(parfois avec Aglae nous revons de pouvoir mettre le son du cybercafe pendant que vous lisez les messages : la c'est de la makina chinoise, c'est... interessant)
15 mars
Tout commence par le voyage depuis Dali. Nous sommes un peu deprimes, il faut le dire, par ce que nous venons de voir, et par le fait que nous avons peu profite des environs de Dali. Fatigue du voyageur, aussi, bien entendu, insidieuse et vicieuse. Mais a peine nous elevons-nous au-dessus du grand lac qui tapisse le fond de la vallee de Dali, que notre point de vue (a tous les sens du terme) change de perspective.
La route monte fort, et nous transporte rapidement vers des sommets splendides. Jaune de la roche, rouge de la terre, vert des feuilles, le tout lie par la lumiere d'or du Soleil Couchant. Des paysages inoubliables, qui paraissaient moins betes que la, au moment d'essayer de les decrire.
Cette lumiere est la plus douce possible, et croiser toutes ces maisons blanches traditionnelles nous fait vite oublier nos griefs contre Dali : contre rien au monde nous n'aurions echange ce long moment de coucher de soleil.
Bien sur, il faudra se taper un arret pipi au milieu de nulle part, avec des toilettes ou toute l'horreur du monde semble s'etre concentree. Dur pour les narines.
A un moment nous nous arretons dans une station service. La nuit s'est deja posee sur notre minibus, et nous sentons que Lijiang n'est plus tres loin. Un monsieur de la cinquantaine se leve, s'etire, et me prend a partie en chinois :
- Faguo ? (France?)
- Shi ! Faguoren ! (oui, Francais) reponds-je, etonne qu'il ait reconnu notre langue, qui doit paraitre semblable a tous les idiomes europeens pour un Chinois.
Le type n'en peut plus, croit que nous le comprenons, et se lance dans un long monologue a notre intention, ponctuee de silences qui doivent correspondre a des questions (impossible d'y repondre pour nous). Les autres passagers du bus sont regulierement morts de rire - il doit y avoir des blagues chinoisement hilarantes. Mais ce n'est pas du tout aggressif, enfin ca n'en a pas l'air. Il semble qu'a un moment le type parle de vin, de vin francais, mais nous ne pigeons pas un mot de ce qu'il raconte.
Et les Cantonais la-dedans ?
L'arrivee a Lijiang est rude. Il fait un froid de fou, nous savons que nous sommes loin de la vieille ville, et nous ne savons pas quoi dire a un eventuel taxi. Nous sommes prets a tenter l'aventure a coups de phrases empruntees au guide, lorsqu'une des passageres du bus, la plus jeune, la plus timide, nous aborde dans un anglais assez hesitant. Elle nous demande ou nous allons. Elle y va aussi. Je propose de partager un taxi. Elle refuse. Ah. Une minute apres, elle propose qu'on partage un taxi (elle n'avait donc rien compris a mon angliche).
Nous voila donc dans un taxi de Lijiang. Notre amie nous apprend qu'elle vient de Canton. Quant au chauffeur, c'est en realite une femme de la quarantaine, mince, sure d'elle, cheveux courts... Une Naxi ?
Petit topo sur les naxis a l'usage des non-anthropologues
Il faut dire, la lecture du Guide du Tocard nous avait auparavant renseigne sur les Naxis. Attraction secondaire de Lijiang, ville qui les represente majoritairement, les Naxis sont une ethnie de Chine assez intrigante. D'abord parce qu'il s'agit de l'un des tres rares groupes matrilineaires au monde, c'est-a-dire que les femmes y sont les maitres : elles choisissent librement leurs amants, les hommes vivent toute leur vie chez leur mere et les enfants portent donc le nom de leur mere, qui est leur pere ne compte pas. Ensuite parce que les Naxis sont le seul groupe a disposer d'une ecriture hieroglyphique (encore en activite). Charmante ecriture que nous decouvrirons dans les rues de Lijiang, le lendemain, et qui ressemble a s'y meprendre aux bons vieux hieroglyphes egyptiens (oiseau-soleil-pont pourra vouloir dire toilettes).
Cette femme, independante et souriante, qui conduit son taxi avec l'attitude de Marcel le routier, et qui nous apprend des mots en langue naxie, est donc une digne representante des vieilles Naxis. Sauf qu'elle n'est bien sur pas habillee du costume traditionnel, grande cape avec des motifs d'etoiles, de soleils, d'yeux, etc. Costume que nous verrons plus souvent le lendemain en parcourant la ville.
La langue naxie est d'ailleurs aussi feministe que l'organisation sociale: si on met le mot "pierre" au masculin il signifie "caillou", si on le met au feminin il signifie "rocher"!
Couleurs et lumieres a NaxiLand
Le taxi nous depose a quelques centaines de metres de la vieille ville, interdite aux voitures. Nous disons au revoir a notre Cantonnaise, puis quetons un endroit ou dormir. L'entree dans la vieille ville est absolument grandiose. Une gigantesque place, un monde fou, des groupes en drapeau, musique traditionnelle a fond.
Une mini-pagode supporte un ecran geant a 4 cotes, qui retransmet en continu des danses populaires naxies et des images de la region. Il y a un KFC dans une maison traditionnelle chinoise. Plus loin, un trou dans le vieux bois laque d'un batiment abrite un distributeur automatique de billets. Je m'attends a tout moment a voir des peluches Mickey.
Foin d'ironie facile : derriere tout ce fabrique, ce bref apercu de Lijiang de nuit est enchanteur. Les vieilles maisons sont tres bien eclairees, faisant ressortir leurs tons bruns, oranges et rouges. Une grande roue a aubes tourne dans le vent, pour la joie des petits et grands. Mais c'est terrible, tout a toujours l'air aussi (joliment) faux.
Nous ressortons de la vieille ville, pour un peu en faire le tour, et arriver par des rues plus calmes, ou nous cherchons des pensions. Il y en a absolument partout, et apres en avoir croise 5 en dix metres, nous nous decidons a demander les prix. La premiere a laquelle nous demandons a des places libres. Le probleme c'est que le type ne parle pas anglais, mais alors pas du tout. Il s'agit de plusieurs chambres organisees autour d'une cour a l'ancienne. C'est charmant mais un peu cher pour nous.
Nous lui disons poliment au revoir, le type nous poursuit, et nous promet une chambre vraiment pas chere du tout. Nous le suivons a travers une autre cour, des escaliers passant devant des toilettes nauseabonds, puis vers une chambre au-dessus de la ruelle. Il s'agit d'une vaste chambre, certes moins charmante que la precedente, mais bon... on peut y dormir pour une bouchee de pain. Et comme il y a l'eau chaude et des chauffe-lits, notre coeur craque.
Commence alors un bon vieux dialogue de sourds. Nous ne savons pas combien d'argent le gars demande, s'il veut une avance, un depot pour la cle. Il ne veut pas nos passeports, ce qui montre qu'il nous loge sans le declarer (beaucoup de pensions n'ont pas le droit de loger des etrangers). Enfin nous avons un toit, nous n'allons pas pleurer !
(enfin, il y a quand meme la musique d'un bar live specialise dans les chansons mievres et sucrees en chinois, et sur les toilettes il y a une demi-lunette !)
Diner dans un tres sympathique resto tibetain, ou nous pouvons manger des momos, ces raviolis de viande que nous avions tant aimes au Nepal. Ahhh la belle vie !
Ps d'Aglae: sans parler des desserts delicieux, faits avec du vrai chocolat! Cela faisait une semaine que je testais tous les cookies et autres gateaux chinois, mais ils sont tous faits avec du faux chocolat degueu. La barbe a papa achetee a Dali avait meme un arriere-gout de poisson... Imaginez mon soulagement!
Derniers plans, une invitation
Il y a 7 ans
Aglaé, je compatis.
RépondreSupprimersoreurette chérie, jéspere qu'avec toutes ces aventures, tu n oublie pas ta promesse faite a ta soeurette chérie à propos de certains DVD d'une certaine série a la con ;)
RépondreSupprimerCharly, j'espère qu'avec toutes ces aventures, tu n'oublies pas la promesse que tu ne m'as jamais faite à propos de certains DVD concernant l'intégrale Jia Zhang-ke à la con ;)
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