vague, tenu par une tout aussi improbable Vietnamienne en mini-short, decision est donc prise, disais-je, de louer un scooter, a condition de les essayer, et de voir si c'est facile a manipuler.
Notre guesthouse a tout du Lodge de safari : des routards aux cheveux mi-longs, professeurs d'anglais en Chine ou regisseurs de cinema en conge d'intermittents (qui a ete maitre du temps dans Fort-Boyard!!!), se regroupent le soir aupres d'un feu, jouent de la guitare et parlent de la Boucle du Centre. La Boucle du Centre est un mythique tour de 5 ou 6 jours, dans la region de Tha Khaek, ou on s'arrete dans des petits villages autour d'une zone protegee. Nous ne la ferons pas, par manque de temps et d'experience pour ce genre de folies.
L'ambience est donc chouette, malgre des chambres archi-sommaires et pas gratuites, et surtout un eloignement terrible du centre-ville, du Mekong et de ses grillades et boulangeries.
Motorcycle Diaries
Le lendemain matin, nous nous empiffrons d'un petit pot de Nutella importe achete a Vientiane (meilleur moyen de calmer les angoisses d'Aglae vis-a-vis des deux-roues motorises), et rejoignons Monsieur Ku, loueur de scooters affilie a l'hotel. Il nous rassure tres vite, en nous donnant son numero de telephone portable, une carte du coin et des expressions pour se faire comprendre en cas de pepin (nous pouvons maintenant dire "regonflez-moi ce pneu" en lao). Mieux, il m'initie aux arcanes de ces petites machines.
Franchement, un plaisir a conduire. Le passage des vitesses est simple et intuitif, la moto maniable et reactive. Quand Aglae vient poser son lourd popotin derriere moi, l'equilibre est un poil plus instable, mais je suis plus rassure qu'en velo, machine que je hais.
Vaches, motos et bulldozers
Pour rassurer le Club des Mamans Affolees (CMA), il faut savoir que nous avions decide de louer une moto-scooter car ce moyen de locomotion est ideal au Laos, certifie par notre guide de voyage : c'est le pays de la region qui presente la circulation la plus faible possible.
Et en effet, a peine sortis de la "ville" de Tha Khaek, la circulation se rarefie, a un point que nos trajets soporifiques en bus n'avaient qu'a moitie fait comprendre : pendant notre journee de moto, nous avons croise 15 motos, 3 voitures, 4 camions qui refaisaient une portion de la route, et une bonne cinquantaine de vaches traversant paisiblement la route. Cette derniere categorie de vehicules represente donc la plus forte population sur les routes, et un coup de klaxon suffisait la plupart du temps a faire s'activer leurs carcasses.
Au bout de 5 minutes de voyage, nous avons compris que, quoi qu'il arrive, nous ne regretterions pas le voyage : d'immenses falaises karstiques, effilees et uniques, surgissent comme des pitons de la plaine, et encadrent la route. L'impression d'etre dans l'Ouest americain, mais en Asie, nous tenaille, sauf que la route est vide, et que la vegetation a tout recouvert.
Nous partons vite a la recherche d'une premiere grotte, la grotte de l'Elephant, tres sacree, dans laquelle nous trouvons, au milieu de dizaines de bouddha en plastique tout repeint, un vague petit rocher de 5 cm de haut, representant vaguement la tete d'un elephant. Ouah ! Juste le temps de faire semblant de s'extasier et nous sommes repartis, les grottes et sites touristiques etant plus de vagues destinations entre lesquelles moduler de somptueux trajets, que des buts en eux-memes.
Surtout, pour arriver dans ces grottes, nous traversons de tres jolis petits villages, assez pauvres toutefois, ou des gens souriants nous indiquent toujours un endroit a l'ombre ou garer notre moto.
Chute a l'arriere, chute !
En revenant de la grotte de l'Elephant, malediction bouddhique ou vengeance malefique des villageois, je tente un virage assez sec pour revenir sur la route, Aglae n'a que le temps de me dire "va moins vit...", et la moto penche, penche, glisse sur un tas de gravier traitre au bord de la route bitumee, et nous tombons sur le cote. Comme des merdes. Enfin non, comme des merdes lancees au galop, meme si nous n'allions pas non plus tres vite.
Enfin bref, nous tombons sur la route, et en nous relevant, force est de constater que, si rien n'est casse, tout est erafle. Ma chemise trouee montre deja des petites plaies, et une de mes mains est pleine de mechantes eraflures sanglantes. Mais Aglae est dans un pire etat, car, etant derriere, elle m'a protege les jambes avec ses cuisses. Elle se releve rapidement avec des petits cris et des grosses insultes contre ma conduite un poil aventureuse. Elle a de gros bobos un peu partout, mais surtout 3 enormes bleus et de grosses eraflures sur la cuisse.
(Note d'Aglae: Charly n'ayant jamais fait de velo dans son enfance et ne connaissant donc pas les chutes sur gravillons traitres pour cause de virage trop serre, je lui ai, dans mon immense mansuetude, rapidement pardonne!)
Le choc n'etait vraiment pas dangereux, mais le coup au moral est le plus dur a avaler. Il faut remonter sur la moto, qui n'a pas plus fiere allure que nous : la pedale de frein, un peu tordue, s'est rapprochee du repose-pied ; je dois recaler la carcasse en plastique qui s'est un peu desolidarisee, et il y a des ecorchures et de la terre sur tout le cote de la moto.
Au bout d'un long moment de contrition de ma part, et apres avoir nettoye et desinfecte nos plaies (on etait equipes, on avait flaire le coup), nous remontons sur la Bete, prets a la redompter.
Extraordinaire ride a moto
Finalement, la suite s'est mieux passee. Aglae est aussi montee sur la moto, et a elle aussi failli nous envoyer dans le decor, apres un nid-de-poule mal digere - quasi-egalite donc, mais elle a mieux conduit que moi, vu qu'elle n'est pas tombee... Notre confiance a fini par revenir, a la fois celle en nos pouvoirs de conduite, et la confiance en l'autre au guidon. Nous sommes par contre restes toujours extremement prudents, nous empechant de monter a plus de 50 km/h, vu qu'a tout moment une chevre ou une vache pouvait traverser la route!
Quand il fallait rejoindre des grottes enfouies ou inondees, des cours d'eau splendides et autres points d'interet, nous devions malheuresement toujours quitter la belle route pour passer sur des sentiers atroces, accumulant a la suite nids-de-poule (ou de dinosaures, vu la taille), petits graviers traitres, sable et gros cailloux pointus. Nous avons d'ailleurs croise un Francais qui venait de changer une roue, qui avait creve...
Mais lorsque nous rejoignions la grande route, absolument vide, toute neuve, bitumee a la perfection, c'etait un plaisir insondable - a la fois l'impression d'etre des pionniers sur cette route, mais avec le confort du goudron ! Nous avons remercie le Laos de se developper si vite : ils etaient en train de finir la derniere portion de la route lorsque nous sommes passes, il y a un an le chemin ne devait pas etre dans cet etat...
Il faut savoir qu'apres presque deux mois de bus et de trains, la liberte totale que nous offrait la moto nous a fait un bien fou. Enfin ne plus dependre des horaires, du bon vouloir des chauffeurs, de leur habilete a conduire, de leur karaoke, de la gentillesse des voisins ! Enfin, se reperer soi-meme, avec une carte, et se perdre, sans que ce soit la faute de personne d'autre !!!
Nous avons visite quelques sympathiques grottes, et pris un pique-nique un peu stressant (nous etions assaillis de nuees de petites mouches attirees par l'interieur de nos oreilles), mais c'etait surtout le voyage qui nous a marque.
Notre retour, face a un soleil orange, bas sur l'horizon, qui semblait vouloir enflammer la bande de bitume sur laquelle nous semblions presque voler, et le retour sur Tha Kaek, nous a redonne confiance, et nous a fait comprendre qu'en une journee, malgre notre chute, ou peut-etre grace a elle, nous avions appris a maitriser ce petit bolide, et a connaitre ses limites sur les routes les plus pourries du pays.
Lorsque nous nous sommes poses un moment le long du Mekong, a boire quelques boissons fraiches et a manger des brochettes de viande grillee, pendant que le Soleil semblait se coucher sur la Thailande de l'autre cote du large fleuve, nous sentions que nous n'avions plus qu'une seule envie : recommencer !
(NB : en rentrant, il a fallu d'abord passer chez un reparateur de motos -il y en a tous les 100 metres dans un pays ou c'est le moyen de transport de l'immense majorite ; il nous a remis la pedale de frein droite, et il a regraisse une poignee de demarreur qui s'etait grippe, pour 70 centimes d'euros... incroyable!)
(reNB : pour ceux que ca interesse louer une moto au Laos ca coute entre 8 et 10 euros par jour, mouah ah ah)
Derniers plans, une invitation
Il y a 7 ans
Sympa pour le gros popotin d'aglaé charles :)
RépondreSupprimerj'attends le commentaire de maman, alias Sylvie Drouot, avec impatience !!! en espérant qu'elle n'envoie pas juste un email pernicieux et discret ! on veut des grands mots, on veut des menaces voilées !
RépondreSupprimerle reuf, toujours aussi aussie.
PS: +1