jeudi 2 avril 2009

Une longue route vers la Chine... (1)

10-11 mars

Premiere etape: train de nuit jusqu'a Lao Cai, derniere ville vietnamienne avant la frontiere chinoise. Nous voyageons en "couchettes dures", c'est-a-dire dans un compartiment a 6 couchettes. Nos voisins vietnamiens ne sont pas trop bruyants et le trajet se passe sans incident notable.

Nous arrivons (encore) a 5h30 du matin et devons affronter une nuee de rabatteurs qui veulent absolument nous emmener a Sapa, ville de montagne tres touristique que nous avons prefere rayer de notre itineraire a cause du temps (gris, gris, gris) et de notre faible penchant pour les zoos humains (prendre en photo 3 Hmongs rayes et 2 Hmongs a fleurs faisant leur danse folklorique en compagnie de 30 autres touristes, non merci!). Apres quelques "No Sapa, we go China!" avec un demi-sourire, je finis par repeter la rengaine d'un ton de moins en moins conciliant. Si on a meme plus le droit d'etre de mauvaise humeur le matin!

Nous finissons par trouver un resto ouvert pour petit-dejeuner et parfaire notre strategie de contrebandiers. En effet, les autorites chinoises n'ont pas fini d'etre tatillonnes. Le Lonely Planet (photocopie) que nous avons achete previent ses lecteurs dans ses pages sur la frontiere: il arrive que les douanes chinoises confisquent leur Lonely Planet aux pauvres touristes qui en ont pourtant bien besoin, ne parlant pas chinois. Et sur les forums de voyageurs, les messages racontant la confiscation de Lonely Planet abondent. Mais pourquoi ???

Parce que les cartes du Lonely Planet montrent une realite geopolitique qui n'est pas du gout des Chinois: Taiwan y est un etat independant. Donc bien sur, l'ile ne figure pas dans le guide "Chine". Dans un exces de zele, certains douaniers confisquent donc tous les Lonely Planet lors de la fouille des bagages (et les revendent certainement plus tard au marche noir).
Or, nous n'avons pas envie de devoir racheter un guide en Chine, ou on ne trouve que des guides censures (avec du tipex sur les passages concernant la revolution culturelle ou Tien Nan Men).

Nous procedons alors par plusieurs etapes: nous arrachons toutes les cartes montrant la Chine, arrachons la couverture bien connue des douaniers (qui ne lisent evidemment pas l'anglais), nous collons a la place la couverture de notre guide du Vietnam, et enfouissons le guide au plus profond de mon sac (par experience, les sacs des hommes sont toujours fouilles beaucoup plus minutieusement que ceux des femmes). Cette ruse m'amuse mais me stresse un peu aussi. Apres tous les efforts pour avoir le visa chinois, ce n'est pas le moment de se mettre les douaniers a dos!

Le ventre plein mais un peu serre nous partons en direction de la frontiere, qui s'avere etre beaucoup plus loin que prevu. Apres 3km de marche avec nos gros sacs sur le dos, nous arrivons en vue d'une banque. Nous voulions etre prevoyants et avoir des yuans chinois sur nous. Mais impossible de s'en procurer a Hanoi. Nous tentons notre chance. Non, a 30m de la frontiere, une banque vietnamienne ne peut pas vendre des yuans (car on ne peut en trouver qu'en Chine). Heureusement, une dame de la banque nous change nos dongs contre des yuans qu'elle avait dans son porte-monnaie personnel. Le marche noir dans une banque vaut de toute facon mieux que le marche noir de la frontiere chinoise!

A la frontiere vietnamienne, on voit passer nos passeports de mains en mains pendant 10mn avant de pouvoir traverser. Arrives a la frontiere chinoise, nous sommes accueillis avec un grand sourire par un douanier parlant anglais qui nous aide a remplir les formulaires. Il y a des cameras partout, a "further search" room... Puis vient la ceremonie des coups de tampons sur le passeport, qui dure 5mn et toujours avec un sourire. Pas de questions et meme une petite machine avec des smileys pour dire si on est satisfait ou pas du service (!). Charly vient de passer la douane sans probleme et me fait un sourire depuis l'autre cote de la barriere. Je mets mes sacs sur le tapis de la machine a rayon X, personne ne vient les fouiller manuellement... et c'est fini!

Tout ca pour ca!

Nous sommes donc enfin en Chine, et les panneaux ecrits en vietnamiens (et donc en alphabet latin) s'espacent a vue d'oeil. Nous nous arretons a un carrefour, perdus. Mais ou peut donc bien etre la gare de bus?
Charly entre dans un magasin au hasard, mais personne ne comprend les mots "bus station", ni le mot chinois pour bus qu'il essaie de prononcer. Je sors alors du sac le Guide de conversation francais/chinois du Routard (merci Julien et Isabelle!) et Charly retourne dans le magasin pour montrer la phrase "Ou est la station de bus longue distance?" en chinois. Le vendeur abandonne alors son magasin et se met silencieusement a nous guider en marchant devant nous. Il nous conduit tout droit a la gare routiere, en fait a seulement 50m, cachee au detour d'une rue. Cette gentillesse nous touche beaucoup et, apres les douaniers aimables, nous nous disons que la Chine commence bien!

A peine nous sommes nous approches du guichet, qu'un monsieur chinois nous demande en anglais parfait ou nous voulons aller et fait la traduction pour la guichetiere. Il n'y a pas du bus pour Kumming avant 6h du soir (et il est alors 11h seulement). Nous achetons les billets, remercions l'inconnu et commence alors une longue attente...

1 commentaire:

  1. Coucou les aventuriers!
    Contente de voir que le fameux guide de conversation a pu vous servir! Amusez-vous bien, où que vous soyez en ce moment! On pense bien à vous!
    Gros bisous
    Isabelle

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