15 fevrier
Comme je vous l'expliquais il y a un instant, nous avions pris le train afin de nous re-po-ser. En effet, impossible d'ecrire, de rediger notre scrapbook, d'etendre ses jambes, de se balader meme, une fois dans un bus. La gare de Bangkok est deja, en soi, une petite merveille. Elle ressemble a toutes les gares europeennes : spacieuse, aeree, avec de grandes vitres opaques qui lui donnent une impression de grande serre ou les voix resonnent et rebondissent. On s'attendrait presque a voir des pigeons parisiens et a entendre le jingle SNCF tant elle ressemble a, disons, St-Lazare par exemple. L'ambiance est carrement decontractee : des etudiants sont assis par terre, des gens se promenent, d'autres passent de banc en banc pour faire des sondages. Un grand ecran diffuse les derniers matchs de boxe Thai : on y voit deux femmes se taper dessus allegrement, avec les coudes, les genoux, les poings - oui la boxe thai est un des sports de combat les plus violents du monde.
Nous attendons le depart de notre train en mangeant de grosses brochettes (ah non pas Aglae, elle est malade), bien contents d'etre la plutot qu'au milieu des touristes. Notre train est particulierement confortable : le train allant ensuite jusqu'en Malaisie, il etait impossible d'obtenir autre chose que des couchettes, et celles-ci, une fois repliees pendant la journee, sont assez larges pour deux - or il n'y a qu'une personne par siege. Nous voila donc installes comme les rois du monde, dans un train bien frais (un peu trop meme, satanee clim, les gens des pays chauds ne savent jamais regler la clim de maniere raisonnable). Le train part, et nous permet encore une fois de decouvrir les aspects les moins reluisants de Bangkok, car il traverse les banlieues les plus pourries de la ville - celles qu'on ne voit qu'en train, comme en France.
A cote de nous, un Anglais de trente ans et un Ecossais de soixante. Mike, l'Anglais, nous adresse tres vite la parole. Il semble interesse par le scrapbook que redige Aglae (collection des tickets, bouts de papiers, extraits des guides de voyage, que nous decoupons et collons pour mettre en image notre voyage). Mike est volubile, passionne, passionnant. Pendant les longues heures de notre trajet, il ne s'arretera quasiment pas de discuter ; avec nous ou avec l'Ecossais. Il n'est pas bavard en l'air : cet homme a voyage dans toute l'Asie, dans tous les sens, de toutes les manieres. C'est un esthete double d'un vrai routard. Nous en oublions presque notre scrapbook, qui est encore plus en retard que notre blog.
Ce que nous n'arrivons pas a oublier, par contre, c'est la lenteur du train. Celui-ci etait parti sous de bons auspices, mais au bout d'une heure de voyage, il renacle, freine, repart en sens inverse, puis dans le bon sens, refreine, reste arrete une heure, repart en sens inverse. Les allers-retours absurdes du bateau pour Ko Samed ne semblaient etre qu'une repetition bon enfant de ce moment - je soupconne le conducteur de l'un d'avoir essaye de conduire l'autre. Avec Mike, nous imaginons que le conducteur aime bien cette portion de rail, et qu'il fait des allers-retours pour mieux admirer le paysage ; ces blagues ne m'empechent pas de m'inquieter, car nous perdons bien une heure a faire ces allers-retours. Finalement nous partons vraiment, mais les arrets sont frequents, et assez longs.
La nuit tombe, les couchettes sont installes pour les autres voyageurs, et nous comprenons que nous allons avoir beaucoup de retard. Oui mais combien ? la possibilite d'avoir plus de deux heures de retard sur un trajet de 6h nous semble absurde. Finalement, je mets la main sur un controleur, qui m'annonce la magnifique nouvelle : nous allons arriver a Chumphon... ... au moins a minuit et demie !!!
Quelle heureuse nouvelle ! Arriver dans une petite ville minable qui n'est rien d'autre qu'un point de transfert jusqu'a Ko Tao, en plein minuit de la nuit, sans hotel reserve, et devoir prendre un bateau le lendemain matin pour l'ile, un bateau qui coutera deux fois plus cher, et qui nous fera arriver en meme temps que tous les autres voyageurs, et devoir courir pour arriver dans les hotels libres avant eux. Quel bonheur !!! aah, reiteration de la maudite malediction qui nous accompagne depuis quelques temps. Nous essayons d'appeler des hotels sur l'ile, pour les reserver. Ceux dont le numero de telephone fonctionne nous disent qu'ils ne prennent pas de reservation. Grrrr! Impossible apres ca de profiter du voyage en train.
Il se fait tard et nous ne pouvons nous endormir, de peur de rater notre station. Nous veillons stupidement pendant que les autres se couchent. Mike parle tres longtemps politique avec l'Ecossais, puis finit par se coucher, la langue tordue par l'effort. Le vieil Ecossais, qui a vraiment une tete de vieil Ecossais, longue barbe blanche incluse, discute un temps avec nous. Il a une vie passionnante, puisqu'il habite maintenant dans un petit village thai, ou il etait venu aider des gens. Le temps passe encore plus lentement maintenant que tout le monde dort. Le scrapbook avance a pas de fourmis, mais il devient de plus en plus fourni, de plus en plus cool, et nous ne regrettons pas une seconde le temps fou que nous passons a le constituer. Finalement, apres presque 10h de voyage, nous arrivons a Chumphon. Il est minuit trente, impossible donc de rejoindre le ferry de minuit, qui part d'ailleurs a plusieurs kilometres de la. Rageant.
Nous chaussons nos gros sacs, et errons dans la ville a la recherche des hotels marques dans le guide. Miracle, nous en trouvons un d'ouvert du premier coup. Miracle, les chambres sont peu cheres, spacieuses et confortables. Miracle, nous trouvons a manger dans une epicerie encore ouverte a 1h du matin (il faut dire que nous n'avions rien prevu a manger dans le train, vu qu'on etait cense arriver pour l'heure du diner). Petits miracles de rien du tout font un bien fou.
Bateau a l'aube
Quelques heures a peine de sommeil plus tard, nous nous eveillons. Il s'agit de prendre le bateau de 7h30, et avant cela de trouver un moyen de se rendre a l'embarcadere. Je sors acheter un petit dejeuner, et tombe sur une agence de voyage / cafe bourre de jeunes touristes comme nous, qui attendent un petit bus pour l'embarcadere. Le petit bus est gratuit si on prend les tickets chez eux : parfait. Je cours chercher Aglae, nous plions nos sacs en extreme urgence, et nous retrouvons sur le bateau quelques minutes plus tard. Celui-ci est plein a craquer, et nous savons que tous ces gens autour de nous chercheront aussi a leur arrivee de quoi se loger. Malheur !
Aglae et moi sommes COMPLETEMENT ensommeilles. La petite, specialement, tient difficilement debout. Nous tentons la grande cabine, pourvue de nombreux sieges confortables. Horreur, la clim y est si glacee qu'il nous faudrait trois pulls et un sac de couchage pour y survivre ! Il a beau faire nuit dehors, il y fait moins froid. De plus, alors que le bateau se met en marche et descend une petite riviere pour rejoindre la mer, je peux observer le splendide lever de soleil. Ombres chinoises des pecheurs qui mettent en marche leurs embarcations, rives du fleuve sur lesquelles les dernieres brumes du matin mettent les voiles... A couper le souffle.
Aglae, elle, s'endort sur mon epaule. Le trajet est plutot long : plus de 3 heures en pleine mer. Il est rythme par les passages incessants des rabatteurs, qui viennent voir tous les passagers, leur distribuent des cartes de l'ile, et leur prennent la tete en leur disant de reserver le plus vite possible des cours de plongee aupres d'eux. Tous les jours, ces types passent leur temps sur ces ferrys, a essayer de convaincre les gens de venir loger ou prendre des cours de plongee chez leurs employeurs.
En effet, Ko Tao est avec Phuket un des principaux centres de plongee de Thailande. C'est meme une des premieres destinations au monde pour la plongee, en tout cas le lieu ou sont passes le plus de brevet de Plongee. Pourquoi ? d'abord parce que les fonds y sont riches et colores, ensuite parce que les prix y defient absolument toute concurrence : Aglae y fera 4 plongees, dont une de "rafraichissement" tres encadree, pour environ 100 euros. En France, pour ce prix-la, vous avec 12 minutes de plongee dans une piscine, sans le materiel. Pour l'instant, Aglae reve de poissons plus qu'elle ne nage avec eux.
Le Soleil tape de plus en plus fort, et nous arrivons bientot en vue de la grande ile de Ko Tao (environ 4 fois plus grosse que Ko Samet). Ko Tao est beaucoup plus developpe que l'ile ou nous etions quelques jours auparavant : le village-port ou nous arrivons est quasiment une petite ville, avec une dizaine de rues, des boutiques, des hotels et des restaurants partout. Il faut bien ca, car le millier d'ecoles de plongee qui garnit l'ile est la plupart du temps gere par un personnel non-thai : les moniteurs viennent de tous les pays, et il est important qu'ils maitrisent un anglais comprehensible par les touristes, parce que l'anglais des Thais... bon disons qu'il est aussi bizarre que le thai des Anglais ! Il faut donc bien loger tous ces expats.
L'arrivee dans le port est deja magique. Les fonds sont d'une clarte telle que nous avons l'impression que notre bateau va se fracasser sur les gros coraux. Le Soleil devient vite carrement etouffant : il fait encore plus chaud ici que dans le reste de la Thailande, voyage vers le Sud oblige. Nous prenons un taxi-jeep a ciel ouvert jusqu'a des plages eloignees du port, de l'autre cote de l'ile. Il fait tellement chaud, et il est tellement dur de trouver un truc avec de la place, et ou les prix n'ont pas triple a cause de la haute saison, que je depose Aglae avec les bagages, pendant que je fais un tour. Je finis par denicher un petit hotel classique, au bord d'une sublime plage (ou on ne peut pas se baigner par contre : l'eau est immonde d'algues et de rochers coupants). Nous sommes un peu decus de ne pas avoir de bungalow perdu au bord d'une plage vide, comme nous en avions reve dans nos delires fantasmatiques. Mais au moins nous sommes loges, et nous chercherons quelque chose pour les jours suivants !
Derniers plans, une invitation
Il y a 7 ans
Pour les bungalows sur une plage vide, il fallait vous arrêter à Mũi Né au Việt Nam :-)
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