dimanche 8 février 2009

L'Inde, bilan rétrospectif

Je vais essayer de faire des bilans, de temps en temps, des pays que nous traversons. J'ai écrit il y a bientôt un mois ce petit texte sur l'Inde, que je n'avais toujours pas eu le temps de recopier. Désolé pour le retard.

L'Inde est un curieux pays - j'en suis curieux, et les Indiens étaient curieux de moi. Impossible, face à sa puissance et sa vitalité, de ne pas penser à une certaine Amérique, celle des années 30, ou une certaine Italie, celle des années 50, celle du néoréalisme italien au cinéma : un mélange de naïveté, de désespoir, toujours au premier degré.

La ressemblance avec les Etats-Unis, surtout, est frappante : même fédéralisme politique, même économie puissante incarnée par un géant de l'automobile (GM d'un côté, TATA de l'autre), qui laisse des deux côtés autant d'injustice sociale et de pauvreté sans fond ; même passé colonial, même diversité des ethnies et des croyances, qui dans aucun des deux pays n'exclut la ferveur ou le fondamentalisme religieux ; puissance culturelle comparable dans sa région d'influence (notamment grâce à un cinéma "modèle", qui façonne les mentalités et qui est copié partout) ; mêm gigantisme du territoire et richesse des paysages ; même rapport à l'argent, très important et quasi-religieux. Là où l'Inde se rapproche plus de l'Italie, c'est par son riche passé culturel et artistique, par la toute-puissance du langage, et par l'humeur volontiers flemmarde puis bosseuse, pleine d'hmour, et très méditerranéenne dans la gestion des conflits (beaucoup de cris pour peu d'actions).

Ce qui est dommage, comme toujours, c'est de voir que les classes moyennes et les riches semblent plus fascinés par l'idée de devenir des Occidentaux que de se constituer en puissance propre, ce dont un pays comme l'Inde a les moyens - vraiment.

Mais ce qui fait de l'Inde une nation si proche des Etats-Unis, c'est ce patriotisme, cette fierté d'être Indien, qui nous a si souvent frappé/ Cet homme dans le train pour Jhansi m'expliquait que les rabatteurs, les arnaqueurs, les mendiants, étaient des gens qui n'avaient pas compris la fierté d'être Indien. Ils ne réfléchissaient pas à l'impac à long terme de leur action sur l'image de l'Inde, ni à la Grandeur de leur pays. Est-ce possible quand on n'a plus rien pour vivre ? demanderont certains.

La question est essentielle, évidemment : les plus fiers de l'Inde étaient toujours les plus riches, et ceux qui n'avaient rien n'hésitaient jamais à perdre toute dignité dans l'espoir de quelques roupies. Toutefois, cette fierté de l'Inde, cruciale car plus importante que tous les temples, les paysages, les cuisines et les sourires - car elle les comprend et les ramasse tous - cette fierté ne pourra jamais se résumer à cette question de l'argent.

A mon sens, c'est cette fierté, et tout ce qu'elle pousse ou traîne (c'est selon l'humeur) qui fait la grandeur et l'énergie de l'Inde.

Quant à nous, avec le recul, notre mois en Inde a été absolument épuisant, mais bien entendu, une seule envie : y retourner, voir ce qu'on n'a pas vu (de quoi tenir des mois), revoir ce qu'on a déjà vu (de quoi tenir des siècles). Pour aimer l'Inde il faut du courage et de l'énergie, au sens aussi où il faut faire cet effort, car on est très largement rétribué, en rencontres, en sourires, en couleurs.

2 commentaires:

  1. texte magnifique: ahhhhh il est intelligent mon fils! Ahhhhh il est cultivé! Ahhhhh c'est un penseur personnel mon fils! Ahhhhhh quelle merveille mon fils!

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