20-24 fevrier
Nous nous reveillons en ce samedi matin a Singapour, propres et requinques - ou presque. Aglae n'est enfin plus du tout malade, et surtout nous sommes dans un grand appartement propre, avec acces internet et tout et tout.
Detail chinois
Petite desillusion : nous nous rendons tres vite compte que, etant le week-end, nous ne pouvons demander un visa chinois a Singapour avant lundi. Or nous partons mardi apres-midi. Lorsque nous nous rendrons a l'ambassade chinoise pour demander un visa express en 1 jour, nous apprendrons que cette demarche est desormais impossible, et que nous n'avons pas le temps d'en demander un "normal". Mesaventure un peu irritante, puisque cela veut dire qu'il nous faudra le demander a Hanoi, juste avant de rentrer en Chine, et que si nous ne l'avons pas la ce sera une catastrophe. Je rassure Aglae : pourquoi aurions-nous des problemes a Hanoi ? (affaire a suivre)
Premiers jours a Singapour
Nous partons nous promener a Orchard Road, l'equivalent des Champs-Elysees du coin : meme luxe, memes voitures, meme foule. Les centres commerciaux luxueux sont les uns sur les autres.
Nous nous prenons sur le coin de la figure une sacree pluie, qui sera la caracteristique de Singapour : il y fait beau a peu pres une fois par mois, et il y pleut a peu pres toutes les deux heures. Si la temperature est elle plutot haute, cette pluie plus ou moins ininterrompue n'aide pas les habitants a garder le sourire !
Encore plus qu'a Bangkok, nous sommes dans une ville europenne, ou plutot une ville americaine : proprete des rues, grands immeubles, centres commerciaux partout, avenues a 8 voies. Ici la voiture est toute-puissante, meme si l'Etat fait payer tres cher des permis de posseder une voiture, afin d'endiguer la pollution. Il est plus facile de traverser la rue en passant par les passages sous-terrains ou aeriens des centres commerciaux, qu'en cherchant des passages cloutes, assez rares. Les voitures vont d'ailleurs a des vitesses ahurissantes, et on ne compte plus le nombre d'expats pris dans des accidents alors qu'ils essayaient de traverser la rue.
Controle - fric
J'imagine que vous brulez tous de me poser des questions sur le legendaire controle totalitaire exerce a Singapour : oui, c'est vrai qu'on ne peut pas macher de chewing-gum (et encore moins en acheter) ; oui c'est vrai qu'on risque une amende de 100 euros si on traverse a moins de 50 metres d'un passage cloute ; oui c'est vrai que si vous mangez ou si vous buvez dans le metro, vous devez payer une amende de 250 euros (Aglae m'a d'ailleurs souvent arrete a temps). Si vous crachez ou si vous urinez dans la rue, je n'ose meme pas imaginer ce qu'il se passe, je pense que vous recevez des coups de fouet en public, quelque chose comme ca.
Des que vous remplissez les formulaires de douane, de toute facon, s'installe une ambiance particulierement joyeuse. Y est ecrite la phrase suivante, en caracteres d'un rouge vif : "la possession ou le trafic de drogue est passible de la peine de mort".
Cependant, mis a part ces panneaux et ces annonces grandiloquentes, nous n'avons pas non plus ressenti quoi que ce soit de vraiment oppressant. Il parait aussi que le controle s'est un peu detendu : il est maintenant permis aux couples de se tenir par la main, peu de policiers sillonnent les rues, on voit des jeunes trainer dans la rue et ecouter de la musique, il n'y a pas de couvre-feu. L'ambiance etait nettement plus oppressante a Kathmandou, ou il n'y avait pourtant pas autant d'interdictions, mais juste un couvre-feu, des coupures d'electricite et des militaires partout.
Le seul roi de Singapour, vous l'aurez devine, c'est le dollar singapourien. Si Patrick Sebastien a son plus grand cabaret du monde, les Asiatiques ont a Singapour le plus grand centre commercial du monde - je veux dire que Singapour n'est qu'un seul grand mall. Dans cette ile, 10 millions de personne ne font qu'une chose de leur temps : faire du shopping. Comme a Las Vegas ou tout se trouve dans des casinos, ici tout se trouve dans des centres commerciaux. Vous voulez manger ? Allez dans un mall. Vous voulez voir une fontaine spectaculaire et celebre ? Allez dans un mall. Vous voulez faire du karaoke, aller au cinema ou dans un bar ? Vous avez besoin de voir un docteur, d'acheter des medicaments, de faire reparer un appareil photo ? Mais allez dans un mall ! Les seuls sites qui n'etaient pas dans des malls etaient Little India, Chinatown et le Merlion. Et si vous etes fatigues des malls, il y a des marches partout, ce qui revient au meme, la climatisation en moins.
En parlant de climatisation, les Singapouriens ne sont pas plus doues que le reste du monde pour la regler. Adeline nous explique rapidement qu'il faut toujours se deplacer avec un parapluie et un pull-over dans son sac, afin de contrer les agressions de la pluie et de la clim. En effet, les Singapouriens semblent associer avec plaisir les mots "interieur" et "congelateur".
Ces congelateurs, les Singapouriens les aiment a la folie : on trouve assez peu de gens se deplacant dans la rue, mais si vous rentrez dans un mall (il y a en a un tous les cent metres), vous trouvez une foule dense et affairee, qui rentre et sort de centaines de magasins plus ou moins chics. Les malls sont donc les veritables rues de Singapour, et nombre d'entre eux sont decores comme s'ils etaient des rues (exactement comme a Vegas, oui). Nous retrouvons avec tristesse toutes les marques francaises de vetements : mais pourquoi sommes-nous alles si loin, au fait ?
Je n'ose imaginer les gardes-robes des Singapouriens, qui doivent s'acheter des vetements tous les deux jours. Je me demande s'ils se changent plusieurs fois par jour, d'ailleurs, histoire de mettre tous leurs vetements au moins une fois par an.
Mais a Singapour, il y a aussi...
Le nombre infini de mall, qui tous se ressemblent comme deux gouttes d'eau, a beau etre la caracteristique la plus frappante, la plus fascinante et la plus triste aussi, Singapour ce n'est pas que ca. Des le premier jour, au detour d'une rue qui serpentait entre trois malls, nous sommes tombes sur une petite rue de charme, ou se trouvaient les maisons peranakan, vieilles batisses d'une ethnie chinoise installee depuis des siecles a Singapour. Un petit parfum colonial, mais d'un colonialisme chinois, se degageait de ces charmantes constructions en bois, perdues au milieu des gratte-ciel.
Autre decouverte de charme : les jardins botaniques de Singapour sont parmi les plus beaux et luxuriants du monde, climat tropical et humide oblige. Quel plaisir de se promener au milieu d'arbres d'une hauteur delirante, en plein milieu de la ville, et d'enchainer sur le Jardin des Orchidees, qui en contenait une bonne centaine de varietes differentes ! Douceur de vivre et kitsch bien singapourien - il fallait voir les plus beaux endroits du jardin botanique, affuble d'une grande pancarte "PHOTO SPOT !" nous obligeant a prendre des photos - il fallait voir les mariages qui avaient lieu la.
Fontaines a gogo
S'il y a d'ailleurs quelque chose de vraiment drole, question kitsch, c'est l'obsession des Singapouriens pour les fontaines. Celles-ci sont generalement releguees dans les centres commerciaux. Jamais je n'avais vu autant de fontaines de ma vie, et chacune se doit d'etre follement originale. Entre la fontaine des perles, ou un mecanisme transformait l'eau en grosses perles qui semblaient tomber au ralenti, et le Merlion, lion-sirene symbole de Singapour, dont la laideur est tout bonnement insurpassable, nous ne savons ou donner de la tete.
Le pire du pire, ou le mieux du mieux, est bien evidemment la Fountain of Wealth. Sise au beau milieu d'un centre commercial, il faut bien dix minutes de marche au milieu des Zara et des H&M pour atteindre la plus grande fontaine du monde. La, sous une musique rock dechainee, des centaines de Singapouriens de toutes origines (Malais, Chinois, thais, Indiens) font la queue pour aller faire le tour de la fontaine pendant 6 secondes, et faire des voeux de prosperite. Une armee d'agents de securite veille a ce que tout soit fait dans le bon ordre, avec le sourire. Le tout, en beton, est absolument disgracieux, mais tres drole. Il parait qu'a certaines heures, on peut y faire envoyer par laser des messages d'amour. Nous sommes visiblement passes a la mauvaise heure... diantre.
Non mais Singapour c'est aussi...
Singapour aura aussi marque nos retrouvailles avec les Indiens. Comme je l'expliquais deja dans mon message sur les langues, une tres large communaute d'Indiens du Sud (les tamouls) est presente sur l'ile. Une bonne partie est constituee d'immigres sans aucun droits, exploites pour les travaux les plus penibles, que les Singapouriens ne veulent plus faire (construction, nettoyage, etc); une autre est constituee d'anciens marchants plutot prosperes. Quel plaisir de retrouver ces saris colores, ces moustaches, cette langue !
Cote proprete, le mystere demeure : comment les Indiens, si sales (je vous renvoie a tous nos recits d'Inde), arrivent a s'empecher de cracher et d'uriner partout a Singapour ? Le mystere devint encore plus epais lorsque nous visitames Little India, au centre de Singapour : les rues sont propres et nettes, les restaurants reluisants, et il n'y a aucun enfant mendiant ! Nous trouverons cependant une vieille peau a piercing qui nous poursuivra en reclamant de l'argent, petit rappel des moments les plus repugnants de l'Inde. A part ca, nous devons nous reprimer de prendre les Indiens dans nos bras, mouvement instinctif qui nous fait realiser a quel point, malgre les degouts et les fatigues, l'Inde nous a marques a jamais.
Nous nous jetons dans un restaurant de cuisine d'Inde du Sud. O les dosas croustillants, les epices, la creme, les oignons ! O les sucreries a mille calories la bouchee ! Quel plaisir !
Food court toujours
Culinairement parlant, Singapour est un petit paradis dont nous aurons a peine le temps de profiter. On peut en effet y gouter de la nourriture malaise, indienne, chinoise ou occidentale. Les locaux prennent tous leurs repas dans des food courts, qu'Adeline s'empressera de nous montrer, pour notre plus grand bonheur. Il s'agit de grandes esplanades, parfois a ciel ouvert, parfois dans des malls, ou, autour d'un grand nombre de tables, sont repartis des restaurants, chacun proposant ses specialites. Cela permet a tous ceux qui mangent ensemble de choisir la nourriture qui leur plait. Les serveurs et ceux qui nettoient les tables sont payes par l'ensemble des restaurants.
Si le concept existe en France (notamment au Louvre), il n'y est jamais aussi systematique et interessant qu'a Singapour. Il fallait me voir me delectant d'un poulet laque au soja, pendant qu'Adeline et Aglae prenaient des soupes completement differentes : tres convivial, vraiment.
Attends Singapour c'est aussi...
A part la visite comique d'un musee d'art moderne tres nul, Singapour a surtout ete l'occasion pour nous de boire des verres a repetition. Apres avoir bu des verres avec des collegues de l'ecole d'Adeline dans un bar trendy, nous avons reitere l'experience seuls, en allant boire un Singapour Sling dans le mythique bar de l'hotel Raffles. C'est en effet dans ce bar, pour les incultes, que ce cocktail celebre a ete invente. (la recette de ce cocktail si doux pour ceux que ca interesse).
Boire un "Sling" au Raffles est bien entendu l'etape obligatoire pour les touristes, mais elle a son charme : serveurs tires a 8 epingles, ventilateurs de style colonial, decor furieusement colon. Surtout, les cocktails etaient de-li-cieux, et chaque client a a sa disposition un enorme pot de cacahuetes, dont il peut jeter les epluchures... par terre ! Cet endroit un peu chic, d'ailleurs surtout peuple de gros Allemands a casquettes, voit donc son sol jonche de pelures de cahouettes : quel plaisir regressif, dans une ville si obsedee par la proprete !
Dernier verre chic : le soir avant notre depart, Adeline nous emmenera, surprise pour Aglae (anniversaire oblige), en haut d'une des plus grandes tours de Singapour : un bar "panoramique" permet en effet d'admirer la silhouette nocturne de la ville, en sirottant de delicieux cocktails. Magique, car au 70e etage, nous sommes encore assez bas pour vraiment apercevoir les contours de la ville. Nous sommes en plein milieu du CBD, le centre des affaires, et la vue est epoustouflante. Nous restons de longues minutes, avant que l'arrivee d'un contingent de jeunes expats BCBG nous pousse a prendre la poudre d'escampette.
(merci encore Adeline pour ce super plan, et ce souvenir magique !)
Adeline nous promenera d'ailleurs pas mal dans les rues de Chinatown, dans des temples hindous ou bouddhiques - nous irons meme la voir dans son ecole, situee dans un immeuble de 30 etages, au-dessus de la Bibliotheque Nationale de Singapour. Bref, Singapour fut charmant, et nous requinqua pour nous attaquer a un gros morceau : le Vietnam !
Quant aux adieux avec Adeline, ils furent dechirants, mais neanmoins marques par l'absence de nouveaux passeports perdus : ouf !
(pour un rappel des equipements du terminal "low-cost" de l'aeroport de Singapour, je vous renvoie au message suivant)
Derniers plans, une invitation
Il y a 7 ans
Bande d'ivrognes! c'est pour ça que le blog a pris un mois de retard? aujourd'hui c'est le 50° anniversaire de la révolte des tibétains contre Pékin, jour que vous avez finement choisi pour faire votre entrée en Chine, via le pays ami viet;aussi soucis petits à lire à l'avenir ?????
RépondreSupprimeren tout cas là vous pourrez cracher même autour de votre assiette.
PS: vu les photos des ugly fontaines: celle de Merlion avec HSBC derrière= beau clin d'oeil à votre banque qui vous a laissé 3 mois sans carte bancaire durant votre périple!
RépondreSupprimerFranchement quand on lit votre escale a Singapour, ça ne donne pas envie d'y aller..
RépondreSupprimerPourquoi voyager si c'est pour ne regarder que les mauvais cotés des destinations?
Je pense que vous oubliez un peu vite que d'une part voyager en Asie est une chance et un luxe que bp ne peuvent pas se permettre, et d'autre part que le but des voyages c'est d'avoir les yeux émerveillés de découvertes et d'autres cultures.
Moi je ne garde QUE des souvenirs exceptionnels de mon voyage au Japon.