dimanche 25 janvier 2009

Motorcycle Diaries - Day 2

24 janvier
Récit d'une journée franchement difficile

Debut de journée epuisant : nous nous levons a l'aube pour nous tremper au Soleil levant dans une piscine naturelle en haut des cascades. L'eau est fraiche et douche, mon Dieu quelle horreur dans quel monde vivons-nous mais où se cache donc le bonheur ?

Puis, nous redescendons prendre un petit-déjeuner horrible, constitué de tranches de baguettes croustillantes, d'oeufs vraiment frais passes a la casserole, et de milk-shake à la coco. La mamie qui s'occupe du restaurant, adorable et souriante, nous epuise avec ses rires et ses attentions. Je suis au bord des larmes, Aglae semble en proie à une dépression profonde. Puis, nous nous trainons lamentablement au Tadlo Lodge, établissement chichiteux où nous attend... quoi encore ? une promenade en elephant (savent plus quoi inventer, hein).

Bon, c'est vrai que, en se forcant, à bien y considerer, la promenade en éléphant c'était vachement trop cool top bien. Nous sommes montes sur un "petit" elephant d'Asie, bien cales sur une espece de petit canapé de fortune, et le cornac, aussi disert qu'une porte de prison mal réveillée, a guidé l'énorme bete a travers la jongle. Il faut savoir que ces cornacs guident les néléphants en leur frottant l'arriere de leurs immenses oreilles avec les orteils. Allez savoir pourquoi, ca fait avancer l'elephant.

Une fois sur le dos des betes, il est assez frappant de voir a quel point tous les reperes changent. La tendance a peter plus haut que les fesses du pachyderme augmente avec l'altitude, et j'avoue avoir eu l'impression qu'on etait des maharadjas!

L'elephant lui-meme est sacrement impressionnant : vous avez beau toucher sa peau, impossible de croire qu'un etre vivant se cache dessous. Le cuir est si epais qu'on pourrait y enfoncer des couteaux suisses, que le nelephant ne le sentirait point. L'armée de petits poils dresses sur sa tete nous a par ailleurs poussé a croire, a tort vraisemblablement, que notre bete était un ancien punk.

Hannibal de poche
Foin de blagues, je peux vous dire qu'on rigolait moins une fois sur la Bete. Quand on l'a vu traverser des rivieres au-dessus des cascades, monter ou descendre des chemins a pics, passer sans glisser sur d'enormes rocs trempes (les memes ou Aglae se cassait allègrement la gueule la veille au soir), sans avoir l'air le moins du monde de perdre son equilibre, nous avions du mal a en croire nos petits yeux chafouins. A un moment donné, je me suis senti tel Hannibal traversant les Alpes pour marcher sur Rome. Le cornac, toujours aussi sympathique, s'est endormi sur l'éléphant pendant que nous admirions le paysage. A un moment, il semble qu'il se soit reveillé le temps de s'accrocher à notre siege (lors d'une descente particulierement flippante), puis il s'est rendormi !


Cela dit, faire une promenade de 1h30 en éléphant est génial, mais je plains ceux qui font des treks ou carrément qui ont traversé les Alpes : il s'agit véritablement du 4X4 des animaux, passant partout, mais a une vitesse desespérément lente.


Tout Lao sur la colline
Nous décidons de reprendre un moyen de transport rapide et polluant, et remontons dare-dare sur notre moto. Juste le temps de rencontrer a la réception de l'hotel la femme qui a inspiré le début de ce post : nous croisons une Francaise de la soixantaine, grosse et grasse, transpirante, en train de demander les prix des bungalowz d'un air fatigué. Gentiment, nous lui disons que nos bungalows en bois sont vraiment charmants, qu'ils sont situés dans un joli jardin, et qu'elle devrait y aller. Sans nous remercier du conseil, elle commence a entamer une crise de nerfs :

- Oui mais c'est tellement cheeeeeeeeeeeeeer !
- .... (
silence masquant l'envie de repondre "oui mais 5 euros pour un bungalow devant une cascade c'est pas beaucoup")
- La je n'en peux plus, parce que vous voyez, je voyage seuuuuuuuuuuuuuule, et lá, ils commencent a me FATIGUER!

A nouveau, nous sommes particulierement enchantés de voir l'humeur dans laquelle nous trouvons nos compatriotes dans un pays où les gens sont si charmants... La femme s'en va, sans un sourire pour nous, vive la France !

Onne zi Rhodes heugaine
Bang bang nous voila repartis sur notre petaradante 100cc. Peu de temps apres, nous avons l'occasion de constater que, si le pays et ses infrastructures routieres se développent avec la rapidite d'une flèche, la route que nous devons prendre pour 25 km est toujours aussi pourrie qu'à l'époque de la rédaction du Lonely Planet : nids-de-grosses-poules-bien-grasses, raz-de-maree de poussière au passage des camions, gros cailloux dangereux pour notre équilibre et petits cailloux vicelards pour les pneus. Nous nous relayons souvent, mais la route, qui monte beaucoup, parait longue, très longue. In fine, nous debouchons à nouveau sur une belle route : vive la civilisation !

Et surtout, miracle, nous n'avons pas crevé, alors que nous avions parié que ca nous arriverait.


Grah-Meh sait faire un bon Kah-Feh
Cette route, qui montait au point que notre scooter lancait souvent de longues plaintes douloureuses, nous a amené sur le Plateau des Boloven. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce plateau ne se situe pas en Hollande, mais bien dans le Sud du Laos ; c'est là qu'y pousse une très forte production d' Arabica Typica, ou quelque chose comme ca, considere comme le meilleur café du monde - les colons francais l'appelaient le Champagne des Cafés.

Et c'est vrai que ce café, avec lequel nous nous saoulons depuis notre arrivée dans le pays (notamment a coups de rafraichissants kah-feh lao glacés), est particulièrement fort et gouteux!

Quant au Plateau lui-meme, symbolisé par sa ville principale, Paksong, dans laquelle nous passons la nuit, il n'est pas particulièrement adapté au tourisme : peu de pensions, très peu de restaurants, aucun magasin, et surtout, AUCUN CAFÉ !!!! Nous sommes dans la capitale Asiatique du café, et aucun petit magasin ne propose de déguster du café... Nous tentons d'abord une échoppe d'un petit producteur hollandais, mais il n'est pas là, et nous rencontrons à la place sa femme, assez allumée, qui prendra Aglaé dans ses bras (!), avant d'essayer de nous vendre un kilo de café en grains. Nous refusons poliment, Aglaé se dégage de son étreinte.

Nous essayons enfin un petit bouge-restaurant. Là, à coté de la patronne qui berce son bébé devant 3 gigantesques enceintes qui crachent de la pop thaie à plein volume (nous nous bouchons les oreilles, l'enfant doit déjà etre sourd), nous dégustons un café glacé si fort, si lacté et si sucré que nous croyons pendant 10 bonnes minutes qu'il s'agit d'un très bon chocolat froid !
(Note d'Aglae: c'est avec joie que j'ai decouvert que le cafe, ca n'etait pas seulement pour se reveiller les matins difficiles ou un pretexte pour prendre une pause a l'EPAMSA, mais qu'il y avait de vrais aromes subtils dedans!)

Après avoir visité Paksong, une ville assez morte, nous traversons quelque chose qui se situe entre la Foire du Trone (les attractions, les morveux, les beignets froids) et le rassemblement des Jeunesses Bouddhiques (des gens en toges oranges qui parlent dans des micros, d'autres assis en face les yeux pleins de dévotion), puis échouons dans un restaurant. Nous commandons la meme chose que les voisins, c'est-à-dire une espèce de barbecue-fondue, dans lequel nous sommes supposés jeter tous les ingredients possibles : laitue, citronelle, menthe, viande, oeufs, nouilles. Parmi les sauces d'accompagnement: des cacahuetes, d'atroces sauces au poisson et du sucre ! L'ensemble, contre toute attente, est plutot bon, et nous ressortons pliés en deux de bonheur et d'estomac tendu.

Nuit tranquille passée entre le bruit de la télé des voisins et le matelas le plus dur de la Création, et nous voilà repartis pour la fin de la Boucle !

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