mercredi 18 mars 2009

Hue - cite imperiale et petite reine

2 - 3 mars

Tres motive par la merveilleuse journee de la veille, nous nous levons tot, avalons un delicieux cafe glace et enfourchons des velos de location. Destination : les tombeaux des empereurs vietnamiens, dissemines dans la campagne autour d'Hue. Le ciel est un peu menacant, mais nous pedalons joyeusement, aides par un petit arret viennoiseries.


Tombeaux et trombes d'eau

Nous traversons la banlieue de Hue, calme et etonamment parsemee de jolies maisons de style colonial, entourees de jardins luxuriants. La route monte, descend, remonte, redescend... Les maisons disparaissent et nous nous retrouvons dans une verdoyante campagne. Nous atteignons le premier tombeau: celui de l'empereur Tu Duc. Les cars de touristes etant plus rapides que deux cyclistes, le site, pourtant tres visite, est maintenant presque desert.

C'est un ensemble consitue de plusieurs tombeaux de pierre (de la famille de l'empereur), de temples de bois, de statues de lion, de mandarins ou de chevaux. Certaines parties ont ete bien restaurees, d'autres sont en ruines. Des dragons en mosaiques bleues (faites a partir de vaiselles en porcelaine brisee) veillent sur les lieux. Ces monuments sont sis dans un grand parc: hauts arbres d'essences multiples, grands bassins ou flottent quelques lotus et premieres fleurs printanieres. De ce lieu se degage une incroyable poesie. On ne peut y errer sans ressentir a la fois un sentiment d'harmonie et une violente nostalgie.

Les nuages gris qui nous menacaient finissent par crever : a pluie nous fait sortir de nos reveries et accelerer la fin de la visite. Nous repartons vaillament sous la pluie, mais elle ne dure pas. Nous commencons a secher quand nous atteignons un second tombeau, perdu au milieu d'une succession de champs. Le temple principal est en restauration, nous sommes donc seuls. Le reste du site est dans un etat de ruine avance, ce qui fait tout le charme du lieu. Sous la bruine, nous traversons un vieux pont, surplombant un bassin en forme de demi-lune, pour nous avancer vers le tombeau de l'empereur. C'est un monticule de terre recouvert d'arbres immenses et encercle par un mur de pierre, qui n'a qu'une grande porte qui reste toujours fermee. Ce tombeau vegetal, une foret luxuriante ceinte par la pierre, nous parait un choix vraiment merveilleux pour une derniere demeure.

Nous pedalons le long de la Riviere des Parfums quand la bruine se transforme en veritable deluge. Nous sommes rapidement trempes jusqu'aux os. Nous finissons par nous refugier dans une sorte de cabane-resto en taule le long de la route. Une dame nous cuisine un dejeuner simple mais tres bon, pendant que le reste de la famille nous devisage avec une certaine surprise, et que des voisins viennent - semble-t-il - specialement pour voir les etrangers detrempes .

Il pleut toujours, mais moins fort, et il faut bien repartir ! Le troisieme tombeau que nous visitons a ete massivement restaure ; les temples ont l'air un peu trop fraichement repeints a notre gout mais cela donne une bonne idee de ce a quoi ce lieu pouvait ressembler a l'epoque de sa construction.

Le retour vers Hue se fait sous un soleil timide, mais bienvenu apres toute cette pluie. Nous traversons la belle campagne avec grand plaisir. Nous nous arreterons brievement dans un lieu sacre tres etrange, l'autel du ciel : c'est juste une immense esplanade de pierre, carree, surmontee d'une esplanade circulaire au milieu d'une foret. Tres depouille! Brisant la serenite et la sacralite du lieu, un gardien tentera de nous faire croire que l'entree du site est payante!

Nous traversons ensuite toute la ville pour aller visiter la charmante pagode Thien Mu en haut d'une colline. Elle est tres elegante, il ne pleut plus et des moines sont en pleine ceremonie. Nos mollets fatiguent sur le retour...

Nous retournons diner chez notre restaurateur sourd-muet. Il nous accueille avec un grand sourire, mais nous manquons nous aussi de devenir sourds. En effet, un marmot de 3 ans sort soudain d'un carton qu'on croyait abandonne dans un coin, se saisit de baguettes en fer et se met a taper de toutes ses forces sur notre table... en fer. Nous tentons de l'arreter. Il se jette par terre et se met alors a hurler comme s'il souffrait le martyr. Sa maman emporte heureusement loin de nous le terrible gamin.

Le repas est toujours aussi bon, et au moment de payer l'addition, le restaurateur nous offre un decapsuleur avec un sourire dessus!

Sur les traces de la cite imperiale

Le lendemain, nous nous reveillons dans notre petite chambre humide (nous l'avions choisie en connaissance de cause mais avec la lessive qui seche, on s'attend a voir les murs suinter) et nous precipitons dehors. Il fait gris mais pas de pluie, hourra!

Nous traversons une nouvelle fois la Riviere des Parfums pour nous rendre dans la cite imperiale de la ville. Entouree de multiples remparts, elle a ete en grande partie detruite (saccage des Frncais, offensive du Tet par les Viet-Congs, bombardements americains... la totale !). Mais une tres belle porte et la salle des audiences ont ete tres bien restaurees: rouge et or, gracieuses colonnes laquees, decoration a la fois sobre et sophistiquee, bonzais fleuris... C'est tres impressionnant.


La Cite Pourpre interdite, ou vivait l'empereur, offre un curieux spectacle. De l'herbe rase parsemee de ruines de fondation, et soudain des batiments en construction aux couleurs criardes. Il a en effet ete decide de reconstruire certaines parties du palais a l'identique. Le contraste est assez derangeant, esperont que le temps patine la peinture!

Mais cachee dans un angle de la cite, nous trouvons un veritable tresor : la salle de lecture de l'Empereur, qui a miraculeusement echappe aux destructions successives. C'est un tout petit batiment un peu croulant, avec de merveilleuses sculptures aux coins de ses toits, des mosaiques bleues un peu passees et un merveilleux petit jardin. Pourvu que les Vietnamiens ne decident pas de le repeindre dans leur folie de la restauration a neuf!

Nous errons ensuite dans la citadelle a la recherche de divers temples. Certains sont restaures, mais beaucoup d'autres sont entoures d'herbes folles ; tous sont deserts. Nous nous sentons l'ame d'explorateurs et apprecions cette longue balade, meme si finalement il ne reste que peu de choses de l'immense cite imperiale.


Le boui-boui des collegiennes

Apres avoir erre a la recherche d'un petit resto, constate que celui recommande par notre guide avait une carte en vietnamien et une carte en anglais - avec des prix differents, nous atterrissons dans le boui-boui des collegiennes. C'est un petit restaurant aux couleurs pastel, garni de personnages Disney accroches partout et beaucoup de sucreries au menu. Nous dechiffrons la carte en vietnamien grace a notre guide (enfin a peu pres...). Charly mange des escargots pour un prix ridicule, je me regale aussi. La restauratrice nous dira en souriant "it's cheap!" et nous ne pourrons qu'acquiescer, reconnaissant d'avoir pu manger de la bonne cuisine toute simple sans avoir a negocier.

Heureux de si bien manger depuis le debut de notre sejour au Vietnam et d'avoir eu la chance de tomber sur des gens souriants et sympatiques (compensant largement les quelques rencontres desagreables), nous nous elancons vers la gare, ou nous attend notre trajet de 12h vers Hanoi. En route pour le Nord!

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