Chère Maman d'Aglaé,
Je vous donne des nouvelles de votre fille. Elle se nourrit très bien, et culinairement, elle change à vue d'oeil.
Depuis que nous avons quitté la France, ses fromages qui la font hurler, ses fruits de mer qui la font pleurer, ses sauces et mélanges qui la font sangloter, votre fille s'est métamorphosée.
Pourtant, les Indiens, les premiers à lui présenter leurs assiettes richement garnies, avaient tout pour la dissuader d'être une aventurière de la fourchette. Sauces riches, mélangées, cuites des heures avec la viande = impossibilité de séparer la sauce de la garniture de la viande. Epices abondantes, diverses, brûlantes, souvent inconnues = du nouveau à chaque fois, et impossible de savoir VRAIMENT ce que l'on mange (sans parler des conditions d'hygiène ah ah ah).
Et pourtant, chère maman d'Aglaé, après deux jours d'inquiétude, très vite votre fille s'est jetée à l'eau, ou plutôt devrais-je dire dans la marmite de riz basmati. Attention, je ne dis pas que ça s'est fait d'un coup, ni sans à coups. Il a fallu patienter, il a fallu fermer les yeux sur les fois où elle était "trop fatiguée", "trop malade" pour tenter de nouvelles expériences culinaires. Mais dans l'ensemble, c'est dans les moments où elle était le plus acculée (boui-bouis indiens où il n'y avait pas de choix) qu'elle s'est révelée la plus vaillante. Elle a fait comme les Indiens, et a orienté les plats autour du Pain, son Amour de toujours (je me console d'être un Amour plus récent mais plus passionné). Il faut dire que les Indiens, question pain, avaient fait quelques efforts pour la ravir : chapati, naan, rotis et autres pooris ne sont que des variations inventives autour du Sacré Sacro Saint Pain si cher aux Franchouillards.
J'aurais aimé que vous puissiez voir de vos propres yeux votre fille s'emparer d'un Dosa (grande crêpe du Sud), la plonger avec entêtement dans une sauce verdâtre ou orangeâtre à la composition inconnue du commun des mortels, la retirer dégoulinante pour l'enfourner dans son délicat museau ! Oh que vous auriez été contente ! Quelle vengeance sur les longs repas que vous avez dû passer à essayer de lui faire manger autre chose que d'habitude !
Certes votre fille n'a pas mangé non plus des choses incroyables, telles que des Crevettes, mais elle a quasiment tout goûté, et pour ça, elle mérite un Vin sur Vin. Curry de poissons épicés, crêpes aux oignons au petit-déjeuner, elle m'a surpris et me surprend encore.
Mais chère maman d'Aglaé, il fallait aussi la voir réclamer, les soirs de grand vent, un bon thali, comme les gens d'ici : du riz à prendre avec les doigts, pour en faire de grandes boulettes à tremper dans la sauce.
Momos et autres contrariétés
Sitôt franchie la frontière du Népal, ladite Aglaé, vostre progéniture en personne, s'emparait de momos, beignets vapeur, baignant dans la graisse, dont la viande hachée avait souvent une provenance douteuse. Qu'importât qu'elle tombât malade, et qu'importât que j'usas du subjonctif passé n'importe comment, pourvu qu'elle puisse goûter du nouveau ! Madame, votre fille est changée.
Souvenez-vous même de ce message où elle racontait avoir goûté tout ce qui passait dans son assiette. Eh bien contre toute attente elle ne mentait pas !
(d'odieuses rumeurs insinuent même qu'elle aurait mangé de bon coeur du paneer, fromage non fermenté indien, avant que je lui fasse remarquer qu'il s'agissait de fromage, et qu'elle décide de nier qu'elle en eût jamais ingurgité un gramme)
Bref, je suis le plus heureux des partenaires de table, Madame, et l'Asie du Sud-Est n'a qu'encouragé le goût pour l'aventure de bouche : croyez-vous que les saveurs sucré-salé-amer-acide, toujours co-présentes dans la nourriture de cette région, lui aient fait peur ? Que nenni, madame, que nenni ! Après un temps d'adaptation, noix de coco, brins de ciboulette, de citronnelle, de menthe et de coriandre se sont engouffrés, souvent en même temps, dans un embouteillage de saveurs et une explosion de différences, noyées dans la sauce, frites ensemble, pleurant de joie de goûter enfin aux papilles de la célèbre Aglaé, et vous savez le plus fort, madame ?
ELLE EN REDEMANDE !
(bon, là, elle est malade de façon discontinue depuis 10 jours, donc elle se rabat sur du riz blanc-omelette et des soupes de nouilles, mais elle n'a pas dit son dernier mot)
Derniers plans, une invitation
Il y a 7 ans
Oui bon d'accord pour gouterdes nouveaux trucs mais essayez quand même de ne pas être malade tout le temps !! lol
RépondreSupprimer...j'espère que vous pourrez nous faire goûter ce que vous avez préféré!!!
RépondreSupprimerbisous
la question est de savoir si elle saura revenir à la nourriture fadasse et bien bourrative de notre France natale...
RépondreSupprimerj'en profite pour te dire merci pour la carte postale, je viens de la recevoir. y'a rien qui aurait pu me faire plus plaisir aujourd'hui.
je vous embrasse tous les deux.
vous me manquer.
Donc Aglaé est prête pour mes quiches au Beaufort,mes tartiflettes au reblochon et mes raclettes coulantes: je l'attends au chalet les plats fumants et je me réjouis.
RépondreSupprimerComme quoi tout peut arriver. Mais le grand test sera dans une Macédoine de légume bien de chez nous: Triera, triera pas...
RépondreSupprimergénial pour la macédoine jb !!
RépondreSupprimergrand souvenir :)
Avec 2 jours d'avance, Alex, Guillaume, Patrick et moi souhaitons à la "grande voyageuse gastronome" un très très heureux anniversaire.
RépondreSupprimerBonne continuation à vous 2, dans votre périple asiatique, profitez à fond de tout et à très bientôt, pour de nouvelles aventures sur votre blog, que je consulte chaque jour.
prenez bien soin de vous. Anne
Françoise et Catherine te remercient de ta carte postale qui nous a fait réver.
RépondreSupprimerExcellente année 2009 pour vous deux et joyeux anniversaire à AGLAE, que les années passent...
Envieuses d'un tel voyage,mais ravies q'un jeune couple puisse en profiter pleinement et ose s'évader du bercail.
Sincère amitié et gros bisous
Les deux doyennes de l'étude.
Oui c'est aujourd'hui qu' Aglaé ajoute un bâton à son jeune âge....Nous l'avons entendu ce matin et sa voix est claire....comme la mer dans laquelle elle a plongé récemment...Le sud thailandais est propice au farniente. Profitez-en bien. Pourtant attention aux sauces locales qui ont la force de la dynamite...Bises d'Evelyne et Ton Phil
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