31 mars - 1er avril
La journee commence par un ptit-dej pantagruelique servi par une mamie tout sourire. Elle nous donne l'impression d'etre une vraie grand-mere poule lorsqu'elle nous met en garde contre le froid et la nuit qui tombe vite.
Beaute froide
Nous sautons dans un bus qui, au bout d'une route aux lacets impressionnants, nous depose pres d'un grand lac entoure de montagnes enneigees. Nous allons voir une impressionnante cascade puis nous baladons sur les rives du lac. Il reste encore un peu de neige, tous les restaurants et hotels sont fermes, nous sommes seuls. Une multitude de pedalos en forme de cygnes git sur la berge, en attente des Tokyoites avides d'air frais qui viendront en masse cet ete. Cette atmosphere hors-saison donne au lieu un air nostalgique.
Le froid n'est pas trop vif et la balade tres agreable. Nous passons par un petit temple en bois tout aussi solitaire. Cette longue marche me rappelle un peu "mon" lac par une belle journne d'hiver...
Nous finissons par atteindre une riviere qui se jette dans le lac. En la remontant, nous tombons sur une suite de cascades chantonnantes. Nous sommes affames et decouvrons a ravissement un petit resto cosy donnant sur une des cascades. Un peu rechauffes, nous repartons en sens inverse. Les montagnes au formes etranges se refletent dans le lac, des rayons de soleil percent les nuages et viennent gentiment rechauffer nos nez tous froids.
Nous finissons par revenir a la realite et jetons un oeil aux horaires de bus : nous faisons la fin de la balade en courant. Peine perdue, nous loupons notre bus. Et le prochain est dans 50 minutes !
Au bord de la congelation, nous nous refugions dans le seul resto ouvert et voulons commander un cafe. Le Monsieur ne parle pas un mot d'anglais ; Charly lui montre les signes japonais marques sur le panneau d'une grande marque de cafe... et il nous apporte 5mn plus tard des gyozas. Ce sont de petits raviolis a la viande, tres parfumes, delicieux, mais par pour le gouter! Nous finissons par reussir a lui faire comprendre notre meprise et avalons enfin le precieux liquide rechauffant.
Chaud-froid
Le bus suivant finit par arriver. Avant de retourner a Nikko, nous sautons en route. Apres un peu de marche sur une route deserte, nous atteignons notre second but de la journee: un grand onsen. Nous vous avions deja explique que les grands bains communs d'eau chaude etaient la regle dans l'hotelerie japonaise. Il existe donc bien sur de grands bains publics a l'eau thermale un peu partout au Japon, surtout dans les montagnes. Pays volcanique oblige.
Charly part du cote hommes, moi du cote femmes. Nudite oui, mixite non ! Il y a beaucoup de monde et je suis la seule non-japonaise, ce qui est un peu intimidant. Pourtant les gens ne se regardent pas, pour eux c'est tout naturel. L'eau brulante fait un bien fou apres cette longue marche dans le froid. J'en ai la tete qui tourne. Il y a meme un bain tout fumant dehors, a l'air libre. On peut donc s'allonger sur de gros cailloux au bord du bain, en mode sirene, et rester ainsi a l'air libre pendant 15mn sans avoir froid, tant le corps a emmagasine de chaleur. Les corps nus fument, cela fait une etrange impression.
Un peu etourdie, je sors et retrouve Charly. Il a recroise l'Espagnol de notre auberge de jeunesse dans le onsen : c'est quand meme un peu genant de discuter a poil avec quelqu'un qu'on connait a peine ! Malgre cet aspect un peu intimidant, nous pensons tous deux que cette tradition des onsens est vraiment agreable et relaxante.
La route du retour est encore plus tortueuse que celle de l'aller. La montagne est tellement pentue a certains endroits qu'il n'y a pas une route, mais deux routes, l'une pour les vehicules qui montent, l'autre pour ceux qui descendent. Nous manquons de nous sentir mal tellement ca tourne. Heureusement, de savoureuses brochettes viennent vite remplir nos estomacs creux! Rien a voir avec les brochettes des restos japonais de Paris...
Merveilles dans la foret
Le lendemain le ciel est gris. La petite mamie de l'auberge de jeunesse nous previent qu'il va pleuvoir.
Charly avait adore les temples de Nikko a son precedent passage, il m'en avait beaucoup parle et j'avais peur d'etre decue. Point du tout, c'est l'emerveillement!
Un ensemble de grands temples tout en bois est niche au milieu d'une foret de hauts cedres, tres majestueuse. Une lumiere un peu poussiereuse filtre a travers les arbres et donne au lieu un cote solennel et mysterieux. Les temples, portes, tours du tambour et de la cloche sont d'une grande finesse. Aux plafonds, des dragons tiennent des perles dans leur gueule, des gardiens terrifiants protegent les portes des temples, des bouddhas aux demi-sourires emergent de l'ombre des sanctuaires...
Apres une delicieuse matinee de temple en temple, nous retournons dans le resto a brochettes de la veille. Les murs sont couverts de photos et de petits mots laisses par des voyageurs des 4 coins du monde. Nous realisons soudain que quelqu'un de familier nous regarde nous empiffrer avec delice: c'est la photo de Cecile, une de nos amies de Paris, qui etudie cette annee au Japon !
Bonnets rouges sous la pluie
Malgre une fine bruine, nous allons nous promener le long d'une jolie riviere sacree pour les gens du coin. Le long de la rive on ete posees des centaines de statues de Bouddha en pierre. Certaines sont en parfait etat, d'autre sont usees par le temps, voire completement en ruine. Toutes sont habillees de petits bonnets et de bavoirs rouge vif, couleur tellement eclatante par rapport a la vetuste des statues. Ce sont les gens qui ont perdu un enfant qui viennent habiller ses statues. Nous sommes seuls sur ce chemin pluvieux et la beaute du lieu se melange a un etrange sentiment de tristesse.
Nous finissons par arriver pres d'une centrale electrique et d'une ecluse. Tout semble rouille et abandonne, on se croirait dans le jeu Myst. La pluie devient de plus en plus forte (mamie nous avait prevenu!), nous faisons demi-tour et rentrons, rinces.
Nous sautons dans le train direction Tokyo: adieu le calme d'une nature sacralisee, retour dans le bouillonnement de la megalopole.
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