mercredi 18 mars 2009

Le train des nuages - La journee de la chance

1er mars

Il est temps de quitter la charmante Hoi An pour continuer notre route vers le Nord. Sur le chemin se trouve le fameux col des nuages, "un paysage fabuleux" certifie par Bon-Pap'. Nous realisons a temps que les bus touristiques, moyen le plus simple et le moins cher de rejoindre Hue, la capitale imperiale, passent tous traitreusement par un tunnel pour gagner du temps et font ainsi manquer a leurs passagers cette merveille. Deja peu emballes a l'idee de se retrouver au milieu de touristes, dans un bus s'arretant devant les restaurants et guesthouses versant des commissions, nous decidons de prendre le train. Apparemment, le trajet Danang-Hue est le plus beau du Vietnam.

La chance pointe son nez...
Oui mais pour ca, il faut d'abord aller a la gare de Danang, et donc reprendre le bus local tendance escroc. Nous savons a quoi nous attendre et montons donc directement dans le bus, sans demander le prix des billets. Ce prix, obligatoirement peint sur le bus, a meme ete recouvert d'un maladroit bout de scotch jaune, mais on voit toujours: 10 000 dongs en transparance! A peine assis, un type nous saute dessus en disant "Yo, money, money!" d'un air autoritaire. Nous ne savons meme pas si c'est le vrai controleur et je lui demande donc de me montrer sa carte. Il me montre une carte ecrite en vietnamien, me voila bien avancee!

Je descends du bus et finit par trouver un guichet officiel, je me penche, c'est vide! Mais une pancarte au fond me confirme le tarif de 10 000 dongs pour Danang. Je remonte dans le bus et informe le type qui nous harcele (par mimes car il ne connait apparemment qu'un seul mot en anglais) que je paierai en meme temps que les autres passagers.

Le bus s'ebranle, son controleur continue a nous demander de l'argent. Au bout d'un moment, alors que les gens autour de nous lui paient leur trajet, Charly sort un billet de 20 000 dongs. Je lui tends, il refuse d'un air enerve en disant que c'est 40 000 dongs. Nous repondons que non, c'est 20 000 et l'ignorons. Nous faisons alors connaissance avec une charmante dame vietnamienne qui a un joli bebe de 3 mois sur les genoux. Elle parle un peu anglais, nous pose des questions et me demande si moi aussi je veux un bebe bientot !

Pendant ce temps-la, le type du bus revient a la charge : "YO MONEY". Patiemment et bien decidee a ne pas m'enerver, je lui precise sur un papier les tarifs officiels:
Moins de 7 km: 3000 dongs
Entre 7 et 25 km: 7000 dongs
Danang: 10 000 dongs

Il est un peu decontenance par ma connaissance aigue des tarifs, mais persiste. Je ressors le billet de 20 000 dongs, lui agite sous le nez en souriant et en repetant encore et encore: "Do you want it? No? Ok, I keep it!" Le tintement de mon bracelet (merci Adelinou!) accompagne gracieusement ce manege un peu lassant. Mais autour de nous, les gens du bus commencent a sourire et a se moquer du type borne. C'est alors qu'une petite voix surgit des trefonds du bus. C'est la dame au bebe qui me demande en anglais ou je vais et combien je veux payer. Je lui reponds et elle me dit gentiment que c'est le bon prix. Elle apostrophe le sale type en vietnamien et lui ordonne de cesser son harcelement. Et enfin, apres 45mn de trajet, il la ferme!

Cette intervention nous fait vraiment chaud au coeur, car d'habitude, les locaux observent le touriste se debattre sans jamais intervenir. La gentillesse de cette dame compense immediatement l'agacement ressenti face au controleur malhonnete. Nous sommes d'une humeur eclatante.

Nous avons fait le voyage avec une moto et un velo d'enfant dans le bus, puis a un arret, nous avons recupere les cartons d'un demenagement et meme du foin! Le controleur essaie de nous faire descendre des km avant la gare, mais heureusement, Charly suit notre trajet dans la ville de Danang, grace a la carte de notre guide. Nous sautons juste au bon endroit!

Train magique
Le temps d'avaler de la cuisine de rue savoureuse, et le train vert s'ebranle. Commence alors un des trajets les plus merveilleux depuis le debut de voyage. La ville de Danang disparait rapidement de l'horizon, et le train se met a longer la cote, entre la mer et les montagnes. Les vietnamiens de notre wagon semblent assez peu touches par le paysage et se mettent implacablement, un a un, a fermer les rideaux.

Je me precipite alors entre deux wagons et, sur la pointe des pieds, la tete penchee a travers une etroite fenetre, je peux savourer le spectacle qui s'offre a moi: d'un cote, la mer se brise avec fracas sur des rochers, puis vient doucement lecher de petites plages de sable immacule, desertes ; de l'autre cote, des montagnes couvertes de forets d'un vert profond s'elevent a pic et disparaissent dans les nuages. Les montagnes au sein desquelles se trouve le fameux col des nuages sont en effet celebres : elles marquent la limite entre Vietnam du Nord et Vietnam du Sud car tres souvent, du cote Sud il fait beau, et du cote Nord il pleut!

La mer scintille sous les rayons du soleil, mais les nuages y dessinent aussi de grandes ombres bleu roi. Ce contraste se retrouve dans les nuances de vert des flancs des montangnes, de plus en plus abrupts et rocheux. Les nuages blancs et gris s'ammoncelent sur les sommets. Des torrents devalent les pentes et passent sous la voie ferree; des hommes emitoufles agitent des drapeaux jaune et rouge au passage du train. Soudain, la pluie se met a balayer mon visage, me ramenant a la realite et a la douleur qui commence a emaner de mon cou.

Une eclaircie suit de peu l'averse, et j'amene Charly a la precieuse petite fenetre. Nous gardons tous les deux un souvenir emmerveille de cette premiere 1h30 de trajet. La deuxieme moitie rejoint la route, il n'y a plus de montagnes mais juste la mer, nous regagnons nos sieges.

La chance continue...

A notre arrivee a la gare de Hue, nous essayons d'appeler une guesthouse que les deux fameux Israeliens nous avaient recommandee a Hoi An. Mais nous realisons vite que tous les numeros de telephone que nous composons ne marchent pas. Nous avisons une vietnamienne a cote de nous, elle prend notre telephone, ecoute l'operatrice disant que le numero n'est pas attribue, nous demande la carte de la guesthouse et recompose le numero, avec un 3 entre l'indicatif regional et le numero. Elle nous sauve, car comment aurions-nous pu deviner?

A peine cette dame aimable a-t-elle disparue, qu'une seconde surgit: elle propose a Charly qui peine a acheter notre prochain billet de train de le faire a sa place. Pourquoi Charly est-il en difficulte? A cause de la barriere de la langue? Non, a cause de cette habitude toute vietnamienne (et chinoise) de ne pas faire la queue, mais plutot de s'agglutiner devant le guichet, de pousser tout le monde, de tendre des billets a la guichetiere par-dessus l'epaule de la personne pourtant devant, etc. La dame se jette dans la melee (alors qu'elle a deja ses propres billets), joue des coudes avec art, et revient avec les precieux billets. Charly a a peine le temps de la remercier qu'elle disparait, sans rien demander.

Nous appelons la guesthouse qui nous annonce qu'on vient nous chercher gratuitement a la gare en taxi alors que nous reservons la chambre la moins chere! L'accueil est tres chaleureux.

La chance nous submerge!

Nous partons en quete d'un diner quand nous nous rememorons un probleme persistant et douloureux: l'appareil photo ne marche pas, nous n'avons d'ailleurs aucune photo d'Hoi An. Nous tombons sur un premier magasin ou on nous dit de repasser le lendemain. Nous en tentons, a tout hasard, un second. Et la, c'est le miracle! Un jeune homme a l'air hyper-nerveux se saisit de notre appareil, parcourt le menu d'un air expert, se precipite sur son ordinateur, nous annonce qu'il y a un virus sur nos cartes memoires, se met a copier/coller/effacer dans tous les sens et nous rend notre appareil, qui marche parfaitement! Il disparait aussitot dans le fond du magasin, sans rien nous demander, d'autant qu'il ne connait pas un mot d'anglais.

Nous demandons a la patronne combien nous lui devons, elle semble etonnee, et nous demande 5 euros! Alors que nous nous trainions ce probleme depuis le Cambodge, en 20mn et pour une somme derisoire, l'appareil marche enfin! Nous bondissons litteralement de joie!

Nous ne sentons meme pas la pluie qui s'abat sur nous et traversons la Riviere des Parfums, pour s'eloigner du ghetto touristique. Nous arrivons alors dans un petit resto, ou un sourd muet nous fait signe que sa cuisine est "pouce en l'air". Trempes, nous nous precipitons a l'interieur. Un coup d'oeil sur la carte et nous nous apercevons que les prix sont deux fois moins eleves que partout. Et en plus, c'est un vrai delice! Nous roulons nous-memes de la viande finement grillee et des legumes frais dans du papier de riz, le tout agremente d'une savoureuse sauce cacahuetes. Des bananes frites recouvertes de chocolat couronnent le tout. Nous repartons l'estomac plein, les papilles enchantees, et faisons signe au restaurateur que nous reviendrons.

Nous rentrons sous la pluie, abasourdis: quelle journee!

1 commentaire:

  1. Merci pour la carte d'Aglaé, et pour tous les récits sur votre blog où je me connecte chaque jour en me disant "espérons qu'il y a quelque chose ce jour, pour découvrir la suite de votre périple et ainsi voyager un peu de mon bureau à Essert ".....
    Vous devez en avoir plein les yeux et plein la tête, mais maintenant que votre appareil photo re-fonctionne, nous aurons le bonheur de découvrir quelques vues.
    Voilà, je fais des gros bisous à Aglaé, (quelle gourmande, à lire les récits de Charly sur les mets ...) et aussi à Charly que , j'espère de tout coeur, rencontrer un de ces jours.
    les cousins vont bien, ils embrassent leur cousine ainsi que Patrick.

    Anne

    RépondreSupprimer