mercredi 18 mars 2009

Train train pas quotidien

3 - 4 mars
Nous partons de Hue le vague a l'ame : derriere nous il y a le Vietnam du Sud et du Centre, sa douceur de vivre, sa chaleur, sa bouffe a pleurer de bonheur ; devant nous il y a le Vietnam du Nord, son froid, sa brume du printemps, son ambassade de Chine et sa reputation de mauvaise humeur.

Tant pis, nous montons dans notre train : il part a 16h et doit arriver en pleine nuit a Hanoi, a 4h30. Nous decouvrons les tres jolis compartiments-couchette du train, quatre banquettes seulement, de la place et de l'espace. Il y fait deja un froid de loup, a cause de la clim, et deux viets de mauvaise humeur ne semblent pas ravis de notre arrivee. Nous nous faisons rapidement ejecter de notre compartiment par les controleurs : en effet, ils semblent vouloir nous parquer entre Blancs, et nous changent pour un compartiment habite par un couple de Hollandais.

Quand nous entrons, nous sommes immediatement contents de voir des gens souriants qui parlent anglais, mais Aglae se demande interieurement pourquoi il fait moins froid dans ce compartiment. Moi je ne remarque rien, et nous engageons la conversation avec ces Bataves. Ils sont charmants, droles, optimistes, faciles a vivre et pas stresses du tout : ils voyagent 6 mois, mais ne savent pas encore s'ils vont aller au Tibet ou au Japon apres leur entree en Chine ("on verra bien"). Gentiment, ils rechauffent notre angoisse de l'ambassade chinoise - je rappelle qu'Hanoi est le dernier endroit possible pour obtenir notre visa chinois, d'ou le stress.

Nous discutons ainsi de longues heures. J'achete un nem avec du riz a une des marchandes ambulantes, ne fait pas attention au prix qu'elle demande, puis doit retraverser le train en entier afin de me faire rembourser le montant de l'arnaque (elle m'avait facture le riz le quadruple des nems, dans un pays ou le riz est quasi-gratuit). En riant, la vendeuse me rembourse ! Sacres viets.

En revenant, nous fermons enfin la porte du compartiment. Nous remarquons vite qu'il ne fait pas tres froid. Tres rapidement, il fait meme carrement chaud, voire etouffant : maintenant que nous avons coupe l'arrivee de la clim du couloir, nous nous rendons compte que notre clim ne fonctionne pas. J'avise un genre de steward, qui fait semblant de ne pas parler anglais, et ne veut meme pas savoir ce que je lui demande, puis disparait.

Les Hollandais n'ont visiblement pas envie de se battre, et sont prets a supporter la fournaise. Pas nous. Nous tentons d'abord de tourner un bouton, avec une pince empruntee au Hollandais - il s'averera apres reflexion qu'il s'agit du volume du haut-parleur des annonces.

Je ressors pour trouver de l'aide : il fait nuit, tout le monde dort, et le steward est introuvable. Au bout d'un moment, je comprend qu'il dort dans sa cabine. Apres de longues hesitations, je decide de le reveiller, mais il a tellement fait la fete avec les gens du wagon d'a cote qu'il ronfle comme un nouveau ne. Coups a la porte, cri, bruits de metal : impossible de le reveiller.


Je reviens un peu enerve, d'autant que dans notre compartiment Aglae et les Hollandais sont rouges comme des tomates.

Je remarque une espece de roulette, le long de la bouche d'aeration de la clim. Il est impossible de la faire tourner manuellement, mais avec des ciseaux, penche au-dessus du vide entre les couchettes du haut, je reussis a la faire tourner. C'est dur car rouille, et la chaleur n'arrange rien. Les Hollandais se foutent un peu de moi, d'autant que je ne suis pas sur du sens dans lequel il faut tourner le truc pour faire rentrer plus d'air.

La situation est insupportable, je repars a la recherche d'un autre steward. Dans un wagon voisin, de jeunes Francais ronds comme des outres a vin me convient a boire avec eux, mais je suis trop fatigue. Je trouve la stewardesse de ce wagon, et la reveille. Elle qui n'a rien bu est au garde-a-vous immediatement, et n'est visiblement pas tres contente d'etre reveille. Elle me regarde avec un air un peu enerve, avec des traits qui s'aggravent encore plus quand elle realise que je ne suis pas de son wagon.

Elle me dit de reveiller le gars de mon wagon. Je lui explique que c'est impossible. Je lui montre. Elle ouvre la porte, secoue le type : impossible. De mauvaise grace, elle rentre donc dans notre compartiment. Elle comprend vite la chaleur insupportable qu'il y regne. Elle fait signe que c'est bon, nous ne savons pas si elle va revenir ou si elle va chercher quelqu'un. Nous ne la reverrons jamais, et nous finissons par nous coucher, a bout d'idees.

Toujours est-il que la temperature descend. Nous ne saurons jamais si c'est la fille qui a repare quelque chose de loin (en appuyant sur un bouton, ou quelque chose comme ca, peut-etre meme en grimpant sur le train, et en forant un trou au-dessus de notre cabine), ou si c'est moi qui ait ouvert l'aeration avec mes singeries. Persuade que je suis un heros, je m'endors le sourire aux levres.

Hanoi n'est pas Hawai
L'arrivee dans la capitale du Vietnam est brutale : il est 4h30 et j'ai beau avoir bien dormi, ce n'etait pas assez. Aglae, quant a elle, se lance dans une imitation de zombie tres reussie. Nous marmonnons un "au revoir" a nos Hollandais, jetons nos sacs sur nos dos d'un air las, et prenons la route vers la vieille-ville. Nous avons en effet repere une rue ou se tiennent plusieurs hotels a notre gout.

Hanoi est particulierement inhospitaliere, en cette fin de nuit : il fait froid et une sale bruine nous fouette le visage - quand le jour se levera, il fera bien entendu gris comme un ciel parisien ! Nous sommes enchantes d'avoir quitte le Sud du pays.

Apres une longue marche dans la ville endormie (clochards a moitie morts, ordure, boue : c'est presque l'Inde !), nous arrivons jusqu'a notre rue, qui se trouve plutot etre une petite ruelle sombre. Heureusement, la ville est tellement morte qu'elle n'est pas tres angoissante !

Bien entendu, les guesthouses que nous avions reperees sur notre guide sont fermees a cette heure. Rapidement, nous entrapercevons d'autres formes dans la nuit, munies de sacs a dos : nous ne sommes donc pas les seuls routards a attendre ainsi l'ouverture des hotels ! Nous sommes meme rapidement rejoints par une sympathique Suisse (comme quoi), germanophone de son etat, avec qui nous taperons la causette le temps que la ville se reveille.

6 heures sonnent, et les grilles des premieres pensions s'ouvrent : comme on pouvait s'y attendre, la plupart n'ont que leurs chambres pour 5 de libres, a des prix assez audacieux. Il va nous falloir attendre 11h pour que les chambres se liberent ! Soupir... Heureusement, l'une des pensions nous promet des chambres peu cheres dans quelques temps, et nous permet surtout de laisser nos gros sacs.

Couleur cafe
Nous nous dechargeons de cet insupportable poids, et decidons avec la Suissette de prendre un cafe ensemble. Hanoi est en effet riche en petit Ca Fe Giat, influence francaise oblige, ou on peut prendre des bons cafes bien serres comme au Laos. Horreur, nous remarquons vite que les cafes se sont absolument tous accordes pour un double systeme de prix, et qu'une tasse au Vietnam vaut quasiment le meme prix qu'en France.... Alors oui, payer un peu plus cher que les autres parce que les autres n'ont pas le meme pouvoir d'achat, ok - se faire infliger une petite surtaxe de "Blancs" pour eviter l'inflation generalisee, ok. Mais payer plus de trois fois le prix habituel du cafe...

Commence une longue errance - nous allons de cafe en cafe, et a chaque fois c'est la meme reponse. Qui plus est, la reponse est souvent donnee avec un mepris et un visage de porte de prison- meme les clients nous racontent, hilares, qu'ils ont paye ca. Nous sommes certains qu'il s'agit de faux prix : quand on le leur demande, en vietnamien, les tenanciers prennent toujours un bon moment pour reflechir avant de dire le prix, alors qu'ils vendent des cafes toute la journee. La Suisse, qui s'est deja faite arnaquer par le taxi qui l'a amenee dans le quartier (il a fait le tour d'un lac, soit 5 km au lieu de 1, pour faire tourner le compteur), additionne la pluie et le cafe, et a deja envie de repartir de Hanoi le plus vite possible. Nous-memes, creves et enerves, ne sommes pas non plus au comble de la joie.

Comble du comble, le seul cafe raisonnable que nous trouverons sera pris a la machine d'une superette (et contre toute attente, il etait tres bon). Tout le monde nous avait prevenus, mais nous sommes surpris par les Vietnamiens du Nord : ils font la gueule en permanence, ou au mieux restent toujours serieux, ils ne marchandent pas, ca leur semble tout a fait normal de nous arnaquer (au moins dans le Sud ca les faisait rire d'essayer), enfin bref des mentalites adorables.

Comme je l'ai dit, la pluie n'arrange rien.

Les receptions de l'ambassadeur
Nous quittons notre Suisse pour nous rendre a l'Ambassade de Chine. Vous vous rappelez surement de notre malchance a Singapour, question visa chinois. Nous avons donc mis tous les atouts de notre cote, en nous pointant a Hanoi plus tot que prevu, afin de se laisser de la marge pour reagir en cas de probleme, et en arrivant a l'ambassade des l'ouverture.

Ou plutot avant l'ouverture. Il faut patienter trois bons quarts d'heure sous la fine pluie, avant de rentrer. Il y a du monde, je lie conversation avec un Japonais au visage assez burlesque, qui vient la demander des visas a la place de riches hommes d'affaire nippons. Finalement, l'ambassade ouvre, nous remplissons les formulaires en accelere, je cours faire une photocopie de visa viet qui manquait, je reviens : Aglae et moi courons jusqu'a la guerite, donnons a une dame nos papiers dument remplis et nos passeports, et...

- Why are you in Vietnam ?
- Euh... For tourism, we are visiting !
- We only deliver visas to people working in Vietnam, or to Vietnamese people. Goodbye. Next ?

QUOI ? Nous refusons de partir, et demandons des explications. La fille joue la tactique habituelle (I don't know etc), et ne nous apprend qu'une seule chose : cette nouvelle regle a ete instauree trois semaines plus tot. Je savais, par le biais des forums, que cette regle idiote, visiblement destinee a empecher les voyageurs independants de rejoindre la Chine apres le Vietnam, avait ete instauree pendant les JO, puis retiree ; nous sommes petrifies d'apprendre qu'elle a ete instauree a nouveau, et sans raison apparente.

Nous restons en place - la fille a beau faire signe a d'autres personnes, nous ne bougeons pas. Nous ralons, menacons de ne pas bouger. La fille s'en fout, ne nous repond quasiment plus. Degoutes, nous finissons par partir, nos passeports encore a la main. Nous n'avons pas d'hotel, nous ne savons pas comment nous rejoindrons la Chine, nous n'aurons pas notre visa, il pleut, les gens autour de nous sont insupportables et notre visa vietnamien expire dans 6 jours...

CATASTROPHE !

1 commentaire:

  1. et dire que dans le Beaufortain,il fait un soleil magnifique, les gens sont hilares, le beaufort est au même prix pour tout le monde (tiens ça me donne des idées,je vais leur en parler...)la neige est blanche et propre, la tartiflette fume dans la cuisinière à bois, et les lits sont faits et toujours disponibles pour les gnenfants très grands....

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