samedi 10 janvier 2009

Varanasi, derniere etape sur les bords du Gange

Nous etions un peu inquiets a propos de Benares, car si c’est la ville la plus sacree d’Inde, c’est aussi une ville extremement pauvre, ou affluent non seulement des pelerins, mais aussi les mendiants et des gens qui vont bientot mourir. En effet, selon la tradition hindoue, si on meurt a Varanasi, on est alors delivre du cycle des reincarnations. Nous nous attendions donc a une ville tres dure. Nous avons commence par rencontrer une Americaine, Aileen, dans la salle de petit dej’ de notre symphatique “Hotel Buddha”. Nous lui proposons de partager une barque pour faire la traditionnelle promenade en bateau sur le Gange a la tombee de la nuit. Sieste pour compenser le train de nuit arrive a 8h30 du matin au lieu de 5h du matin. Des heures de sommeil en plus??? Non! Les retards ne sont pas annonces et il ne s’agissait pas de louper la gare: les trains traversent tout le pays, il est donc dangereux de dormir trop profondement, on peut facilement se retrouver a la frontiere avec le Bangladesh!

Le long des ghats: eau sacree, feu eternel et air de fete
Nous nous promenons au hasard le long des ghats (grandes marches d'escalier descendant vers le fleuve sacre) et sommes vraiment conquis par ce lieu extraordinaire. Toute l'Inde est concentree la: des gens font des ablutions en priant dans le Gange et y jettent des fleurs comme offrande, d'autres sont simplement assis a discuter, des barbiers rasent les tetes de certains pelerins, des femmes font leur lessive, des enfants se baignent, des barques passent sur le fleuve et bien sur, les traditionelles vaches, chevres et chiens deambulent tranquillement. Malgre cette multitude d'activites, un grand calme regne. Nous sommes a mille lieues de la foule des rues etroites et sombres de la vieille ville.
Le plus extraordinaire, ce sont les centaines de cerfs-volant qui virevoltent dans le ciel. Nous sommes dimanche, et les enfants lancent leurs cerfs-volant multicolores des toits des maisons ou des ghats. C'est vraiment un spectacle incroyable.
On nous offre des beignets sucres dans un petit temple nepalais rempli d'enfants. C'est de bonne augure pour la suite du voyage!
En longeant les ghats, nous finissons par arriver a celui des cremations. Les corps des morts sont recouverts de tissus orange et dore, et de fleurs. Ils sont transportes sur des brancarts par des hommes qui chantent, pour etre ensuite plonges dans le fleuve sacre puis poses sur un bucher. Le ghat lui-meme est recouvert de fagots de bois d'essences differentes : ils sont peses pour connaitre le prix du bucher de chaque mort. Il regne une grande animation, les gens ne font pas du tout une "tete de pompes funebres", il n'y a pas de solennite. Des feux sont allumes un peu partout, des cendres volettent.

C'est tres etrange car les rites funeraires (poudres dispersees sur le corps du defunt, retrait du linceul pour que l'on voit le visage du mort, ouverure de la bouche, dernier adieu de la famille) se font en public. Ces rites sont realises par les hommes de la famille. Des enfants font du cerf-volant a 5m des buchers, des chevres se promenent; vie et mort ne sont absolument pas separees geographiquement. Nous restons un moment dans ce lieu impressionant et emouvant, mais partons precipitamment quand les femmes d'un defunt arrivent en hurlant et pleurant... trop difficile.

Nous rejoignons ensuite Aileen pour notre promenade en barque. Nous negocions avec un homme d'un certain age, mais qui monte pour ramer? Un enfant! Nous n'avons meme pas le temps de protester que nous voila deja loin de la rive. Nous nous sentons vraiment mal a l'aise, surtout qu'il a de mal a bien diriger la lourde barque. Apparemment, notre jeune rameur a plus envie d’aller attraper les cerfs-volants avant qu’ils ne tombent dans l’eau que de nous conduire le long des ghats.

Nous le laissons faire un moment avant de le rappeler a l’ordre, partages entre le sentiment de s’etre fait avoir pas un pere sans scrupules et la compassion pour cet enfant qui preferait tout naturellement jouer plutot que ramer! A notre retour sur la terre ferme, la nuit tombe et nous assistons a une ceremonie relegieuse completement inintelligible. Une rangee de pretres faisait une choregraphie lente avec a la main avec des cloches, des candelabres remplis de bougies, des batons d’encens… jettant de temps en temps de l’eau, des fleurs ou du riz… Tout cela au son de cloches, de chants ou de musique, avec en toile de fond une foule de barques et surtout des centaines de petites bougies flottant sur le Gange.

Une jeune fille a la repartie certaine insiste pour vendre a Aileen des bindis (les poudres brillantes utilisees pour decorer le front des indiennes, tres utile pour une americaine...). Quand Aileen lui dit "I want nothing!", elle repond tres serieusement " 'Nothing' I don't sell!".

La ceremonie mysterieuse devenant un peu repetitive, nous filons nous remplir l’estomac de nourritures terrestres au son de musique classique indienne. Notre compagne americaine est charmante. C’est une ancienne prof et principale d’ecole primaire du Nouveau Mexique, la quarantaine, qui a decide de change de vie professionnelle. Elle est venue en Inde etudier la medecine ayurvedique pour completer sa formation de nutritionniste. Elle fait aussi du yoga mais n'a pas du tout les mauvais cote des babas que l'on a pu croiser. Nous sommes enchantes de discuter avec elle et d'echanger sur ce qui motive un voyage au long cours. Bref, une super rencontre!

Notre retour se fait un rickshaw-velo (les seuls autorises aux abords de la vieille ville). C'est assez dur de supporter la vue d'un homme s'echinant a pedaler pour ramener a leur hotel trois personnes, certes sveltes, le long d'un faux-plat interminable.

Au revoir Varanasi
Le lendemain, nous faisons une derniere promenade sur les ghats, pour s'impregner de cette atmosphere si sereine. Les cerf-volants ont presque tous disparus, les enfants sont a l'ecole.
Nous devinons le toit magnifique d'un temple d'or dont l'entree est interdite au non-hindous (ce qui est tres frequent et un peu lassant.. ils seraient contents les Indiens si on interdisait l'entree de Notre-Dame aux non-chretiens ???).

Nous evitons les marchands ambulants qui sevissent comme d'habitude, les pires etant ceux qui font semblant de serrer a la main a Charly pour lui faire de force un "hand massage" censement agreable. Charly repond sans cesse "I hate massage", songe a se faire passer pour manchot, puis finit par eclater de rire quand, alors qu'il finit de manger une banane, un masseur lui propose un absurde "banana massage".

Et la palme de l'Indien le plus desagreable revient a...
Nous sommes amenes a la gare par le pire conducteur de rickshaw d'Inde (histoire de finir en beaute). Il est execrable, nous depose a 300m de la gare (si si c'est loin avec des gros sacs) et je dois plonger la main dans son vide-poche et saisir prestement le billet que Charly vient de lui donner pour qu'il accepte de nous rendre la monnaie!

Malgre Hanuman, depart vers la frontiere...
Nous attendons 2h30 a la gare notre train pour Gorakhpur. Comme le tableau affichant les trains ne marche plus, nous passons notre temps l'oreille aux aguets pour tenter de comprendre ce que dit la voix de la gare. Elle parle hindi et anglais, ne s'arrete jamais d'annoncer des trains en retard... mais jamais le notre!
Au stress de louper le train s'ajoute la 2e attaque des singes. Un singe sournois saute sur Charly qui lui file un coup de pied pour l'eloigner. Mais les petits sacs sont restes a terre sur le lieu du combat, et le singe hargneux refuse le passage en faisant le gros dos et des bruits menacants. Charly s'approche, pres a lui lancer son enorme sac de 15kg. Apres un face a face bien long, le singe finit par s'en aller, et nous recuperons nos sacs.
Le train arrive et met 6 longues heures a atteindre Gorakhpur. Nous avions prevu de prendre un bus pour rejoindre Sunauli, ville-frontiere, mais la nuit est tombee et nous decidons de la passer sur place. Comme toutes les villes non touritisques, Gorkhpur a une offre d'hotel limitee. Apres avoir enjambe plus d'ordures que d'habitude, nous finissons dans le seul hotel conseille par le Lonely Planet. On nous montre trois chambres differentes, mais bon... elles sont toutes aussi sales (vive le sac a viande, la taie d'oreiller et le sac de couchage pour faire barriere a la crasse!), avec des salles de bain particulierement miteuses (meme apres avoir demande a les relaver, elles seront toujours aussi sales). Sans autres alternative, nous faisons baisser le prix de moitie.

Dehors, dans le bruit et la crasse, un restaurateur sympathique commande d'autorite un thali pour nous, ce classique menu vegetarien indien bien epice...
Kathmandu est encore loin, mais on verra ca demain!

2 commentaires:

  1. Superbe évocation ! On voyage vraiment auprès de vous. C'était particulièrement émouvant...
    Ces singes sont bien inquiétants dites donc !
    Gros bisous à tous deux, TantO

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  2. Charly comme ton courrier arrive chez moi,je t'annonce que Terry Gilliams et les Montez Pitons ont demandé les droits de votre blog pour tourner "Lost in Tranportation" dès votre retour; acteurs pressentis: Mac Cauley Kelkin ( charly) du fait de la ressemblance avec toi quand tu étais tout petit et à cause de la thématique des succès qu'il a tourné ( maman j'ai raté l'avion, maman j'ai encore raté l'avion etc.),Asia Argentino( Aglaé) pour son prénom/sujet, et pis elle est brune avec des grands cheveux.Dans le rôle des différents méchants (mendiants agressifs,hoteliers véreux,singes frappeurs, chauffeurs de bus abjects): daniel craig,Lyne renaud,brigitte bardot,Johny holiday, Linda da sousa( chanteuse de la valise en carton pour les - de 30 ans).
    je leur dit quoi? Et combien?

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