jeudi 15 janvier 2009

Aime Pokhara (1/2)

5-7 Janvier 2009

Les jeunes comprendront le calembour vaseux du titre, les autres, vous ne manquez rien.

Pokhara est une petite station quasi-balneaire du Nepal. Il y a dix ans il y avait environ 5000 habitants, maintenant il s'agit d'une petite ville, quasi-integralement tournee vers le tourisme, Pokhara etant tout simplement un des 3 (seuls) gros points touristiques du Nepal.

Pourquoi ? Parce que Pokhara, non contente d'etre une petite ville tres sympathique massee au bord d'un charmant lac a seulement 800 metres d'altitude (ce qui garantit des temperatures tres douces), est bien entendu le point de depart de tous les trekkeurs pour les celebres treks autour de l'Annapurna.

Fin des explications encyclopediques, il a bien fallu y aller, dans cette ville. Nous nous sommes leves plutot tot, a Kathmandou, pour prendre un bus (de jour cette fois-ci) vers Pokhara, le trajet durant tout de meme entre 6 et 7 heures. Nous nous trompons d'abord d'arret de bus, le veritable arret de bus etant a l'autre bout de Kathmandou - des rumeurs vicieuses continuent a circuler, comme quoi la faute incomberait a Aglae, mais je vous recommande de n'y pas preter foi. Il nous fallait donc prendre, pour rejoindre la station de bus... un taxi!

Apres avoir supplie 4 taxis d'allumer leur compteur afin d'avoir un vrai prix (reponse immuable, typique des Nepalais idiots preferant perdre de l'argent plutot que faire payer le vrai prix aux etrangers : NO), nous en trouvons un qui mettra son compteur en tarif de nuit et fera des detours pour le faire chauffer. Apres de nouvelles engueulades, auxquelles nous commencons a nous habituer, nous obtenons une reduction et sautons immediatement dans un bus, qui partira au bout de 2 minutes, et ce pour le VRAI PRIX!!!

C'est l'occasion de remarquer que malgre un trajet jusqu'a Kathmandou un poil aventureux, nous avons jusqu'ici, en matiere de bus et autres, eu un pot absolument extraordinaire. Que ce soit en Inde ou au Nepal, nous avons toujours pu grimper, des notre arrivee dans les gares routieres, dans des bus qui partaient immediatement!

Comme tous les bus nepalais ou indiens, celui-ci a ete construit a leur image, c'est-a-dire qu'il y a 20 centimetres d'espace pour les jambes. Le trajet qui relie Kathmandou a Pokhara, et qui longe toute la chaine de l'Himalaya (plongee dans la brume, donc nous ne la voyons pas), n'en fut pas moins joli et impressionnant : nous passons en haut de pentes raides, et longeons pendant deux heures une riviere avec des rapides, des ponts suspendus, ou les gens se passent les marchandises dans des cages suspendues par une corde au-dessus de la gorge. Sans parler des innombrables cultures en escalier le long des flancs escarpes des vertes collines.

Prises de bus et prises de becs
Le bus allait plutot lentement, et nous n'avons jamais ete vraiment inquiets, d'autant que nous sommes arrives pile a la tombee de la nuit. Etrange route que celle-ci, toutefois, dans la mesure ou elle est uniquement parcourue par des bus et des camions.

Je me suis encore une fois enerve contre une vendeuse de chips a un arret, qui voulait me les vendre le double du prix marque sur l'emballage. Un double qui ne vaut rien pour le touriste moyen, mais qui commence a representer beaucoup pour un voyage de 6 mois (sans parler de l'impression d'etre pris pour un con). Apres y avoir bien reflechi, les Nepalais semblaient savoir rarement lire ne serait-ce que les prix officiels sur les paquets, et par ailleurs les bus, en s'arretant a certains stands le long de la route, percoivent des commissions aupres des vendeurs de chips, commission qui se repercute... sur les prix. Raisonnement idiot, d'autant plus que du coup, vu les prix, personne n'achetait quoi que ce soit dans ces stands. Encore une fois, l'entetement et la mauvaise humeur des Nepalais nous pese.

Notre arrivee a Pokhara est encore plus enervante. Deja parce que la brume nous cache encore ces foutus sommets de l'Himalaya que nous n'avons toujours pas apercus depuis une semaine au Nepal, mais surtout parce qu'a ma descente du bus, c'est veritablement une horde sans foi ni loi composee de rabatteurs et de chauffeurs de taxis qui me saute dessus. Deux d'entre les six, notamment, agitent des cartes de visite devant mes yeux, de sorte que je ne vois meme plus mon chemin vers le coffre, ou je dois recuperer mes bagages. Tous hurlent en meme temps une melopee des plus insupportables : "taxi, guest house, taxi, guest house".

Le Guide Du Routard expliquait en effet que la ville avait sur-developpe son activite touristique, au point qu'il y avait trop d'hotels et de restaurants par rapport au veritable nombre de touristes. Et la, en plus, nous etions hors-saison, donc toute cette petite ville liee au tourisme n'avait qu'une envie : nous avoir en exclusivite.

Pas le temps de penser ca, bien sur, au milieu de la cohue. Je suis au bord d'avoir l'impression de me faire violer, j'ai du mal a recupere mon sac. Je peux a peine bredouiller "already booked an hotel!", ce qui etait faux, mais ils s'en foutent : ils me proposent un taxi, de l'herbe, des cacahuetes, sans parler de ceux qui me demandent quel hotel j'ai reserve - pour verifier mes dires. Et la, je craque un peu :

- Which hotel ? this is none of your business !
- Yes, yes, taxi, taxi, guest house !
- Oh stop it! You are not dogs ! Do not lose your dignity !

La ce fut la debandade. Le seul qui devait parler anglais mieux que les autres, que j'appelerai Relou No1, a surement compris, de travers, que je le traitais de chien. Il s'enerve et se drape dans une dignite sortie de nulle part :

- You say this because we are poor ? Never in my life have i seen such a tourist ! You have no respect !
- YOU have no respect for us,
s'exclame Aglae qui nous a rejoint au milieu d'une assistance aux regards noirs, even for yourself!

Ici Relou No1, a bout d'arguments foireux (la pauvrete ? mais d'ou il sortait ca ?) nous fait signe, en prince, de nous en aller de sa vue, ce que nous faisons avec plaisir, et voila la horde aggressive, d'une agressivite que nous n'avions jamais entrevue, meme en Inde, qui disparait d'un coup. Un etudiant nepalais nous redonne foi en l'humanite en nous indiquant gentiment quel bus prendre (pour un tarif 8 fois moins cher que le taxi, si si), et nous atteignons une tres sympathique guesthouse le long du paisible lac.

Bienvenue a Tourist Land
Pokhara le soir donne une terrible impression, un peu comme si on allait dans un parc d'attraction un jour de fermeture. Deja parce que les coupures incessantes de courant font que les lumieres sont rarement allumees : notre petite pension comme la plupart des echoppes fonctionnent toutes a la bougie, et l'eau chaude des hotels est uniquement assuree, pendant le jour, par les panneaux solaires sur les toits.

Nous sommes loges sur Riverside, qui est un peu le ghetto des touristes. S'y agglutinent en effet, tous les metres, bureaux de change, restaurants a la cuisine internationale (tres bons), bars, superettes hors de prix proposant des produits europeens (ahhhh du Toblerone!), magasins de materiel de trekking et d'artisanat plus ou moins bidon et pensions bon ou moins bon marche. Et ceci, repete a l'envie sur deux kilometres au moins, est integralement vide. Aucun touriste.

Restaurants vides, hotels vides, boutiques vides... assez desesperant, d'autant que les restaurants etaient tous tres sympas, ambiance tamisee, musiques et live bands a gogo, carte infinie et bons produits. Parfois la seule chose que nous pouvions entendre c'etait le ronronnement des generateurs a essence...

Bon j'exagere un peu le tableau, il y avait quelques touristes, mais vraiment pas beaucoup compare au potentiel d'accueil de la ville.

Balades bucoliques et farniente sur le lac
Il va sans dire que le lieu nous a beaucoup plu. Promenade autour de deux lacs paumes le premier jour. Nous comprenons une bonne fois pour toutes que la plupart des Nepalais sont vraiment des abrutis, lorsqu'un groupe d'enfants nous jette des pierres a coups de lance-pierres, immediatement apres que nous avons refuse de leur donner des bonbons (en plus nous n'en avons pas).

Nous rencontrons lors de notre promenade un baba dont la barbe blanche atteint le sol, et qui nous recommande d'aller prendre du cafe bio dans une bicoque a cote - lui semblait avoir bu autre chose que du cafe.

Deuxieme jour, tres longue balade (7 heures au moins), ou nous gravissons une tres haute colline aux cotes d'un vieux Nepalais souriant qui nous ouvre le chemin avec sa canne. Nous apercevons -enfin- les sommets splendides de l'Himalaya. Et quel bonheur ! Ceux-ci semblent flotter au-dessus d'une couche de nuage, au-dessus de l'horizon, au-dessus de tout ! Au point que j'ai parfois l'impression qu'ils suivent la courbure du ciel et que la pointe se rapproche de nous, tant ces montagnes sont hautes. Le Machupichare, notamment, veritable pic effile, me fait comprendre comment tous les Hindous ont pu prendre l'Himalaya pour la demeure des Dieux.

Le matin nous nous sommes engueules violemment avec un taxi qui nous avait depose au mauvais endroit. Seules les vieilles dames dans les villages nous font des grands NAMASTE avec des sourires de publicite Max Havelaar, mais les jeunes, et plus generalement tous ceux qui sont lies au tourisme, sont proprement insupportables. Au milieu de nulle part, a une heure ou tout le monde semblait faire la sieste, un type trouvera le moyen de venir nous deranger pendant notre pause dejeuner-cookies, nous assenera une litanie de questions, pour finir bien sur par nous demander avec insistance si nous voulons un guide. Nous devenons fous.

En revenant, nous trouvons un cybercafe, ou je commence a narrer nos exploits indiens, avant qu'une nouvelle panne de courant m'interrompe en plein milieu. Terrible detresse d'un peuple sans electricite - Razeena nous expliquait que ses grands-parents n'avaient en general meme pas le temps, entre les coupures, de charger leurs piles pour leur lampe de poche, tant l'electricite etait rare. Mais les gens n'ont pas l'air d'etre enerves. Dans notre cas, ils paient et s'en vont.

Extension de garantie
A priori, nous etions censes partir le lendemain pour le parc de Chitwan, ou Aglae mourait d'envie d'aller observer des tigres. Le manager de notre hotel avait tres envie qu'on y aille, aussi, et nous poursuivait de ses assiduites, afin que nous achetions un ticket de bus grace a lui, ou que nous reservions un hotel la-bas grace a ses "contacts".

Pourtant Pokhara nous plaisait beaucoup : les montagnes etaient maintenant tres visibles, le temps etait au beau fixe, nos balades avaient ete enchanteresses. Nous nous retrouvons donc a hesiter, d'autant que pour une raison que nous mettrons du temps a decouvrir, le soir du deuxieme jour, la plupart des restaurants semblent mysterieusement fermes.

Nous rentrons donc dans notre hotel, prets a partir le lendemain, mais Aglae et moi n'arrivons pas a nous decider, d'autant que le parc national est cher, qu'il represente deux jours supplementaires de bus pour un vrai jour de visite, et que nous ne sommes pas certains d'y voir des animaux sur un temps si court....

(suspense)

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