mardi 10 mars 2009

Hoi An, Day 1 - vestiges d'une ambiance

27 fevrier

Hoi An nous avait ete recommande par tout le monde - absolument tout le monde. Situee au centre du Vietnam, toute proche de Hue, plus connue, la ville d'Hoi An est une bourgade miraculeusement preservee des bombes qui ont ratisse toute la region pendant les deux guerres au Vietnam. Quand on y ajoute la haute reputation de la cuisine locale, on comprend que deux affames comme nous aient eu tres envie de la visiter.

De la tenue et de l'insistance

Pour aller de Danang, ou nous avait gentiment depose notre avion, jusqu'a Hoi An, il nous fallait d'abord prendre un bus. Nous rejoignons la gare routiere en taxi, un taxi dont le compteur affole nous fait emettre quelques suspicions - lorsque le chauffeur tente en plus de nous faire payer le parking de l'aeroport, nous refusons poliment. L'escroc repondra dignement : "les Francais, vous faites toujours des problemes !".

Nous savions qu'il fallait eviter a tout prix de prendre un bus local au Vietnam : tous les touristes se font avoir. Mais la, c'etait la seule solution. Nous tentons d'acheter un ticket a un comptoir, la seule solution regulee, mais c'est impossible : nous devrons payer DANS le bus, ou les controleurs ont la facheuse reputation d'inventer des prix pour nous. Armes d'une information capitale (le prix du ticket il y a deux ans : 8000 dongs, la monnaie locale, encore plus faible que le kip lao), nous allons voir la controleuse, une petite femme seche.

- Hello, how much is it ?

- (apres mure reflexion) 40 000 dongs for two!

Sauves par le dong

Une negociation absurde commence, ou tout du moins un embryon de negociation. La femme baisse vite a 30 000 dongs, mais reste inflexible. Motif : nous avons des bagages, ca prend de la place, donc on paiera plus cher. Nous insistons, tres vite la femme s'en fout. Le bus commence a partir doucement. Nous sommes demoralises : on ne laissera pas cette insupportable femme se foutre de nous ! Nous nous rapprochons a nouveau du bus, car nous n'avons vraiment pas envie d'en attendre un nouveau qui nous arnaquera tout autant. Et la c'est la revelation : en gros sur le cote du bus il y a marque : 10.000 dongs / luot, luot voulant dire "personne". Enfin nous avons notre legitimite : nous retournons vers la femme et lui annoncons notre ferme intention de payer 10.000. Elle refuse encore, montre nos sacs.

Nous connaissons depuis le Laos les habitudes des Asiatiques en matiere de bagages : si ma poule ou ma moto rentre dans le bus, c'est tant mieux. Et surtout, il n'y aura jamais de surtaxe.

Nous montons donc de force dans le bus, avec la chienne de garde qui pousse des cris. Nous rangeons nos sacs sous les sieges, ils ne prennent aucune place supplementaire. Nous payons 20.000. La femme demande plus, nous refusons, elle s'en va. Elle reviendra une bonne dizaine de fois nous redemander l'argent supplementaire, mais lorsque nous lui montrons une petite vieille qui voyage avec sa tele (veridique) et une bonne dizaine de paysans qui ont charge des sacs de riz, elle finit par se lasser. Ambiance ambiance...

Hoi An, tes degres supplementaires

Nous atteignons enfin la ville de Hoi An. En chemin vers le centre-ville, je tente ma premiere negociation en vietnamien, pour acheter une bouteille d'eau. Lorsque j'annonce le prix normal d'une bouteille d'eau au Vietnam a la vieille femme qui tient sa boutique, elle se met a miauler le prix en discontinu "muoi nghinnnnnnn, ohhhhh muoi nghiiinnnnnnnn", comme si elle venait de perdre son fils, puis finit par me la ceder. Trente metres plus loin, je fais demi-tour pour obtenir reparation : la vieille m'a refile une bouteille qui fuit, vaguement consolidee avec du scotch. Roublards roublards...

Nous avons eu beau mettre les voiles vers le Nord, a Hoi An il fait encore plus chaud qu'a Saigon. Pour ne pas changer, nous arrivons donc tout cuits a notre hotel, et entamerons apres un repos bien merite une visite express de la charmante Hoi An, nous laissant les principaux sites pour le lendemain. Vieilles maisons rouges, jaunes, le long d'une riviere, ambiance assoupie : c'est vraiment enchanteur. Un petit vieux francophone organise des visites dans sa maison : ancien prof de maths, c'est un phenomene qui parle vite et fort, court dans tous les sens, et nous procure une masse d'informations qui donne le tournis. Il concluera sa visite par une verite inebranlable: "Que ca soit sous le regime colonialiste, communiste, ou maintenant touristique, les maths, ca ne change pas!". Mais Hoi An, c'est surtout une ambiance : flaner dans les rues, visiter un marche local ou, au milieu des poissons, Aglae se trouvera quand meme un T-shirt vert d'un kitsch assume.

Quand les billets s'envolent

Alors que tout va bien depuis notre arrivee au Vietnam, bien mieux que dans tous les pays precedents (nous ne sommes pas malades, nous faisons des rencontres extraordinaires), nous tombe dessus une tuile. Assis dans un petit cafe tranquille (ah l'influence de la France, ah le bon cafe fort), Aglae et moi faisons nos comptes, car nous trouvons notre portefeuille bien vide. Au bout de tres longues reflexions ("attends, on a achete quoi deja la ? c'etait combien ?"), il faut se rendre a l'evidence : d'une maniere ou d'une autre, nous avons perdu le plus gros billet possible de la monnaie locale, ce qui represente quand meme un bon resto en France.

J'ai vraissemblablement confondu, a un moment donne ou a un autre, deux billets : il y a trop de zeros, et j'ai surement donne un billet de 500.000 au lieu d'un billet de 50.000. A ce moment-la, la personne a qui j'avais affaire n'a ecoute que sa malhonnetete, et a fait comme si de rien n'etait.

C'est une broutille mais nous sommes effondres : nous nous battons pour tout, les bus, les avions, les restos, afin de garder de quoi finir le voyage comme prevu, nous faisons attention a tout afin de pouvoir s'offrir quelques petits plaisirs (necessaires sur 6 mois), et cela ne suffit pas, puisque la malhonnetete d'un seul suffit a ruiner tous ces efforts.

Nombre d'entre vous auront d'ailleurs remarque que malgre nous, nous parlons souvent d'argent sur ce blog. C'est a notre corps defendant : voyager en independant est majoritairement une affaire de dollars. La ou un membre d'un voyage organise ne paie que ses souvenirs, puisqu'il a tout regle par avance, les routards comme nous mettent la main au porte-monnaie 50 fois par jour. Les restos, l'eau, les boissons, les transports, les musees : il y a tellement d'achats a faire qu'il est tout le temps necessaire de faire le bon achat, au vrai cout - et ce alors que les couts de la vie, differents a chaque nouveau pays, nous sont souvent inconnus au moment de notre arrivee sur le territoire.

L'argent est donc pour nous, mille fois plus qu'en France, une affaire de tous les instants : il met en jeu la continuation de notre voyage, bien sur, mais aussi une fierte qu'on pourra trouver deplacee, mais qui est un principe pour nous : il s'agit de ne pas se faire avoir partout, ne serait-ce que pour ne pas avoir l'impression de depenser en une journee ce que les gens sur place gagnent en trois mois - un fosse qui cree le genre de comportements dont on a pu parler, le Blanc finissant par etre vu comme un porte-monnaie sur pattes. Le quotidien de notre voyage est donc souvent une affaire d'argent : ai-je bien sur moi ma ceinture avec mes billets ? Aglae a-t-elle sa pochette avec les passeports et quelques dollars ? Combien me reste-t-il ? nous faudra-t-il changer ? retirer ? et combien ? Nous reste-t-il des Dollars, des kips, des bahts, des dongs ?

Ca ne nous fait pas pour autant rire : nous reverions de nous preoccuper un peu moins de ces histoires, et un peu plus de ce qui se passe autour de nous. Les moments comptabilite autour du dessert ou avant de se coucher ne font pas partie des moments les plus detendus et marrants du voyage. Mais de maniere generale, notre rigueur nous a ete extremement profitable, en temoignent les petits plaisirs que nous avons pu nous offrir a Noel en Inde, ou a Singapour !

Bouibouis de luxe

La deprime est un peu violente, mais elle est vite passee, car elle etait surtout symbolique : c'est la malhonnetete de notre escroc qui nous gene plus que la somme perdue. La deprime ne s'en va pas toutefois a la vitesse de la lumiere : en effet, alors que nous cherchons un restaurant de notre guide, nous nous perdons, puis finissons par echouer dans des bouibouis. Et la, surprise ! Ces restaurants pour Vietnamiens, peuples de Vietnamiens, sont tous pourvus d'une vieille carte en anglais, avec des prix... pour touristes ! Eh oui, quel bonheur de constater que dans ces petits trucs pas tres propres perdus au fond de rien du tout, les locaux les plus miserables viennent manger pour 2 fois plus cher que dans les restos touristiques du centre-ville !

Et alors que nous pensons tout de meme a commander, la patronne du restaurant nous annonce que ce sont des old prices et que les vrais sont plus hauts, mais que ca reste cheap. Elle nous assure qu'il s'agit des memes prix que pour les Viets, ce qui est evidemment louche vu que nous ne lui avons rien demande. Nous partons excedes, et finirons par manger de la bouillie de riz dans la rue, un peu saoules par tant de malhonnetete : le bouiboui etant le refuge habituel du routard, si nous en sommes chasses, que nous reste-t-il ? Manger avec les grabataires des tours organises ?

(surtout qu'on y mange generalement si bien, dans ces petits trucs sales.... c'est mon truc favori !)

2 commentaires:

  1. Hoi An c'est Hanoï en verlan. Ils recyclent même leur noms de villes les pauvres.

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  2. Grands proverbes de l’Inde.

    Méfiez-vous du Gandhi raton.
    Rien n’est plus grave qu’un flagrant Dehli.
    Quand la caravane passe, Bombay le torse.
    Le sikhisme sur piste est moins dangereux que le sikhisme sur route.
    Mieux vaut un nez pâle qu’un Nehru.
    Benares ton char !
    Jaïpur, y’a du contre.
    Indira Gandhi, l’autre pas.
    Si Ceylan, c’est Poincaré.
    Quand le Lapon dit Chéri, l’Hun dira Gandhi.
    Madras vaut bien Tagore.
    Indien vaut mieux que Katmandou.
    Quand le Rajahstan, les Brahmanes tombent !
    Un alignement de cornacs vaut mieux qu’une révolte de spahis.
    On n’emporte pas son spahi à la semelle de ses babouches.
    Mon curry, c’est le plat spahi qui est le mien.
    Quand le sari varie, l’Hindoustan.
    Ca sent le curry, dit le cheval indien.
    Cochon d’Inde qui s’en Dehli.
    Kama Soutra ce que Kama Soutra !
    Un Hare Krishna vaut bien un arrêt-buffet.
    Quand Siva sévit, Vishnou la paie.

    oeuvre, certes à contre-courant du voyage, puisqu'il s'agit de sa rubrique "cochon d'Inde qui s'en delhi", de l'éminent phiphi Garnier, notre maître à tous, qui par modestie (ou inaptitude au logicielcommentaire du blog), le faisait uniquement circuler sous le sari aux intéressés et à leur
    momycharly

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