mardi 24 février 2009

Frontière = Galère

6 février

Chaque passage de frontière a jusque là été compliqué, que ça soit à cause d'un accident sur la route (Inde-Népal) ou de la malhonnêteté des agences de voyage (Laos-Cambodge)... Nous savons à quoi nous attendre! Mais comme nous sommes malades, nous ne voulons pas courir à la gare de bus locaux pour gagner 2$, et nous réservons donc 2 places de bus auprès de notre guesthouse: une fois n'est pas coutume! Nous prenons un bus uniquement jusqu'à la frontière, car le Lonely Planet explique qu'il est plus rapide et moins cher de prendre ensuite un bus thaïlandais de l'autre coté.

7h30: nous commençons par attendre 3/4 d'heure devant notre guesthouse pour échouer dans un minibus faisant le tour de toutes les pensions de Siem Reap. Nous sommes ensuite déposés près d'un grand bus qui est plein à ras-bords. Les autres touristes a l'intérieur sont déjà énervés par une longue attente. Il est 9h et nous ne voulons pas arriver à Bangkok au milieu de la nuit! Les mecs de la compagnie de bus, mous au possible, finissent par arriver à bourrer les sacs dans le couloir pour nous libérer 2 sièges... les plus pourris du bus : on a les jambes sous le menton et des sacs qui nous tombent dessus! ça commence bien!

9h30: Le bus finit par s'ébranler. Là, un insupportable mec chétif, toujours accompagné d'un gros mec à l'air complètement abruti, explique à l'assemblée que d'être serrés dans un bus pourri nous fait comprendre ce que c'est que d'être un pauvre cambodgien et que l'on pourra en parler dans nos pays en rentrant! Avec Charly, nous manquons de nous étouffer (de rire, de rage?) car les bus locaux longues distances sont tous spacieux et climatisés au Cambodge, comme nous avons pu le constater lors de l'agréable trajet Phnom Penh - Siem Reap. Nous commençons à regretter amèrement d'avoir failli à notre règle:
toujours éviter agences de voyage et guesthouses pour les transports. Pour la frontière lao c'était la seule solution, mais cette fois, nous aurions pu l'éviter!

10h30: Au bout d'une heure à peine de trajet, le bus s'arrête devant un stand complice de l'arnaque. Boissons et nourritures y sont 2 fois plus chères que d'habitude et les toilettes payants! Charly est le seul touriste qui pense à traverser la route et à aller acheter une bouteille d'eau au stand d'en face, au prix normal! Au bout d'une longue pause, le bus repart...

11h30: ...mais pour mieux s'arrêter, devant un restaurant, lui aussi reversant une commission au chauffeur bien entendu. C'est soit-disant l'heure de déjeuner et de toute façon ça ne sert à rien de protester : "Stop 40mn!". Le chétif s'exclame, toujours grande gueule "Cool man ! We are not machines!". La pause sera en fait d'1h15...

14h: arrivee a la frontiere, soit 3h30 d'attente inutile et 3h de vrai trajet! Nous sommes affamés, mais décidément le Cambodge ne nous réussit pas: avant la frontiere, dans un petit resto, la serveuse nous indique les prix des nouilles puis appelle son patron car elle ne parle pas bien anglais. Celui-ci nous annonce alors que pour nous, il double les prix! Nous nous levons, excédés: puisque c'est comme ça, nous nous achetons un paquet de gâteaux et nous précipitons vers la frontière.


Après la crise de l'appareil photo et l'incident du cafard bouilli, nous sommes ravis de quitter les cambodgiens. C'est vrai que les gens lambdas dans la rue ou les marches etaient souriants et sympathiques, mais les restaurateurs, commercants, guides et chauffeurs divers sont venus a bout de notre patience, certes emoliee par la fatigue et les microbes. Cependant, grace au gentil accueil de Davy, nous sommes surs qu'en restant longtemps dans le pays sans etre un touriste, les rencontres avec les cambodgiens n'ont rien a voir. Si vous voulez un apercu de ses aventures de prof de cine a Phnom Penh, voici le lien vers blog de Davy.


L'attente a la frontiere cambodgienne puis a la frontiere thailandaise est interminable : nous sommes au pic de la saison touristique en Asie du Sud-Est. Nous discutons avec un Francais, compagon de galere dans le bus sans fin. Comme tous les autres, il a pris un billet jusqu'a Bangkok, et nous nous disons qu'il n'est pas sorti de l'auberge...

Si nous avions su...

15h30: Nous entrons ENFIN en Thailande et, affames, nous jetons sur un plat de nouilles. Elles sont bonnes et peu cheres; de plus le chauffeur de tuk-tuk nous propose immediatement le prix indique dans le Lonely Planet pour nous conduire a la gare routiere: ouf! C'est de bon augure, nous reprenons vie!

16h00: Les choses se gatent a la gare routiere car tous les bus locaus sans clim, donc les moins chers, sont partis. Nous nous rabattons donc sur un bus climatise tres confortable qui file vers Bangkok. Nous esperons arriver a une heure decente pour trouver un hotel. En effet, nous avons appris la veille au soir que Benjamin, le fils de mes voisins de Thonon qui devait nous heberger, a un empechement pour le soir de notre arrivee.
Dans le bus est diffuse un spectacle thai absurde et grandiloquent avec des chanteurs kitschs, des travestis, des danseuses traditionnelles, du french cancan, du flamenco, des enfants, des personnages volants au bout de cables, de la pluie sur scene, des parodies de boys band etc. Le tout en un seul show, asperge de paillettes et de couleurs flashies. Autour de nous, les passagers sont litteralement ecroules de rire, notre voisine de derriere semble au bord de la suffocation. Ils sont fous ces Thais!

Mais a mesure que nous nous approchons de notre but, les voitures s'amoncellent et nous voila bloques dans des embouteillages monstres. Le bus fait des demi-tours absurdes et repasse 10 fois au meme endroit avant d'atteindre la gare routiere. Charly est ronge par le stress a l'idee d'arriver une fois de plus de nuit dans un nouveau pays, sans hebergement, en pleine saison touristique.

22h30: La gare routiere, loin du centre-ville, est un immense chaos ou tout est ecrit en thai. Apres avoir marche 30mn avec nos sacs a travers des couloirs sans fin remplis d'echoppes diverses, nous finissons par trouver ou attendre le bus pour le centre touristique de Bangkok. C'est la que se concentrent toutes les guesthouses bon marche.

Nous attendons la un long moment, au bord de l'epuisement mais rassures par la presence de deux autres routards francais. Le bus arrive enfin et, apres un trajet parsemes de bouchons, nous finissons par sauter du bus au bon endroit. Nous penetrons alors dans Khao San, une rue remplie de musiques, de bars, de touristes, de jeunes thais branches, de marchands ambulants vendant crepes ou cafards grilles, de quelques travestis et prostituees, de danseurs de rue... Epuises, nous sommes assourdis par tant d'animation et de vacarme.

Il est minuit et demi, et apres 17h d'attente et de trajet nous denichons une petite guesthouse, un peu miteuse, mais nous n'avons pas le courage de chercher plus loin. Le lit remplit a lui tout seul notre miniscule chambre au bout d'un minuscule couloir, et les murs sont tellement fins que nous entendons comme si nous etions la musique peu subtile du bar voisin. C'est tellement cheap qu'il y a du lino seulement autour du lit, pas dessous! La patronne nous assure que la musique s'arrete a 1h. Nous partons donc nous balader en attendant et nous nous jetons avec joie sur des Pad Thai (nouilles sautees avec des cacahuetes - delicieuses) et sur des crepes banane chocolat, le tout achete dans la rue. Le ventre plein, ce grand bazar est plutot fascinant!

Seulement voila... Nous retombons sur le Francais de la frontiere. Il nous explique avec un sourire bienveillant (mais oh combien cruel pour nous!) qu'apres le trajet catastrophique qu'il a partage avec nous cote cambodgien, le trajet cote thailandais s'est passe a merveille: bus confortable et climatise, pas d'arret-arnaque, il est arrive directement a Khao San a 9h et a pu choisir son hotel! Nous sommes effondres car il faut se rendre a l'evidence: nous avons eu tout faux! Nous nous demandons alors si la poisse cambodgienne est transfrontaliere.

Nous retournons dans notre chambre et nous endormons au son de rock americain, car apparemment le bar ne faisait que vaguement baisser sa musique apres 1h!

NB de Charly : ce qu'Aglae ne raconte pas, notamment parce que je n'ai ose lui dire qu'une fois parti de la guesthouse miteuse, c'est l'episode du livre de comptes. Lorsque nous sommes arrives a la pension, il a fallu s'enregistrer, comme dans n'importe quel hotel. La gerante cherche un moment le cahier sur lequel elle consigne les arrivees et les departs, le trouve, et l'ouvre devant mes yeux. Un immense cafard en saute (je ne savais pas que les cafards pouvaient sauter), sans declencher d'emotion particuliere autre que la surprise et le rire chez cette femme. Quant au cafard, la maisonnee l'a laisse gambader toute la nuit dans le hall, a ma grande horreur...

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