11 - 12 mars
Il fait faim et il faut bien dejeuner. Nous nous decidons pour une espece de cantine ou, evidemment, tout le monde nous regarde. Charly essaie de demander les prix en montrant les plats, mais il s'appercoit rapidement que si cette operation etait relativement simple dans d'autres pays, ici on ne le comprend pas. Il a beau s'appliquer a suivre le prononciation indiquee par le guide, rien n'y fait. Les tons, le prononciation qui change selon le patois local, c'est du chinois! Nous nous servons donc au buffet ; la nourriture est epicee mais tres bonne. Au moment de payer, nous comprenons que la Chine ce n'est pas le Vietnam: nous n'aurons pas a nous battre pour ne pas nous faire avoir. Les restaurants pratiquent les meme prix pour tout le monde, chouette!
Envie d'eau de javel?
Assis dans la gare routiere, nous lisons le guide et decoupons et collons nos vieux tickets, cartes de visites, billets de musee dans un cahier, "un scrapbook", pour garder des traces de nos aventures. Et nous avons tout le temps de nous familiariser avec ce nouveau pays:
-Des gens se raclent la gorge avec un bruit effarant, puis crachent par terre, mais une dame passera l'apres-midi a nettoyer et re-nettoyer le sol de la salle d'attente.
-Nous savions qu'en tant que "laowai" (etranger en chinois) nous allions etre souvent devisages. Nous sommes la depuis moins d'une heure et un monsieur vient, avec le sourire, nous montrer a la petite fille qu'il tient par la main. Nous sommes des extra-terrestres.
- Une maman est assise derriere nous avec un petit garcon mignon et une petite fille aux regards farouches, tous les deux portant des habits d'une proprete douteuse ; vraisemblablement, ils sont d'une ethnie proche des mongoles. Le petit garcon commence par se rouler par terre en hurlant, puis lui et sa soeur viennent eparpiller partout les chutes de papier de mes decoupages. Ils s'amusent ensuite a vider consciencieusement le sac plastique qui nous sert de poubelle par-terre. J'essaie de leur dire "bou, bou, bou!" (non, non, non!) mais apparemment ils ne comprennent pas ce que je leur dis (il est probable qu'ils ne parlent pas mandarin de toute facon). Je finis par abandonner la lutte et les laisse jouer. La mere n'a pas reagi au vidage de poubelle. Elle finit par leur donner a manger, et la, le petit garcon m'eternue tout ce qu'il avait dans la bouche dessus. Notre scrapbook est donc enrichi de vomi d'enfant chinois! Un peu plus tard, le petit garcon baisse son froc et pisse par terre, au milieu du hall. La femme de menage de la gare routiere, excedee, vire la petite famille pour qu'ils attendent dehors. Le petit ambassadeur de la proprete chinoise finira meme par poser une crotte, que sa mere s'empressera de ramasser.
-Si la famille cradok nous a bien fait rire, le test des toilettes publiques brise tout sens de l'humour. Meme apres des experiences a la limite du supportable en Inde, la Chine peut etre elue, et de loin, le pays d'Asie aux toilettes les plus infames. Sans rentrer dans les details sordides, il faut savoir qu'il s'agit d'une grande rigole au-dessus de laquelle les gens s'accroupissent, qu'il n'y a pas de portes mais des vagues murets (et encore pas toujours), et que donc tout le monde se voit. Un mince filet d'eau coule au fond de la rigole, n'emportant malheureusement pas grand-chose avec lui. L'odeur est evidemment atroce ; certains touristes se mettraient du baume du tigre sous le nez pour survivre! Il va sans dire qu'il n'y a ni papier, ni savon, ni lavabo pour se laver les mains. Et le comble... c'est payant!
Un reve eveille...
Quand notre bus-couchette arrive enfin, nous sommes surpris par le confort. Charly ne resiste pas longtemps a l'oreiller moelleux. La nuit tombe et notre bus suit une route completement defoncee ; il doit parfois presque s'arreter pour passer des nids de poules geants. Nous slalomons entre de gigantesques piliers de beton pendant des kilometres et des kilometres. Une immense autoroute est en construction, un serpent de beton accroche au flanc de la montagne et survolant les vallees abruptes grace a d'immenses ponts (Nantua puissance 10 pour les connaisseurs). Ce sont les camions de cet impressionnant chantier qui ont bousille la route que nous suivons peniblement.
Au moment ou nous quittons la zone des piliers geants, nous commencons a longer un fleuve tres large. Des montagnes immenses surplombent la vallee brumeuse, le paysage rappelle celui des Trois Gorges. Des petites maisons, presque des cabanes, sont acrochees a la montagne, a pic au-dessus du lit du fleuve. On a l'impression qu'elles sont en equilibre et peuvent se decrocher a tout moment. Les montagnes semblent percees de grands trous, des mines? Mais l'obscurite gagne inexorablement et bientot on ne distingue plus que des lueurs suspendues au-dessus de fleuve. C'est le moment que choisit Charly pour se reveiller. J'ai l'impression d'avoir passe un precieux quart d'heure dans une estampe chinoise, ou les humains et les constructions sont toujours minuscules et ridicules face a d'ecrasantes montagnes et de puissantes rivieres.
Voir un si beau paysage defiler devant soi tout en etant allongee donne l'impression de rever... Je m'endors emerveillee...
Reveil difficile et desorientation
Arrivee a Kunming a 5h et quelques du matin... on serait bien restes un peu plus longtemps sur nos couchettes! Nous deposons nos sacs a la consigne de la gare. Une fois n'est pas coutume, nous arrivons a griller tous les chinois qui attendent en tas (et pas en queue), car ils ne sont pas reveilles. Nous partons en quete d'un petit-dejeuner mais tout est ferme a part un resto de nouilles ou la carte est en chinois. Nous finissons par avaler des beignets tres tres sucres dans la rue pour contourner l'enigme des caracteres chinois. Niveau chinois oral c'est toujours la catastrophe, les vendeurs ambulants ne comprennent pas Charly.
Apres une marche dans une avenue sans fin mais tres propre et avec de larges trottoirs (rares en Asie) nous trouvons refuge dans un cafe pour expats, ou nous passons la matinee a planifier notre itineraire en Chine. Nous avons RDV avec Silvia (notre charmante amie espagnole rencontree au Laos, qui etudie le chinois a Kunming) a midi devant sa fac, nous avons le numero du bus. Tout parait plutot simple.
Une fois dans le vehicule, nous essayons de suivre son trajet sur notre plan car les arrets sont evidemment ecrits en chinois. Au bout d'un moment, on demande a une jeune chinoise la "Yunnan University" et elle nous dit de descendre au prochain arret en nous montrant une vague direction. Nous descendons, essayons de suivre des jeunes au look d'etudiants et constatons que nous sommes perdus. Nous passons un coup de fil depuis une epicerie et Silvia doit demander en chinois a l'epicier ou nous sommes. Elle nous dit alors de la rejoindre a la gare routiere ouest, toute proche. L'epicier nous montre (encore) une vague direction, accompagnee d'un long monologue en chinois. Nos gros sacs sur le dos, nous sommes toujours aussi perdus et commencons a desesperer. Nous essayons de demander a des passants chinois : echec, Charly cherche un plan sur les arrets de bus : il n'y en a plus. Soudain, j'apercois une jeune fille blanche et me precipite sur elle comme un naufrage sur une bouee.
Elle me repond en anglais que la gare Ouest est a 200m, au bas de la rue. Nous foncons a l'endroit indique et attendons anxieusement. Est-ce seulement le bon endroit, cet immeuble chic avec des bus devant?
Soudain un cri de joie retentit et nous nous jetons dans les bras de Silvia!
En même temps, dans le Sud de la chine, on ne parle pas chinois mandarin, mais cantonnais :-)
RépondreSupprimerben oui etienne a raison, c'est du cantonnais c'est pourquoi on a beaucoup "riz"....
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