vendredi 2 janvier 2009

Un Noel des mille et une nuits a Agra

Un Noel des Mille et une Nuit !

Arrivee assez tardive le 24 a Agra, pour cause d’un bus qui n’avancait pas beaucoup dans des embouteillages monstrueux. Rapide traumatisme : notre hotel soi-disant super avec vue sur le Taj Mahal depuis le resto sur le toit nous propose a des tarifs pas tres sympas des chambres sans fenetres… Mais elles sont propres et on nous fournit meme du precieux papier toilette. Youpi!

Rapide consultation avec Clara et Aglae : nous decidons, malgre les doutes d’Aglae, d’aller voir le Taj avant le coucher du soleil. Decision importante, car l’entree de cette merveille du monde a un tarif prohibitif : 750 Roupies, soit 13 euros environ. Pire que le Louvre ! Bien entendu les Indiens payent 10 roupies… Or celui-ci n’inondera l’Inde que pendant une heure encore. Nous foncons a travers les rues sales de la vieille ville, car notre hotel est a 500 metres du Taj, et nous dirigeons vers les caisses. Un Francais nous apprend in extremis que le Taj ferme a 5 heures, et que les flics virent tout le monde une fois l’aiguille des minutes arrivee a son zenith.

Ce Francais magique nous a sauve la vie, et il le vaut bien. Il nous a evite la pire desillusion de Noel possible ! Nous foncons dans un petit parc ridicule aux abords de la ville, ou notre guide nous apprend qu’existe une Taj Walk, accessible pour une somme modique. Nous revoila dans une de ces balades d’un kitsch consommé, avec petits chemins paves de pierres, peintures d’animaux, petits ecureuils mignons et chiots errants – ah oui et les bouteilles plastiques aussi.

Nous traversons en courant ce jardin dont la partie bucolique nous interesse moderement, objectif : ce foutu Taj. Et la, au detour d’une petite colline boisee, c’est la stupeur et l’emerveillement. A une certaine distance, emergeant des frondaisons des arbres, le Taj Mahal, tout pareil que dans Aladdin, nous montre son majestueux profil. J'avais peur d'etre decu, mais meme de loin c'est deja fou. Le Soleil se couche pas loin, et lance ses derniers reflets sur une armee de pigeons et autres volatiles qui font la ronde autour des minarets.

Il n’y a qu’un banc, tres romantique, qui donne sur cette vue, banc malheureusement squatte jusqu’a la fermeture du parc, qui interviendra après le coucher de l’astre, malheureusement squatte disais-je par un odieux couple allemande ou anglais je ne sais plus (enfin, un peuple vil et vicieux, quoi). Qu’importe, nous nous asseyons a quelque distance et grignotons quelques doux cookies en observant cette merveille architecturale.

Esprit de Noel, quand tu nous tiens
Soudain, quelques jappements interpellent Clara, visiblement tres connaisseurs des types de jappements canins. A quelques metres derriere nous, a l’endroit peut-etre ou on voit le mieux le Taj, deux chiens se livrent a une feroce parade amoureuse, qui culminera par un accouplement follement romantique devant le Taj Mahal.

Comme les connexions nepalaises nous empechent d’uploader des photos de par leur lenteur, je vous propose de visionner quelques photos sur le blog de Clara, a cette adresse :
http://magicbusahmedabad.blogspot.com/2008/12/merry-christmas.html

Un fou rire demarre, qui gagne rapidement les deux vils representants du vil peuple deja evoques. Nous rentrons en nous tenant les cotes, le temps d’experimenter une superbe technique pour repousser les harceleurs qui nous demandent en continu si nous voulons un taxi, un rickshaw, des cartes postales, des beignets ou bien encore de menus objets en “marbre”. Cette technique releve de la contre-guerilla, l’idee est d’Aglae : au lieu de jeter les photos ratees que nous faisons developper depuis mon appareil argentique, pourquoi ne pas essayer de les vendre aux lourdauds qui nous poursuivent avec des artefacts d’une qualite pas forcement superieure ? Des que ceux-ci se montraient trop insistants, jaillissaient dans mes mains ces photos, et me voila les poursuivant, deja prets a negocier : “you want my photos ? I give you good price, ten roupies!”.

Le mieux, c’est que ca les faisait beaucoup rire, les vendeurs, et qu’ils nous lachaient les basques. Certains ont meme vraiment essaye de negocier!

Dinde de Noel tandoori
Le temps pour Aglae de se faire une beaute, et pour moi de roupiller (j’avais un petit malaise, et de la fievre), et nous voila tous trois partis avec Clara. Nous avions reserve un super restaurant au dernier etage de l'hotel le plus luxueux d'Agra. Resto recommande partout, concert de musique classique indienne et tutti quanti. On nous avait promis une vue sur le Taj, mais nous avons rapidement compris que la nuit celui-ci n'est pas eclaire...

Mais le cadre est impeccable, lumiere tamisee, douces odeurs d'epices, et decorations de Noel. Nouvelle surprise quand un Indien deguise en pere Noel debarque. Pour cacher son teint de peau pas tres finlandais, celui-ci a du mettre un masque en plastique, ce qui donne un cote Brazil
assez inquietant. Il nous distribue quelques chocolats, Aglae est aux anges. Repas d'une finesse absolue, pour des prix defiants la concurrence vu le luxe et le niveau de gastronomie (genre, 50 euros pour trois, boissons alcoolisees comprises). Ma fievre s'envole de facon surprenante lorsque le poulet tandoori geant a partager avec Aglae se pose sur notre assiette, fumant et crepitant sous son riz grille et ses noix de cajou ciselees.

Je vais vous epargner les desserts a base de bananes entourees de caramel croquant, non, vous n'y survivriez pas.

Pas Mahal du tout
Le lendemain il a fallu se reveiller a l'aube, je veux dire vraiment au chant du coq, 5h30, Aglae et moi, deux celebres marmottes, ont sacrement souffert. Queue immense de touristes devant le Taj : visiblement nous ne sommes pas les seuls a avoir lu dans le Lonely Planet que le lever de soleil sur le Taj etait magique. Fouille en regle des sacs, Clara doit deposer son iPod a la caisse (pourquoi??????). Il fait quasiment nuit, mais une brume opulente leche les pieds d'un pate blanc, au loin, derriere un quadrillage de fontaines. Nous ouvrons un peu plus les yeux, et la lumiere croissante nous revele que le pate blanc sur lequel des touristes armes de teleobjectifs plus gros que mon mollet, eh bien c'est une espece de truc magnifique, delirant. Ecrasant de beaute, dirais-je.

A savoir pour ceux qui ne savent pas : le Taj Mahal sur lequel se ruent des myriades de touristes tels les mouches autour d'un joli etron a ete construit par un roi du coin par amour pour sa seconde femme defunte. Il s'agit donc d'un tombeau romantique, de marbre blanc, finement cisele. Aglae m'a demande : "si je meurs, tu me construits un truc comme ca ?". Elegamment, j'ai botte en touche en lui montrant un singe qui grimpait le long de la mosquee qui jouxte le tombeau de marbre. Echappe de justesse !

Au-dela de la splendeur du tombeau, que nous avons petit a petit decouverte au fur et a mesure que le soleil faisait se dissiper le tapis de brume (parce qu'une fois DANS la brume, on ne voyait pas a dix metres, flippant), il y a en effet deux batiments tres beaux qui l'entourent, chacun le miroir de l'autre, et l'un est une mosquee. Ces deux batiments, qui valent le coup d'oeil a eux seuls, sont tout rouge, ah que c'est elegant rouge contre blanc.

Apres deux heures a trainasser et a remplir de photos nos cartes memoires jusqu'a les faire deborder, nous partons pour Fatehpur Sikri, sublime fort en ruines, a 40 km d'Agra. Des chevres errent dans ces vieux palais de pierre rouge, qui laissent entrevoir le luxe et la paresse des maharadjahs qui regnaient sur l'Inde. La lumiere de fin d'apres-midi inonde des mosquees encore en activite ou des femmes enveloppes de saris multicolores nous lancent quelques sourires. Une petite fille, litteralement pousse par ses parents vers nous, s'entraine a l'anglais avec Aglae. Un peu de conversation normale, puis -la gamine est trop mignonne decidement : I like you very much ! Can i come with you in France ?

J'arrive a convaincre Aglae qu'adopter cet enfant est non seulement interdit mais aussi pas tres pratique vu notre voyage, puis nous revenons jusqu'a Agra. Course effrenee jusqu'a la gare, ou nous jetons avec tristesse la petite Clara dans sa First Class avec quelques Occidentaux. Nous avons passe quelques jours tres agreables en sa compagnie. Quant a nous, nous devons prendre un train sans reservation pour Jhansi, etape avant Khajuraho... Et la tout s'est soudainement complique pour un 25 decembre....

5 commentaires:

  1. J'adore cet article ! Charly t'es un grand narrateur ... Je ne peux m'empecher de rire en relisant la scène de la parade amoureuse aux pied du Taj Mahal !

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  2. en fait le taj nmahal il était "finement ciselé" comme les noix de cajou accompagnant le massif poulagaz tendroriz ?

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  3. Une heureuse année sous vos lointaines latitudes ! charly tu me manques, je sais plus à qui casser les couilles quand j'ai envie d'appeler quelqu'un... (tfaçons t'as pas latitude...) (ahaha)

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  4. Ca donne envie de tout, de bouffer indien de luxe, de voir ce temple de l'Amour fou et d'y tomber amoureux, de rigoler à voir les chiens s'accoupler devant... Votre idée de revendre les mauvais clichés : fameuse ! Enfin bref, prochaine destination ptt ???
    ah les chambres sans fenêtre tiens, j'avais oublié (à P. Penh il y en a aussi, mais ce sont les plus propres et elles ont une vraie SdB), tu rallumes mm des souvenirs, super. Bon Népal à présent !!! Bixousss et bonne année à tousss (kof-kof)

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  5. Les vacances de Charly et Aglaé, ou comment revenir avec deux chiens, un gosse, et un plan de rénovation en marbre « finement ciselé » de son 2 pièces parisien.

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