jeudi 2 juillet 2009

Baikal et Cie


Lytsvyanka le 9 mai

Nous passons une partie de la journée à rôder auprès du lac, le temps d'une balade sur une petite colline qui domine le grand Baikal. Promenade que nous faisons avec Elvanne et un Canadien, rencontré sur l'aire de minibus, et qui semblait un peu perdu. Francophone, ce dernier est particulièrement marrant ; il réalise un véritable tour du monde, et ne tarit pas d'histoires sympathiques sur son périple.

les jolis restaurants de Litsvyanka

La promenade nous fait grimper le long d'une voie de télésiège abandonnée pour l'été. Nous sommes pratiquement seuls, à part un couple de Russes qui viendra nous rejoindre en poussant des cris de joie. En effet, au croisement du fleuve qui vient d'Irkoutsk et du plus profond lac du monde, la vue est impressionnante. Une brume nous masque en partie les montagnes neigeuses de l'autre côté du lac, à la surface duquel brillent des milliers de morceaux de soleil. Il y a là sur une rambarde des milliers de bouts de tissus noués ; probablement une superstition du coin, suivie par les touristes qui passent.

Nous passons de longues minutes à observer les alentours tels des enfants ahuris.

En redescendant nous remarquons une espèce de loutre qui nage près de la rive. Aglaé est persuadée que c'est l'un des rares spécimens de phoque d'eau douce qui habitent près du lac ; je préfère ne pas la contredire.

Nous prenons un déjeuner "typique" : la spécialité du lac étant l'omul séché (sorte de truite locale) il n'y a que ça à manger sur le marché local. Nous y allons à reculons étant donné l'odeur éprouvante de poisson qui flotte dans l'air, mais c'est proprement délicieux.
omul séché et bière locale

Après avoir dit au-revoir à Elvanne, au Canadien qui prendra notre place dans le chalet et à Youri (torse nu, il nous fait signe de la main à travers sa fenêtre lorsque nous partons), nous mettons les voiles sur Irkoutsk, ville que nous voulons visiter avant notre départ vers Moscou.
Les fantastiques maisons des nouveaux riches russes

Une belle ville sibérienne
Nous sommes surpris de constater que le chauffeur du bus qui nous ramène à Irkoutsk est le même que la veille, et qu'il nous regarde toujours avec le même sourire un peu en biais. L'espion russe n'est plus là, par contre. Nous achetons le ticket de bus dans l'office du tourisme qui était fermé la veille. L'office de tourisme de Litsvyanka est... minimaliste : sis dans une minuscule maison en bois isolée sur le port c'est un grand bureau avec une table et une chaise. Et c'est tout. Nous doutons de l'intérêt de ce bureau.

Nous dénichons un minuscule hôtel très confortable juste à côté de la gare routière d'Irkoutsk. C'est un grand bâtiment en bois qui fait aussi restaurant. Je ne saurai jamais si ce n'était pas aussi un hôtel de passe ou quelque chose de douteux dans le genre : intuition née de plusieurs évènements étranges, le premier étant les gros molosses qui vont prendre leur douche dans le sous-sol (mais bon tous les hommes du coin sont comme ça aussi), le second étant le fait que lorsque je me lavais les dents une femme est venue pour aller aux toilettes mitoyens : un homme était venu l'accompagner jusque là (l'accompagner aux toilettes !) et restait au seuil de la salle de bains, à me regarder d'un air neutre et pas très rassurant, comme s'il me soupçonnait à moitié de vouloir aller mater sa copine dans les toilettes.



Une petite promenade au coucher du soleil nous permettra d'avoir un bel aperçu de la ville d'Irkoutsk : alors que les façades se mettent à rougeoyer, nous passons entre les vieilles maisons en bois aux volets sculptés qui font la renommée de l'architecture sibérienne. Surtout en arrivant dans ce centre-ville parcouru de vieux trams nous voyons pour la première fois des Bulbes d'Eglise Russe Orthodoxe !

Pour certains cet enthousiasme immodéré apparaîtra un peu idiot. Mais je vous jure lorsque vous apercevez pour la première fois, au coin d'un toit, au coin d'une rue, derrière une barrière, une église aux murs blancs encadrés de briques roses, avec des formes très étudiées, très recherchées, et que sur cet espèce de gâteau de mariage vous apercevez les bulbes en or... eh bien vous vous dites que ça y est c'est fait vous êtes en Russie.

J'ai eu du mal à retenir l'enthousiasme d'Aglaé, surtout que le mien était parti batifoler pendant ce temps et nous avons mis un temps fous à les retrouver ils s'étaient cachés sous une voiture.

Incroyable : nous recroisons les 2 Hollandais déjà rencontrés deux fois. Probablement des espions russes chargés de nous surveiller.

Nous rentrons dans un joli restaurant entièrement décoré comme à la Belle Epoque (à part la serveuse mongole très timide et très souriante), et comprenons que ce n'était pas un hasard en Mongolie : les Russes comme leurs voisins vouent quasiment un culte à la décoration des restaurants et des bars. Froid oblige : lorsqu'il fait -50°C dehors, vous devez vous retrouver dans des tripots, et si les tripots sont aussi glauques qu'en Chine, c'est la pendaison assurée.

On m'avait fait très peur en me dépeignant des cantines russes horribles où l'on te forçait à ingurgiter du gruau moisi. En fait on mange très bien en Russie depuis la fin de l'époque communiste.

2 commentaires:

  1. Franchement, j'espère que, une fois que vous aurez raconté votre périple jusqu'à Moscou, vous allez continuer votre blog, fût-il fictif, par exemple une fois arrivés à Moscou, vous avez décidé de partir plein sud pour les Balkans, le Moyen-Orient puis l'Afrique, parce que vraiment ce blog me fait beaucoup rire. Continuez !

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  2. sublime première photo... et bien d'accord Etienne !!!

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