Preambule a destination de ce pretentieux d'Etienne : cher Etienne, tes grandes capacites linguistiques et sexuelles en ce qui concerne l'Asie, et plus particulierement la Chine, ne doivent pas te faire confondre les parties du Sud de la Chine ou l'on parle peut-etre cantonnais avec les parties du Sud de la Chine, et en particulier le Yunnan, ou la grande majorite parle le Hanyu (mandarin) et ou personne ne pipe rien au cantonnais. C'est dit.
19 mars
Une veritable malediction s'est abattue sur nous a notre entree en Chine, qui nous a poursuivi pendant toute notre presence sur le territoire : impossible d'arriver dans un nouvel endroit apres 7 heures du matin. Nous etions deja arrives tot a Kunming la premiere fois et lorsqu'on nous reveille apres ce trajet de nuit depuis Lijiang, nous sommes du mauvais cote de la limite nuit-matin. Il doit etre a peine plus de 5 heures, il fait nuit noire et tout le monde se precipite vers la sortie. Ah, euh, d'accord, je reveille Aglae, nous allons recuperer nos bagages, regardons l'heure (quoi ???? seulement ?). Aglae me fait remarquer un truc : une petite partie des passagers du bus dort encore. Comme nos bagages etaient numerotes, et que seul le chauffeur y avait acces, il nous aurait suffi de rester dormir dans le bus en attendant le jour. Maintenant que nous avons nos bagages, il est trop tard. Ah calamite, comment aurions-nous pu savoir qu'il etait possible de rester couche dans un bus parvenu a destination ?
Bien evidemment nous sommes aussi reposes qu'un ballon perce. Aglae grommelle presque aussi fort que moi. Quelques pas plus loin, c'est la bonne nouvelle : la consigne n'est meme pas encore ouverte. Nous attendons donc quelques longs quarts d'heure l'ouverture du bureau, devant lequel patientent une bonne vingtaine de Chinois pas vraiment plus reveilles que nous. Au bout de longues minutes, ou je remarque que je ne vois pas tres bien quand j'ai mes lunettes, la consigne ouvre. Les gens devant sont tellement endormis que, pour une fois, nous resquillons les resquilleurs et parvenons a enregistrer nos bagages en premier : victoire ! Un petit vieux aura quand meme essaye de donner de vrais coups de coude a Aglae pour passer devant elle (nous y sommes maintenant presque habitues).
Cybercafe pendant une heure. Nous sommes etonnes du monde deja en train de jouer en reseau a 6h du mat'. Nous appelons Silvia des 7h30, car nous savons qu'elle a cours a 8h30. Il faudra jouer serre pour la croiser devant chez elle sans venir trop tot (et risquer de la reveiller), et avant qu'elle ne soit en cours. Notre bus arrive a temps, nous croisons la miss Barcelone, la laissons partir en cours et nous effondrons sur son lit. A son reveil, sa coloc Ta'al semble pour le moins surprise de nous voir, mais apres avoir pris une douche, nous decollons deja, direction dejeuner avec Silvia, pres de son universite.
A nouveau nous mangeons dans cette rue des restos et bars sympas. C'est un plaisir que de se faire guider par Silvia, qui peut lire tout ce qu'il y a sur la carte - c'est une des rares fois ou nous pouvons comprendre l'integralite d'un menu.
Apres lui avoir vraiment dit adieu (sans espoir de la revoir avant longtemps), nous voyons s'eloigner Silvia, les bras pleins de baguettes (elle a fait un tour dans une boulangerie, nous n'y sommes pour rien). Snirfl.
Carrefour mon amour
Comme nous naviguons depuis le debut du voyage avec les memes guenilles, il faut bien dire que j'avais finis par mettre en pieces pas mal de mes habits, notamment les calecons, dont l'escadrille etait deja vieillissante a notre depart. Apres des tentatives infructueuses, nous avons pu constater qu' il est difficile de trouver autre chose que des slips kangourous en Asie, aussi prenons-nous la decision psychologiquement douloureuse (en tout cas pour moi) de nous rendre dans un hypermarche. Douloureuse surtout parce que le seul hypermarche possible en Chine est l'etendard economique francais dont j'ai le plus honte : Carrefour.
Vous trouvez que l'experience Carrefour en France est toujours oppressante, faite de bruit, de fureur et d'errance sans fin a la recherche du rayon liquide vaisselle ? Eh bien testez le Carrefour en Chine : vous ne comprenez rien, les panneaux sont en chinois, il y a encore plus de bruit et de cris, c'est encore plus grand qu'en France. Des agents sillonnent les rayons en rollers, suants sous la pression. Il y a meme des vendeuses qui crient dans des hauts-parleurs. Et impossible de trouver du Nutella. L'Enfer, quoi.
Nous denichons un T-shirt, de precieux calecons, quelques mignardises et de quoi se faire du cafe dans le train (nous avons appris qu'il y a de l'eau bouillante a disposition). En effet nous attend de KunMing a Guilin, prochaine etape du voyage, un long trajet de nuit en train (19 heures).
Nous repartons du Carrefour les bras charges de belles choses pour couvrir mes fesses, et repartons prendre notre train.
A noter LA bonne idee des Chinois (mis a part la poudre a canon, la porcelaine et les billets de banque). Ceux-ci arrivent bien en avance a la gare, afin de ne pas rater leur train. Pour les faire patienter, on les dispose dans de gigantesques salles d'attentes, selon leur destination, un peu comme des salles d'embarquements pour les avions. Il y a des teles, des boutiques, des annonces. Puis on dirige tout le monde vers la bonne porte, au bout moment, et tout le monde est dans le train bien a l'avance. Tres confortable, meme si un peu desorientant au debut (en gros, ca ne sert a rien de chercher son quai).
Train musical
Comme les Chinois sont un peuple tres nombreux, les trains sont d'une longueur infinie. Nous finissons par trouver notre wagon et notre couchette. 6 personnes partagent un compartiment qui n'a pas de porte (mais pourquoi ?), le jour on peut s'asseoir dans le compartiment, mais aussi dans le couloir, ou des strapontins entourent de petites tables. Pratique pour manger sans empuanter la cabine. Avec nous, deux gentils couples, a mille lieues des quarantenaires rigolards que nous craignions (et sur qui nous tombons la plupart du temps).
L'experience des trains chinois est fort agreable, a vrai dire. L'eau chaude permet de se faire de bonnes nouilles instantanees, du cafe, du the, etc. Le probleme, et il est de taille, c'est qu'a part en premiere classe, on y entend en continu de la musique, a peine couvertes par des annonces incessantes (nous finirons par decouvrir qu'il s'agit la plupart du temps... de pubs pour des hotels et restaurants de la destination). Et quand je dis de la musique, j'oublie de preciser qu'elle est tres forte. Il est parfois difficile de s'entendre, encore plus d'ecouter de la musique avec un iPod. La musique s'arrete entre 22h et 6h30 du matin.
Imaginez que vous dormez bien, dans des couettes tendres, berce par le ron-ron du train, et soudain, a l'aube, BAM, de la soupe chinoise. Oui, la soupe chinoise, celle que vous entendez immanquablement dans les restaurants chinois en France, de la melasse impossible melangeant des rythmes synthes et des instruments traditionnels chinois.
Lorsque nous arrivons a Guilin, nous sommes au bord de la degenerescence mentale.
Mamie couture
A noter aussi, une petite anecdote rigolote, qui rappellera aux fans les plus assidus l'anecdote de Mamie Lessive au Laos. Dans ce long train nous nous occupons comme nous pouvons : Aglae fait son scrapbook, moi je m'attelle a coudre des drapeaux sur notre sac a dos. Bien entendu, notre manege attire l'attention curieuse de tous nos voisins (impossible d'esquisser avec des mots l'immensite de la curiosite maladive des Chinois). Un couple de petit vieux, particulierement, semble fascine par le spectacle d'un homme cousant. Alors que je galere avec un fil completement coince, la vieille dame du couple s'approche de moi, rigole, puis decide de prendre les choses en main.
Elle aggrippe des ciseaux, coupe tout, m'arrache le sac des mains, l'aiguille, le fil, et part a l'assaut du drapeau. Rien a faire du de a coudre, elle prend l'aiguille dans ses gros doigts rides, la frotte frenetiquement contre ses cheveux (?), la plonge dans les trefonds du sac, la ressort avec violence, a nouveau un coup dans les cheveux (mais pourquoi?), etc. En deux minutes, le drapeau est cousu, la ou j'aurais passe vingt bonnes minutes. Elle me regarde en souriant, s'en va. Je tente d'applaudir, mort de rire.
Si quelqu'un peut me renseigner sur le pourquoi du comment de l'aiguille passee dans les cheveux de la vieille dame, ecrire au blog qui transmettra.
Derniers plans, une invitation
Il y a 7 ans
c'est simple l'aiguille passée dans des cheveux gras glisse beaucoup + facilement: logique non?
RépondreSupprimerEn savoie onla frotte contre le morceau de lard qu'on a toujours au fond de la poche, et à Lyon dans du graillon qu'on garde au chaud de dessous les bras etc..; chaque contrée a son "dé": à sonder?
En effet, mes contacts en Chine, à qui je narre régulièrement vos aventures et mes réactions quant aux dites aventures, ont déjà désavoué, non mes capacités sexuelles ou linguistiques, mais ma géographie chinoise septentrionale, et les zones linguistiques qui vont avec.
RépondreSupprimerEn tout cas, j'espère que vos 19 heures en couchettes seconde classe vous donneront un vague aperçu de mes 34 heures forcées en siège dur troisième classe, où la musique ne s'arrête pas même entre 22h et 6h30 du matin.