lundi 27 avril 2009

Yangshuo 2e jour, la balade interdite

22 mars

Je me reveille de bien belle humeur, impossible de faire autrement vu que j'ai mange des escargots la veille. Nous decidons aujourd'hui de nous bouger les fesses, non plus sur un velo, mais a pied, en faisant une longue balade le long de la riviere Li (allez voir les photos du lien), qui serpente de Guilin a Yangshuo. Une randonnee celebre (et donc payante) suit la riviere entre deux villages. Il suffit d'aller en bus au premier, et de repartir en bus du second. Nous faisons des provisions de Snickers (une des seules possibilites de vrai chocolat en Chine), et partons.

Lorsque nous arrivons a Yangdi, point de depart, nous sommes bien entendu assaillis. Nous savons depuis la veille que qui dit petit village minable touche par le tourisme dit harcelement perpetuel du petit blanc. Et la ca ne manque pas. Une personne surtout nous a pris pour cible. C'est une jeune femme avec un bambin sur le dos. Nous ne savons pas ce qu'elle demande, mais elle nous embete, BEAUCOUP. Nous cherchons le point de depart de la balade, mais elle nous suit, en nous parlant, en nous criant dessus, en nous demandant des choses. Nous devenons aggressif, et comme tous les Chinois dans ce cas-la, ca ne l'emeut pas du tout : elle continue a nous suivre a distance, avec son bebe sur le dos. Elle ferait mieux de s'en occuper, suggere Aglae.
Au bout d'un petit moment, nous comprenons qu'il faut peut-etre prendre un bateau pour traverser la riviere et commencer la balade. Sauf qu'il y a une armee de petites embarcations en bambou mouilles dans le petit embarcadere, que nous ne savons pas lequel prendre, s'il y a un ferry, etc. Nous sommes un peu perdus, et la Chinoise qui nous harcele... La balade n'a pas commence, et nous en avons deja marre. Je demande a un groupe de Chinois qui semble attendre d'embarquer s'ils savent ou commencent la balade. Ils ont des rudiments d'anglais, surtout une jeune femme, et nous disent qu'ils font eux aussi la balade. Rapidement, ils prennent la decision de nous aider.

Et la tout se complique. Alors que ce groupe, qui s'averera etre constitue d'au moins trente personnes, se disperse en petits groupes et essaie de nous faire monter sur une des barques a leurs cotes, la Chinoise-au-bebe decide de se venger. Elle se precipite vers l'embarcation, et pousse des beuglements en nous montrant du doigt. S'ensuivent des bordees de cris des deux cotes, le tout dans une atmosphere qui fait de rapides allers-retours entre la franche engueulade et la franche bonne humeur. Nous ne comprenons toujours rien, et sommes un peu genes de compliquer la tache de nos nouveaux amis chinois. La Chinoise-au-bebe convainc ses allies les bateliers, qui font croire que nous sommes trop sur le navire. Nos amis les Chinois-de-la-ville se foutent des Chinois-de-la-campagne en montrant les autres bateaux pleins a ras-bord, en comptant les passagers et en riant. Enfin c'est ce que nous avons saisi de l'affaire.

Les engueulades continuent, un batelier vient regulierement nous faire signe de degager du bateau, comme si nous etions des sales chiens poses sur un canape en velours. Mais nous tenons bon. On sent une veritable animosite generale, derriere les vannes de facade : nous sommes pris au milieu du mepris des citadins a l'egard des paysans chinois, et de l'envie des paysans pour les portefeuilles des citadins. En ce qui nous concerne, il est evident que les paysans veulent nous racketter seuls, la ou aucun Chinois ne pourra negocier a notre place.

Finalement deux passagers de notre bateau vont en prendre un autre occupe par d'autres membres du groupe, et nous partons. Notre bateau ne nous fait pas faire uniquement la traversee du fleuve, et la balade en bateau commence a durer. Nous finissons par nous demander si nos amis de la ville ont bien compris que nous voulions faire la randonnee, et si a la place nous ne nous retrouvons pas dans une balade en bateau comme tout le monde en fait.

Tant pis, le paysage est encore plus beau que la veille. Nous passons au milieu d'une rangee de pains de sucre, recouverts de verdure, qui bordent litteralement l'eau. C'est vraiment fascinant.

Debut de la balade
Le bateau finit par accoster, un ou deux kilometres plus loin (mais sur la meme rive que notre point de depart !). Nous ne comprenons rien a notre carte, d'autant que notre guide mentionnait un droit d'entree pour la balade. Est-ce le tarif que nous avons paye pour monter sur le bateau ? Nous maudissons notre guide d'etre aussi vague. Les passagers des differents bateaux se retrouvent, et nous comprenons alors qu'il s'agit d'un groupe gigantesque.

Tous se mettent en rang pour une photo souvenir. Impossible pour nous d'y echapper, car nous sommes devenus la coqueluche du groupe. Une fois les 15 photos de groupes finies (une par appareil numerique disponible), une femme vient nous poser son enfant dans les bras, le temps d'une photo. Tout comme en Inde, nous sommes LES stars.

Le probleme, c'est que notre balade repose sur un pari risque : il faut la finir a temps pour rentrer a Yangshuo, recuperer nos sacs puis retourner a Guilin prendre notre bus de nuit pour Shenzen (a cote deHong Kong). Ca ne laisse pas beaucoup de temps pour trainer. Et un groupe de 30 personnes, dont des marmots, qui font une promenade, je peux vous dire que ca traine.

Au bout de quelques minutes, nous rassemblons notre courage, et faisons comprendre a la seule anglophone que nous sommes presses. Pas de probleme, elle s'en fout. Nous les remercions et disparaissons au pas de course.

La suite de la balade belle mais compliquee.
1) Nous ne savons jamais vraiment ou nous sommes.
2) Un bureau improvise en pleine nature nous ferra payer le billet d'entree de la randonnee. Le ticket comprend des ferrys, qui s'avererons etre en fait derriere nous, ce qui acheve de nous deboussoler (nous avons donc eu tort de monter dans le bateau des chinois).
3) le dernier ferry qu'il nous reste a prendre pour traverser la riviere et atteindre l'arrivee est, lui, payant...
4) la seule personne qui tentera de nous aider, c'est un Chinois survolte qui ne parle absolument pas un mot d'anglais, mais qui est tres drole.
5) pire que tout, je n'ai pas assez dormi et je suis de mauvaise humeur

Tout ca fait que nous ne nous arretons jamais, car nous ne savons jamais si nous sommes a l'heure sur notre planning. Nous avons meme plutot l'impression d'etre en retard...
Neanmoins, nous ne pouvons nous empecher de nous extasier devant ce paysage que pourtant nous nous evertuons a traverser le plus vite possible. Nous degustons quand meme (en marchant) des oranges provenant d'une foule d'orangers qui embellissent encore un peu plus les alentours. Au bout d'environ 3h de marche, il y a a nouveau du monde sur la route (jusqu'ici deserte), et nous nous apercevons que nous avons termine la balade, ayant atteint le village de Xingpin, but ultime de notre marche.

Nous avons donc tellement stresse que nous avons quasiment divise par deux le temps de marche prevu. Nous rions un bon coup, puis sautons dans le premier bus pour Yangshuo. S'ensuit la longue litanie pas tres interessante : bus, marche pour reprendre les bagages, douche a l'hotel, marche, attente, bus pour atteindre Guilin, etc. Nous finissons par monter dans le bus-couchette pour Shenzen, alors que nous sommes quasiment en retard. Ce bus de nuit est particulierement confortable, aux antipodes de l'epave que nous avions prise pour faire Lijiang-Kunming, quelques jours plus tot.

Mieux, il est vide, ce qui nous etonne pas mal : personne ne veut rejoindre Hong-Kong depuis cette ville tres touristique ? La reponse nous est donnee apres une bonne heure de route. Nous nous arretons dans une gare routiere, qu'Aglae reconnait immediatement : nous sommes revenus a Yangshuo. C'est-a-dire que, croyant qu'il n'y avait pas de bus pour Shenzen depuis Yangshuo, nous avons perdu deux heures et demie de notre journee a aller a Guilin pour prendre un bus qui prenait en fait des passagers a Yangshuo, en se pressant pour rien pendant la balade! Nous maudissons notre guide, et notre manque d'audace. Nous nous sentons un peu nuls sur ce coup...

Le bus repart, choisissant comme d'habitude de diffuser un film. Lequel ? L'Interprete, evidemment, que nous avions deja vu dans le bus Guilin-Yangshuo deux jours avant. Hasard malencontreux, qui renforce notre impression de tourner en rond et nous force pour la seconde fois a voir ce film de dialogues (double en chinois, vous imaginez le plaisir). Oui, nous sommes forces, parce que nous sommes allonges a l'avant du bus, c'est-a-dire que nous (et specialement Aglae) sommes juste sous l'ecran plasma.

Bras de fer international
Au bout d'un moment, le film se termine. Le second chauffeur decide non pas d'eteindre la tele (il commence a se faire tres tard, et le bus arrive encore tot a Shenzen), mais de mettre des clips, puis une emission de variete insupportable. Alors que moi je dors deja, un peu plus protege de la lumiere de la tele, Aglae, la tete a 50cm de l'ecran, commence a fulminer. D'autant que tous les autres passagers du bus dorment comme des loirs. Seul le chauffeur de remplacement regarde la tele et rit.

Aglae decide donc, apres concertation avec son petit ami endormi, de ranger la tele (il suffit de la faire pivoter dans le plafond). Le chauffeur bis s'enerve en chinois et re-ouvre la television. Aglae la replie en lui montrant l'horloge. Tension. Le chauffeur ressort la TV en bougonnant. Je la replie (il n'a du voir que ma main, d'en haut), pendant qu'Aglae le houspille. Il la re-ouvre, Aglae la replie, etc. etc. (elle a decide qu'elle preferait passer la nuit a ce petit manege plutot que de supporter la debilite des shows chinois). Au bout d'un moment, le type comprend qu'il n'est pas de taille, et va eteindre le son et les autres televisions.

VICTOIRE ! Nous pouvons nous endormir. Aglae vient de remporter une nouvelle victoire de la civilisation sur la malpolitesse chinoise. Je felicite Aglae en pensee, trop fatigue pour lui parler, et m'endors en pensant que demain nous ne serons plus vraiment en Chine.

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